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Un mois du cinéma pour relancer le 7ème art à Sétif

jeudi 20 avril 2006, , article écrit par Abdelhalim Benyelles, La Tribune et publié par La rédaction


L’ouverture du « Mois du cinéma » dans la soirée de mardi dernier, constitue une première à Sétif puisqu’elle intervient dans une région où la tradition cinématographique est en rupture depuis fort longtemps avec le legs artistique du passé, et, surtout le signe d’une volonté de changer les choses. Une volonté qui s’affiche et s’exprime clairement dans le message adressé par les organisateurs de la manifestation au ministère de la Culture pour la relance du cinéma à Sétif. C’est la grande salle de la maison de la Culture qui a accueilli la manifestation avec un programme consistant, composé de pas moins de 37 films étalés sur un mois et précédés de séances-débats avec cinéastes et réalisateurs.
La première séance a vu la projection du film de Costa Gavras, le Couperet, dans une salle comble où on comptait des invités de marque, tels Costa Gavras, Sid Ali Kouiret, Fatiha Saboundji, Rabah Laaradji, Meziani Laala ainsi que d’autres figures du cinéma algérien. La manifestation qui rend hommage au cinéma algérien et à son âge d’or intervient dans une conjoncture marquée par la décadence du 7ème art même si la Bataille d’Alger, Chronique des années de braise, Patrouille à l’Est, le Vent des Aurès, Refus continuent de susciter l’attrait de la jeune génération dans le hall d’exposition de la maison de la Culture. Si pour Amar Laskri, la réhabilitation du cinéma passe par la mise en place d’une politique dictée par l’ensemble des partenaires artistiques, le représentant du ministère de la Culture présent opte, lui, pour l’implication du privé pour la relance du cinéma en Algérie et la réouverture des salles de cinéma. Quant au cinéaste français d’origine grecque, auteur de Z, l’Aveu, Etat de siège, Konstantinos Costa Gavras, il estime que « l’Algérie dispose de cinéastes de grande valeur ». « L’Algérie avait réalisé des œuvres cinématographiques de premier ordre durant les dix premières années de son indépendance », ajoutera-t-il. « C’est en Algérie que le cinéma politique français a pris naissance ». Si le film Z a pu se réaliser en 1968, c’est grâce à l’appui de l’Algérie et aux dirigeants du pays de l’époque, Mohamed Benyahia, Bouteflika, Cherif Belkacem. A partir de là des liens « d’amitié et de voisinage » se sont établis avec l’Algérie. « C’est un pays qui m’est très cher », déclare-t-il.
En mars 2006, il retourne à Sétif où il est actuellement sur le tournage de son dernier film, Mon colonel, dont il promet la première vision dès la rentrée. Fidèle au caractère « politique engagé » de ses films, Mon colonel, une fiction tirée du roman de Francis Zamponi, est l’histoire d’un tortionnaire français au temps de la révolution algérienne. Le rôle de Raoul Duplan, l’officier tortionnaire maniant la gégène et pratiquant les exécutions sommaires, est incarné par Olivier Gourmet. La dernière partie de la fiction sera tournée à Paris, où le colonel de l’armée française a été retrouvé assassiné en 1995. Costa Gavras estime que ses films « politiquement engagés », se doivent pour être crédibles, de « rétablir des vérités ». Aussi, selon lui, Mon colonel, à l’instar de tous ses films, contribue à « rétablir des vérités autres que celles que l’on continue de véhiculer » et par-delà fait « sortir l’histoire de l’Algérie et de la France d’un certain enfermement ».

A. B.


Abdelhalim Benyelles, La Tribune

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