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Il faut savoir...

jeudi 16 avril 2009, , article écrit par El Yazid Dib, Le Quotidien et publié par La rédaction


’est un arrêt simple dans la chronologie d’un calendrier. L’on va le fêter comme à l’accoutumée. Il y aura certainement quelques banderoles, quelques slogans, quelques soirées et voilà.

Le 16 avril fut consacré, en l’honneur du cheikh Abdelhamid Ben Badis ; journée nationale de la science ou de la connaissance (youm el ilm). Les commémorations qui lui sont dévolues ne dépassent pas les estrades des maisons de la culture ou les seuils des pupitres d’où jaillit la poésie, la prose ou la notice biographique du président des oulémas. Est-ce là seule manière de souvenance digne d’honorer la science et ses précurseurs ?

1937 aurait connu une position ferme de la part du Cheikh, vis à vis du partage de la Palestine. Cette position fut transmise au ministre des Affaires Etrangères de la France coloniale. La même attitude fut affichée à l’égard du congrès des parlementaires arabes réunis au Caire en 1938.

Il identifiait le colonialisme et le sionisme comme étant « le couple maudit ». Ainsi le combat provient de la science et celle-ci l’entretient.

Conjointement à ces actions d’ordre fondamentalement politique, quoique s’éclipsant au profit d’une devanture religieuse, le précepteur que fut Benbadis mena d’autres activités socio-éducatives. Avec son discernement avéré jumelé d’un notable réalisme, il ira avec toute une assurance spirituelle à s’investir davantage dans des espaces socioculturels. Il aura de ce fait à inciter, aménager et couvrir l’éclosion de nombreuses entités culturelles tous segments confondus. L’on rapporte aussi qu’il a été l’un des premiers leaders à avoir su comprendre l’apport considérable qu’on pouvait tirer du mouvement scout pour encadrer et structurer l’organisation de masse des jeunes. Par ailleurs, des centres culturels voient peu à peu le jour, toujours sous son instigation et son égide dont le plus célèbre, le Cercle du Progrès, à Alger était animé par Tayeb Al-Oqbi, un fidèle compagnon du Maître. Par ailleurs dans son souci d’alphabétisation et de promotion de la langue arabe, 143 écoles furent érigées à travers le pays dont « Dar el Hadith » à Tlemcen et « el Feth » à sétif.

La narration de l’évolution historique des nations a été de tout temps empreinte de hauts faits et de mémorables moments. L’histoire de l’Algérie combattante demeure dans toute sa dimension, une leçon de bravoure, une démonstration de l’effort et un accord dans les énergies patriotiques variées. Les différents acteurs de l’héroïsme national, trouvaient justement toutes les sources d’inspiration chacun en ce qui le concerne dans cette symbiose ralliant spiritualité, combativité, détermination et amour attachant hautement patriotique. La science devait être pour nous source de pardon quand la divergence de la vie rend impossible la vie. La perception des préceptes religieux n’est pas une exclusivité propre à une caste ou un parking de savoir théologique réservé uniquement aux détenteurs d’une quelconque autorisation de stationner. La diffusion de la science est d’abord un devoir d’Etat, il est général, la religion étant un devoir divin, elle est intime et personnelle. Le droit quant à l’acquisition de l’outil scientifique et instructif s’allie étroitement à la qualité citoyenne. On doit savoir et grâce à la science bien entendu, si c’est la science qui conditionne la conscience nationale ou si celle-ci établit et dresse des normes pour savoir à quelle science doit-on nous s’y abreuver ? En tous cas, cette journée devrait être un arrêt de bilan qui n’aurait pour résultat que de créditer davantage la lutte, sans merci, contre l’analphabétisme élémentaire, les pratiques obscurantistes et les déviations sociales. En plus de ces fléaux, d’autres maux plus complexes, viennent imprudents et parfois grossiers, tels que la menace de l’union, le chantage à la démocratie et l’altération des m_urs, agrandir la blessure du corps national. Notre combat ira à l’endroit des rédactions médiatiques, en vue d’y apporter un rôle socio-éducatif national en s’inscrivant dans ce sens, en dehors de tout penchant politicien de quel bord que ce soit. Notre combat ira tout aussi vers les minbars des mosquées où seule la parole de la vérité absolue devra prévaloir à toute autre considération de soutien à un régime ou à un autre. La science est justement dans la sentence de ces « ahl el ilm ». C’est à eux, entre autres acteurs, qu’incombe la mission de réussir là où la loi humaine, incapable, enregistre l’échec de la résurgence sociale. Mais l’imam n’est pas un appendice d’un gouvernement encore loin d’un parti. Ces « vendredi 13 heure », n’ont pas à être des podiums en vue de débattre du manque de ciment ou du fer à béton pour l’édifice projeté en mosquée, ni servir pour l’éloge de Pierre ou de Paul, mais de Mohamed (qsssl), de son legs, du monde d’ici-bas et autres utilités bi-univers (alamein) Il devrait savamment ne point se limiter à l’explication du statut personnel ou à la vulgarisation des causes d’annulation des ablutions. Authentique, juste et véridique ; il sera comme un chandelier dont la lumière n’évitera aucun coin ni recoin de l’espace à illuminer. Du présent ou de l’au-delà.

L’union de la nation, sous peine d’explosion, doit savoir comment négliger le goût volcanique, impropre et impur qui remue l’esprit des prétendants au « trône » de la république d’une façon religieuse et encore belliqueuse. La scission d’abord dans la culture, ensuite dans la pensée et dans le projet de société, est à éviter, par l’acceptation de la différence dans la vision, et la divergence dans l’idée. La concertation qui est une convention morale entre la science et le bon sens de l’homme, demeure l’unique moyen de conserver encore la cohésion du pays.

Et pourquoi de ne pas dire qu’à l’occasion de cette halte culturelle mais d’essence politique, il serait judicieux de faire des liens étroits avec d’autres chapitres de la même rubrique pour lier le tout. De la résistance palestinienne à Ghaza, à la manifestation de « El Qods capitale de la culture arabe ». Le mérite serait cet éveil de la conscience de la nation arabe et musulmane. Rater une journée où le savoir est célébré, sans une utilité générale et bénéfique, ne serait en fait qu’un réconfort intime dont jouiraient exclusivement les éventuels initiateurs. Le savoir est un comportement de tous les jours, une tolérance et une raison pour toujours. L’instruction conforte ses assises. Ce 16 avril, jour de sciences éveillera t-il la conscience ?


El Yazid Dib, Le Quotidien

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