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Algérie : La stratégie d’Al Qaïda au Maghreb

jeudi 12 avril 2007, , article écrit par La Tribune et publié par La rédaction


Vingt-quatre heures après l’élimination mouvementée de trois terroristes et la mort d’un policier à Casablanca, au Maroc, deux attentats meurtriers ont ensanglanté Alger, faisant de nombreux morts et plusieurs dizaines de blessés. La rapidité de la revendication rend évidente la stratégie de « l’organisation Al Qaïda au Maghreb islamique », dénomination annoncée en janvier par le GSPC pour signifier son affiliation à la nébuleuse d’Oussama Ben Laden.
Le GSPC, affirment des experts des groupes armés, compte quelques centaines d’éléments et demeure le seul mouvement à opérer des actions terroristes, après la reddition de la plupart des autres groupes islamistes qui ont choisi de bénéficier de la loi sur la réconciliation leur accordant l’amnistie en échange du dépôt de leurs armes.

La question qui interpelle les spécialistes est de savoir si Al Qaïda au Maghreb est un simple prolongement du GSPC ou s’il s’agit d’une conjonction des divers groupes algérien, marocain et tunisien. La thèse la plus crédible penche pour l’existence d’une fusion active des organisations clandestines salafistes de la région dont la mission est d’élargir le champ de la confrontation à toute l’Afrique du Nord et au Sahel. Débordant le cadre étroit des frontières nationales, l’action terroriste de ces groupes est diligentée par un centre de commandement unifié qui gère le GSPC, la Salafia Jihadia marocaine et les groupes islamistes combattants tunisien et libyen. Les mêmes spécialistes sont convaincus que la nouvelle organisation instrumentalise des camps d’entraînement en Algérie et dans des pays du Sahel, dans lesquels transitent des jeunes Maghrébins, et qui constituent autant de bases arrière, hors de portée des forces de sécurité des pays de la région.

En élargissant de plus en plus son terrain de frappe, Al Qaïda au Maghreb s’efforce de gagner une bataille de la légitimité, tout en ayant le souci de crédibiliser sa capacité de nuisance à partir d’une certaine régularité des attentats. Ainsi s’expliquent les affrontements de décembre 2006 en Tunisie où les forces de sécurité ont neutralisé un « groupe armé salafiste terroriste » de 27 membres qui « projetait de perpétrer des attentats contre des ambassades et des diplomates étrangers ». Au Maroc, les autorités mènent une traque sans répit contre une quarantaine de terroristes, responsables de plusieurs attentats depuis 2003, pour la plupart circonscrits à la ville de Casablanca, et de la tentative d’attentat déjouée mardi dernier, ports et aéroports ayant été placés sous très haute surveillance.

La mission fondamentale de la nébuleuse reste de recruter et de former des combattants pour l’Irak, Al Qaïda affirmant que la construction du Khalifat se fera à partir du champ de lutte irakien contre le joug des Etats-Unis et de leurs alliés. Cette approche lui rend d’ailleurs plus facile l’endoctrinement d’un certain nombre de jeunes Maghrébins dont le désir de se battre aux côtés du peuple irakien pour la libération du pays est fort. L’enrôlement de ces centaines de jeunes revêt ipso facto une dimension politique et idéologique autant que religieuse et ils deviennent très vite des soldats du djihad salafiste, aptes à intervenir sur tous les champs de bataille, non seulement au Maghreb mais également contre des intérêts stratégiques, qu’ils soient politiques ou économiques, de certains pays accusés de soutenir les régimes en place dans la région.

A. C
La Tribune


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