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ALGER (26)

mardi 26 juillet 2011, , article écrit par Ammar Koroghli et publié par La rédaction


L’espoir est toujours là. Aube sans cesse renouvelée. La casbah, témoin privilégié d’événements hors pair. De Baba Arroudj à la bataille d’Alger. Et pourtant demeurée à l’état d’une misère galopante foudroyant ses habitants. Ce jour là, ils étaient nombreux. La rue, leur royaume. Le vote des pieds. Voix d’acier. Verbe trempé dans le phénol. Descendus de leur F² à dix personnes comme naguère les Chaouias des montagnes de l’Aurès. Leurs parents montèrent à l’assaut d’une capitale en proie à l’euphorie de la liberté. Fièvre miraculeuse qui guérit tous les maux. Mots vains, noyés dans le vin. Abou Nouas reconduit par les siècles au seuil de l’ivresse. De Sidi Brahim, des rasades interminables. Les verres s’entrechoquaient au coin de l’amertume nommée désillusion.

Cette aube-là vire au rouge sang. Rue de la Lyre, musique des rafales. Rue de la liberté, le bâillon de la répression s’abat sur la ville. Assiduité de l’oppression. La matraque ne fait pas école buissonnière. Elle est toujours et plus que jamais au rendez-vous. Caves de villas aménagées à l’effet de torturer. Novembre marqua la naissance de l’ire de l’occupant. Novembre sans cesse renouvelé… Mais que pèsent mes mots devant les tragédies de pans entiers de la société vouée à l’illettrisme ? Que faire contre le temps qui passe ? Impuissance indescriptible. Destruction explicite de l’instant. Abou Nouas sans cesse renouvelé. Exil reconduit. Analphabétisme incessant. Mutisme éloquent de vérités, procédant par touches d’un vécu voué aux gémonies ? Larmes qui coulent de l’inconscient apprivoisé…

De nos princes, je garde l’idée de caste. De camarilla. D’autocrates. Dans leur esprit, les mariages ne sont qu’un moyen pour consolider une ascension sociale et la politique un accélérateur décisif en vue d’accéder à un haut revenu, le réseau étant un facteur essentiel à ne pas négliger. Leur devise : être au bon endroit et au bon moment, prêts à servir le maître de circonstance…
Mappemonde amie, dis-moi toi qui sais tout de la géographie, comment bâtir ma patrie sans cesse défigurée ? Plume amie, dis-moi toi qui as soif d’Histoire, du colonialisme au colonelialisme, n’y aurait-il pas un autre chemin vers la liberté et la paix ? La liberté d’expression sans doute. Même pavée des rappels de mémoire les plus cruels.

Me revint en filigrane un autre épisode douloureux… Un dur apprentissage du métier de la démocratie, qui plus est loin de la terre natale… A Paris.

(Fin de la 2è partie)


Ammar Koroghli

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