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Le sixième vendredi de la contestation populaire à Sétif : #يتنحّاو_ڤاع

samedi 30 mars 2019, par Hamoud ZITOUNI


Comme il fallait s’y attendre et au vu du silence du Conseil constitutionnel et des détenteurs du pouvoir, le peuple est sorti en force en ce sixième vendredi dans les villes et villages d’Algérie.

Le « hirak » algérien a drainé des centaines de milliers de protestataires, toujours dans un civisme et un pacifisme exemplaires. Le peuple retrouve du même coup sa dignité, sa solidarité et même sa gaité et son légendaire humour bien méditerranéen. Même le beau temps est de la partie.

A Sétif, comme pour les précédents vendredis, le « hirak » a drainé une foule compacte faite de jeunes gens, de « chibanis », de femmes et même d’enfants. Alors que des groupes défilent en boucle sur le parcours traditionnel (Avenue de l’ALN – Bd Ibn Sina – 8 mai 45 ou Cheikh Laifa), un imposant sit-in « encerclait » le siège de la wilaya, symbole local de l’Etat dont l’entrée est protégée par des « casques bleus ».

Ces hommes du maintien de l’ordre affichent, comme d’habitude, un calme olympien devant la foule criant de tous les côtés des slogans hostiles au pouvoir et exigeant le départ immédiat de ses hauts dignitaires. La solution par l’application de l’article 105 de la Constitution est vigoureusement rejetée par des slogans écrits ou criés en chœur : « Non à l’article 102 mais oui à l’article sans eux » ou encore « Oui à l’article 2019 », « يتنحّاو_ڤاع » (Vous dégagez tous), « Bouteflika rak rayah, addi maak Gaid Salah ou zid maaf Bouchouareb ou Bensalah » (Bouteflika tu pars, prends avec toi Gaid Salah et ajoutes y les deux présidents du parlement), Le peuple a décidé d’appliquer l’article. Les partis de la coalition présidentielle ne sont pas, eux aussi, épargnés. Leur sort est sans appel et leurs chefs vilipendés de manière cavalière par des « ya serrakine khlitou leblad » (Voleurs vous avez ruiné le pays) ou de noms d’oiseaux. Cela tourne parfois au défoulement collectif sans violence ni discourtoisie aucune. Soudainement, un slogan inédit est crié en chœur « Djich, chaab maak ya Zeroual » et repris un moment par la foule. Par ce slogan tiré de la mémoire collective des années 90, la foule semble désigner la voie à suivre pour suppléer aux dispositions de l’article 102 dont elle n’en veut pas. La partie de jeu d’échec ne semble pas encore gagnée par aucune des parties. Des supposés islamistes se sont introduits ce vendredi parmi les manifestants pour tenter de crier des slogans de leur mouvance remis au goût du jour « madrassa islamia ». Sans succès.

D’autres vendredis semblent pointer à l’horizon. Un écriteau le suggère clairement : « Hna samtine, Koul Djemaa hna » (Nous sommes coriaces, chaque vendredi nous serons là). A la périphérie de la foule, de nombreux petits vendeurs de drapeaux, de fanions, d’écharpes participent à leur façon à fleurir des couleurs nationales le hirak. Le printemps s’installe sur les hauts plateaux sétifiens.

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