Handicapée d’un jour...

Au Centre médico-pédagogique(CMP) de la cité des 300 Logements se sont retrouvés réunis quelques associations de personnes handicapées moteurs, sensorielles..., les écoles, les centres spécialisés dans la prise en charge de ces derniers, à l’exemple du CMP du chef-lieu de wilaya, celui d’El Eulma, l’école des jeunes sourds de l’antique Sitifis, l’APIMC de Sétif et autres ont été nombreux à participer à cette célébration. Les activités étaient variées : récitation du Coran, chants et danses, pièces de théâtre, interclasses. Les enfants piaffaient d’impatience depuis les premières heures dans l’attente du wali. C’est vers 10h30 qu’arrive la délégation, une visite au hall d’exposition pavoisé pour la circonstance de bilans d’activités de différentes institutions d’Etat comme le Centre de réinsertion des mineurs, le foyer de l’enfance assistée, le CMP, l’école des jeunes sourds et les différentes associations, ainsi que les oeuvres des enfants handicapés : dessins, collages, moulages, tissages, sculptures... Une discussion à bâtons rompus avec les responsables a permis de dégager, quelque peu, les besoins des personnes handicapées de la région. Le wali a promis l’aide de l’Etat à tous ceux qui en ont besoin. Il a refusé, par contre, d’octroyer des aides pécuniaires, l’Entente en ayant déjà bénéficié. Il s’est engagé, en tant que représentant de l’Etat devant l’assistance, à prendre en charge la construction et l’équipement d’un centre de jour pour les IMC. Ce projet, cher à l’APIMC, traîne depuis deux ans à cause d’un problème d’assiette foncière et d’entraves qui ne disent pas leur nom. La cérémonie s’est ensuite déroulée dans la célérité, en présence de la délégation qui réunissait le président de l’APW et quelques représentants du peuple. Après la Fatiha lue par un adolescent IMC, une danse indienne, menée avec brio par de jeunes sourds, une saynète, dont les acteurs sont des trisomiques, il a été procédé à la distribution de quelques fauteuils roulants, cinq au total et un fauteuil motorisé dont a bénéficié Issam, le jeune champion d’Algérie du lancer de javelot. La délégation s’est retirée pour cause d’agenda chargé en guise d’excuses. Après son départ, tout le monde a plié bagage et seuls les pensionnaires du CMP ont continué leur célébration. Une dame, qui tenait des cadeaux emballés à la main, apparemment outrée, déclare : « Nous allons emmener nos gosses dans notre école et leur donner leurs cadeaux ! C’était bien la peine de les faire poireauter depuis ce matin. » Un malentendant qui n’a rien entendu de ce que disait le présentateur me demande si les autorités avaient proposé du travail aux handicapés ou une aide quelconque. En dépit de cette indifférence ne disant pas son nom, les différents acteurs et animateurs, qui militent contre vents et marées pour améliorer le quotidien des handicapés qui reviennent sur le devant de la scène qu’une fois par an, des portes ouvertes ont été à cet effet organisées par les associations d’aide aux handicapés. L’association Les oiseaux du paradis a ouvert ses différentes structures au public du 3 au 6 décembre 2006. L’APIMC a fait de même le 7 du mois courant, au niveau de son siège situé au niveau du stade Chellal (ex-Jardin des sports). Durant ces journées et aux deux associations, les visiteurs étaient peu nombreux. Que ce soit la population, les médias ou encore les responsables, les attendus étaient comme toujours absents. Aucun des responsables de la cité n’a pensé à mettre les pieds chez cette frange de la société qu’on marginalise et qu’on ne veut pas voir. Les médias n’ont aucune chance de trouver une star quelconque du football, de la chanson ou de la politique et donc aucun scoop à « gratter ».

Nabil Lalmi