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5 juillet 1962 à Sétif : seconde naissance d’un peuple déterminé à vaincre

dimanche 4 juillet 2021, par APS


Le souvenir de l’indépendance demeure encore vivace chez les habitants de Sétif qui ont connu la joie de la victoire sur un colonialisme sans équivalent dans l’histoire contemporaine, par l’horreur des crimes perpétrés pendant 132 ans, contre un peuple désarmé dont la détermination à recouvrer sa souveraineté a été couronnée de succès, selon les témoignages de citoyens ayant vécu cet événement.

Le bonheur de voir flotter le drapeau national après l’annonce de l’indépendance du pays, attendue avec impatience mais également avec appréhension par les algériens, était incommensurable dans les campagnes, les montagnes et les rues de Sétif, confie à l’APS le moudjahid et responsable du bureau de wilaya de l’Organisation nationale des moudjahidine, Azzouz Djenane, à quelques jours de la commémoration du 59ème anniversaire de l’indépendance (5 juillet).

"Lorsque l’hymne national retentit pour la première fois et le drapeau national flotta pour la première fois haut dans le ciel, les citoyens ont réellement compris que le colonialisme français était terminé matériellement, militairement et politiquement", se rappelle ce moudjahid, précisant que "tout était préparé et encadré par les chefs de la Révolution après des sacrifices dont l’histoire n’a pas connu de semblables".

Ce moudjahid s’est souvenu, dans ce contexte, du jour de l’indépendance quand toutes les rues furent submergées par une marée humaine, où grands et petits chantaient et scandaient "Dzair Hora" dans des "scènes indescriptibles de liesse générale qui s’étaient poursuivies jusqu’aux premières heures du lendemain et durant toute la semaine".

Le 5 juillet 1962, Azzouz Djenane était responsable d’une Kasma dans les montagnes de Barika (wilaya de Batna actuellement) et regagna la ville de Sétif la nuit.

"Le jour de l’indépendance a véritablement constitué une seconde naissance de l’Algérie qui avait tant souffert des atrocités du colonialisme français, mais bien avant aussi de diverses autres parties", a ajouté M.Djenane qui a confié avoir personnellement "ressenti renaître de nouveau en voyant les scènes de joie qui n’avaient pas de prix, tout comme l’indépendance".

De son côté, le président de la fondation du 8 mai 1945, le moudjahid Abdelhamid Selakdji, âgé pas plus de 20 ans à l’époque, se souvient également des scènes de joie collective, notamment lorsque le drapeau algérien fut hissé sur la mosquée Abu Dhar El-Ghifari dans la cité ‘’cheminot’’ au centre-ville, pour fêter l’indépendance de l’Algérie.

"J’ai assisté au moment du lever du drapeau national sur la mosquée Abu Dhar El-Ghifari, le 5 juillet 1962, et j’ai mesuré dès lors la grandeur de ce peuple qui avait soutenu la glorieuse Révolution du 1er novembre et réussi à vaincre la France avec son armée, sa puissance et ses alliés et à la chasser définitivement du pays", s’est-il remémoré.

Les festivités de l’indépendance de l’Algérie à Sétif avaient, toutefois, débuté bien avant le 5 juillet 1962, plus précisément dès l’annonce du cessez-le-feu le 19 mars 1962 (fête de la Victoire), se souvient M.Selakdji, ajoutant : "Nous étions certains que le peuple algérien allait massivement voter oui lors du référendum sur l’autodétermination le 1er juillet 1962".

Et de poursuivre : "La célébration de l’indépendance s’est déroulée d’une manière dépassant l’imagination", précisant que les gens déferlaient dans les rues des quatre coins de la ville d’Est en Ouest et du Nord au Sud, arborant le drapeau national et scandant "Allah Yarham chouhada" et "Tahya Djazair" notamment.

M. Selakdji a indiqué, en outre, qu’en dépit de la chaleur, les citoyens avaient investis les rues pour célébrer le recouvrement de la souveraineté nationale, partageant ensemble la joie et même la pitance, au moment, dit-il, où "les chefs de la Révolution préparaient l’édification de l’Etat algérien".

A cet effet, le président de la fondation du 8 mai 1945 invite les jeunes, notamment, à préserver le legs pour lequel s’est sacrifié 1,5 million de chahid et tout un peuple maltraité et violenté.

Pour sa part, le moudjahid Khaled Hefadh, président du conseil scientifique et technique du musée du moudjahid de Sétif, a évoqué comment les moudjahidine s’étaient mobilisés, dès que le colonisateur quitta Sétif et toutes les régions du pays, autour des institutions de l’Etat en vue de "relever le défi pour les relancer afin de bâtir l’Algérie post-indépendance".

Dans une déclaration à l’APS, Khaled Hefadh, âgé de 23 ans à l’époque, a rappelé que les vastes terres agricoles de Sétif furent redistribuées à ceux qui voulaient les cultiver (Khemassa), une fois libérés par les colons, tandis que les moudjahidine instruits s’étaient portés volontaires pour gérer l’administration, notamment dans les communes, et ceux qui avaient des notions d’infirmerie avaient rejoint les hôpitaux.

La rentrée scolaire avait également constitué une priorité pour eux puisqu’aucune école n’avait cessé de fonctionner grâce aux moudjahidine pour lesquels le pays passe avant tout, a ajouté M. Hefadh.

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