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Le président de la République l’a souligné dans son discours à l’occasion de la commémoration du 61ème anniversaire des massacres du 8 mai 1945

L’histoire de la présence française en Algérie comporte des pages noires qu’il faut savoir assumer

lundi 8 mai 2006, , article écrit par Par Abdelkrim Tazaroute, La Tribune et publié par La rédaction


Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a souligné, dans une allocution d’une rare virulence, à l’occasion de la commémoration du 61ème anniversaire des massacres du 8 mai 1945 qu’il est évident que, depuis le 5 juillet 1962, « chacun est maître chez soi et qu’il n’est aucunement question de notre part d’exercer quelque pression que ce soit pour obtenir ce qui semble être le droit élémentaire de l’Etat-nation algérien : à savoir des excuses publiques et solennelles pour le crime de colonialisme commis contre notre peuple ». En évoquant le 8 mai 45, le chef de l’Etat a affirmé que c’est le jour anniversaire de l’une des plus lumineuses et des plus sombres de notre commune histoire nationale, avant d’ajouter que, commémorer le 8 mai, « c’est d’abord répondre à un devoir de vérité qui dépasse et doit fonder le simple devoir de mémoire ».
« L’importance du 8 mai 1945, affirme Bouteflika, réside, bien sûr, mais ne réside pas seulement dans le courage des jeunes manifestants qui brandirent à Sétif et Guelma le drapeau national et furent assassinés par des policiers français », tout en rappelant la détermination de la France coloniale dans sa politique répressive et dans la voie de l’assassinat méthodique et planifié de la jeune démocratie nationale, pluraliste, algérienne. Il rappellera aussi le devoir de mémoire, en soulignant : « Nous ne devons pas oublier les fosses communes de mai 1945, ni les fours à chaux d’Héliopolis, pas plus que les bombardements de l’aviation et de la marine, les exécutions sommaires, les viols, tous ces meurtres de masse qui plongèrent les régions de Sétif, Guelma, Kherrata dans une ambiance d’apocalypse. » Pour le président de la République, nos historiens doivent faire la lumière, avec la plus grande précision possible, sur le martyre enduré par chacune de nos villes, chacun de nos villages avant d’ajouter que « ce n’est pas sans raison que la mémoire se focalise sur une date particulière, le 8 mai 1945, et deux localités précises, Sétif et Guelma. Ce qui se passe dans ces deux villes est en effet scandaleux et révoltant, pas seulement pour la conscience nationale algérienne, mais pour la conscience universelle ». Cela étant, Bouteflika a tenu à préciser qu’il ne peut y avoir confusion entre la nation française, le peuple français, ni même l’Etat français avec « le colonialisme français qui a été sa face obscure, son excroissance mortifère de la liberté et de la dignité humaine aussi bien, quoique dans des proportions et avec une intensité différentes dans les colonies que sur le territoire français proprement dit ». Les Bugeaud, les Changarnier, les Cavaignac « ont été les bourreaux du peuple algérien, comme ils ont été les bourreaux du peuple parisien », poursuit-il. Par conséquent, affirme le président de la République, parler de la mission civilisatrice de la colonisation française pendant la période de la domination coloniale « relevait d’une mystification utile pour la reproduction du colonialisme, parler aujourd’hui de positivité du colonialisme, alors que le procès du colonialisme par les armes et par les mots a été conclu il y a près d’un demi-siècle, tient au mieux de la cécité mentale, au pire de la réactualisation sous forme de fantasme d’un délire de puissance dont les effets ne peuvent qu’être dommageables pour les peuples algérien et français ». Il serait absurde de continuer de lester les fertiles interrogations d’aujourd’hui et de demain « par les contentieux d’hier dont la France coloniale porte seule l’entière responsabilité, l’entière culpabilité », affirme-t-il. Cela étant, le président Bouteflika estime que quoi que pensent certains, « il n’existe pas aujourd’hui de crise dans les relations algéro-françaises avant de noter qu’« aucun nuage n’altère notre ciel commun ». Et d’affirmer alors qu’« il reste encore beaucoup à faire, si nous voulons répondre à nos vœux partagés d’aller encore plus loin ensemble ».

A. T


Par Abdelkrim Tazaroute, La Tribune

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