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Randonnée à Oued El Bared : Partie 1, à la découverte des cascades d’Ouled Ayad

vendredi 28 avril 2017, par Hamoud ZITOUNI


Le printemps est là. En ce mois d’avril 2017 marqué par une faible pluviosité, la belle saison est presque furtive sur les hauts plateaux sétifiens et il faut aller chercher « tafsut » dans la zone nord de la wilaya de Sétif où la verdure des forêts et des champs de blé, les couleurs chatoyantes et les senteurs délicates des prairies ou des plantations fruitières incitent à la promenade champêtre.

Fouzy, un ami d’Oued El Bared m’a invité la semaine passée à redécouvrir sa commune que je n’ai pas eu l’occasion de revoir depuis 1984, année de sa création. Le prétexte en est la rencontre envisagée entre un groupe de jeunes éleveurs de chèvres avec une équipe en charge d’un projet de développement rural.

Pour aller à Oued El Bared, commune montagneuse distante à près de 70 km au nord de Sétif, il faut emprunter la RN9 qui mène à Bejaia. A l’entrée du village de Tizi N’Bechar, il faut tourner à droite et prendre le CW 137 A. Rouler à vitesse modérée est fortement conseillé à cause des nombreux virages, de l’état de la chaussée parfois déformée mais aussi pour mieux profiter des vues époustouflantes des paysages montagneux dominés par le majestueux massif de Babor.

Pour le citadin de Sétif, Oued El Bared évoque cette eau de très bonne qualité minérale, toujours fraîche, qui coulait jadis des robinets de la ville et apportait même son appoint à la source romaine du jardin public qui alimente Ain El Fouara. A présent, ce n’est plus le cas, nos robinets laissent couler une eau fade, voire fétide provenant du barrage d’Ain Zada, réceptacle de l’oued pollué du Bousselam. A cause des besoins de plus en plus croissants en eau potable, le précieux et savoureux liquide d’Oued el Bared est devenu presque une légende du passé révolu.

Certains nostalgiques, l’effet ravageur du ramadhan sur le ventre et le cerveau aidant, vont la chercher par bidons à sa source.
En fait, Oued el Bared, avec ses quelques centaines de m3/seconde reste à ce jour un immense et précieux château d’eau pour tous les villages qui se situent dans le couloir de Tizi N’Bechar et Sétif.

La source de pompage se trouve au nord-est d’Iferhounène, chef lieu de commune, plus exactement au lieu dit Ouled Ayad accessible par le CW 137A puis par un chemin vicinal. Au détour d’un virage, on découvre, tel une oasis, le site magnifique encastré entre deux flancs rocheux abrupts d’où coulent de grandes cascades à gros débit. Au réceptacle des cascades, la coulée d’eau est limpide, transparente, tumultueuse, voire furieuse et intrépide, une force impressionnante de la nature. L’eau s’engouffre dans les méandres de la roche. Elle perdra peu à peu sa force plus loin. En ce mois d’avril l’endroit est encore désert. Seuls quelques jeunes s’affairent à retaper leurs cahutes faites de bric et de broc pour y faire dans les prochains jours commerce de brochettes, de sandwichs et de boissons sucrées.

La municipalité certainement consciente de l’intérêt touristique du site et de l’importance stratégique qu’il représente comme ressource en eau potable, lui a consacré quelques légers aménagements : un petit parking, des allées bétonnées avec rampes garde-fou et une ancienne passerelle menaçant ruine, à peine rafistolée. Il est vrai que la commune n’est pas riche mais le budget de wilaya pourrait y suppléer par quelques 20 à 30 millions de DA pour améliorer substantiellement la situation. A près de 100 millions de DA on pourra même s’offrir la réfection de la chaussée du chemin qui y mène et y installer les équipements nécessaires (toilettes, lampadaires..)

Malgré la présence de petits conteneurs à déchets, les horribles bouteilles et sachets plastiques jonchent les allées, enlaidissent les flaques d’eau et les houppes de buissons. Ce mal des temps modernes agresse cet espace quasi sauvage, un des derniers retranchements de dame nature. Les visiteurs à la recherche de la beauté de la nature, de la fraîcheur et de la détente qu’offre ce bel endroit semblent peu soucieux du maintien de sa propreté. Regrettable réflexe d’incivilité qui se rencontre aussi un peu partout dans notre pays : sur les plages, sur les aires de repos et les parcs de loisirs, au bord des routes, etc… Paradoxalement, le citoyen lambda, celui-là même qui sème sans soucis ni honte ses déchets se plaint souvent de la saleté commise par les « autres » et est en admiration des pays où la nature est mieux préservée.

L’autre risque majeur qu’encourt le site enchanteur des Ouled Ayad est la profusion anarchique des baraques du petit commerce évoqué plus haut. Certaines sont encours de construction en dur. A cours terme, le site risque de se bidonvilliser perdre irréparablement son attrait et se transformer probablement en quartier mal famé. L’autorité communale en devoir de protéger les lieux et promouvoir son tourisme, pourrait aider les jeunes vendeurs de brochettes et de rafraîchissements à s’organiser en coopérative ou au moins en association en leur enjoignant par le biais d’un cahier de charges, l’obligation de respecter et aussi faire respecter par les visiteurs les règles élémentaires d’aménagement, de d’hygiène , de sécurité, de quiétude, voire même celle de la pudeur comme le laissent suggérer les quelques inscriptions à même la falaise invitant les visiteurs à ne pas se balader en torse nu.

Cette entité une fois acceptée et mise en fonctionnement pourrait envisager d’autres activités lucratives tel que les circuits de randonnée pédestre et de marathon, de séjour touristique chez l’habitant, séjour pédagogique pour les étudiants en sciences de la nature, etc…

Hamoud ZITOUNI

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