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Meriem Maza s’en va

lundi 3 septembre 2007, , article écrit par Sétif Info et publié par La rédaction


Meriem Maza, fille de Dr Aicha Cheriet, nous a quitté samedi dernier suite à un accident dans la localité de Montréal à Entrelacs, un village à l’ouest de Rawdon, dans Lanaudière (Canada).

Selon la sûreté du Québec, aucune hypothèse n’est écartée. Des bonbonnes de propane, servant au chauffage de la maison, ont été trouvées sur les lieux de l’incident. Un expert en incendie de la SQ tente de déterminer la cause du sinistre.

Les victimes de l’explosion ont été retrouvées à l’extérieur de la résidence située sur la rue Chartier, au bord du lac des Îles. Une Marocaine en visite au Québec en fait partie. Meriam Maza, d’une trentaine d’années, était arrivée la veille chez le couple d’amis.

Le propriétaire de la résidence, James Wright, âgé de 64 ans, a également péri dans la déflagration. Sa conjointe, âgée de 62 ans, a été blessée grièvement, mais on ne craint pas pour sa vie.

Meriem Maza est une jeune sétifienne qui a étudié la biologie cellulaire et moléculaire à l’université Ferhat Abbas puis a fait un Magister de Biochimie a l’université de Bejaia. Parallèlement à ses études scientifiques, elle était correspondante du journal Le Soir d’Algérie, a mis sur pied un programme de réinsertion des enfants en échec scolaire, avec l’Association des oiseaux du Paradis ; une association algérienne partenaire de l’UNICEF et, en vue de sensibiliser les citoyens a l’importance de la protection de l’environnement et l’hygiène publique, elle a également fondé, avec des étudiants en écologie, l’Association Ecologie et Vie de Sétif. En l’an 2000, Meriem obtient une bourse étrangère pour aller étudier la biotechnologie à l’Institut Méditerranéen des études agronomiques de Chania (Crête). Deux ans plus tard, elle part pour la Hollande pour travailler au Laboratoire de génomique fonctionnelle du Plant Resarch Internatio-nal à l’université de Wageningen. Durant son séjour hors d’Algérie, Meriem apprit l’anglais, se lia d’amitié avec des gens de différentes races, cultures et religions et surtout mena des recherches qui lui ont permis de générer, par manipulation génétique, des plantes résistantes à la sècheresse dans le but d’étendre la superficie des terres cultivables dans des pays semi- arides comme ceux du Maghreb.

Mimi devait participer à un symposium sur la science publique à Ottawa les 6 et 7 septembre 2007. Voici le résumé de son intervention, inititulée :Bâtir la confiance du public à l’égard de la thérapie génique : le rôle des médias Meriem MazaJournaliste scientifique et animatrice radio, récipiendaire de la bourse Chevening Meriem Maza est journaliste d’origine algérienne et animatrice de radio résidant en permanence au Canada. Elle a été parmi le premier groupe de récipiendaires des bourses Sauvé de l’Université McGill en 2003-2004 (www.sauvescholars.org). Titulaire d’une maîtrise en biochimie et d’une autre en génomique, elle combine sa formation scientifique à son expérience journalistique pour vivre sa passion, soit de promouvoir l’engagement public à l’égard des sciences. Mme Maza est actuellement chercheure récipiendaire de la bourse Chevening (www.chevening.com) et travaille à sa thèse de maîtrise en communication des sciences à l’Université Glamorgan du Royaume-Uni. Bâtir la confiance du public à l’égard de la thérapie génique : le rôle des médias Panéliste du secteur médiatiqueMeriem Maza, journaliste scientifique et animatrice radio, récipiendaire de la bourse Chevening Depuis les années 90, la thérapie génique a suscité autant d’espoir que d’inquiétudes de la part du public. C’est ce qui explique pourquoi la relation entre la thérapie génique et le public n’a jamais été très harmonieuse. De nombreux scientifiques sont d’avis que les inquiétudes du public au sujet de la thérapie génique découlent d’une incompréhension et d’un manque d’information à l’égard des sciences. Ces mêmes scientifiques justifient la réaction du public par une théorie « dite du déficit ». Toutefois, des recherches sur l’opinion publique menées en Europe ont démontré que le fait de ne pas avoir assez d’information sur le génie génétique ne veut pas nécessairement dire que l’on rejette cette science. En outre, une étude américaine a démontré que l’attitude générale à l’égard de la biotechnologie était positive. Des chercheurs en sociologie ont conclu que le public n’approuvait pas moralement et manquait de confiance à l’égard de cette science, ce qui expliquerait la relation difficile qu’a la société à l’égard de la thérapie génique. Il y a donc urgence de trouver des moyens de bâtir la confiance du public à l’égard de la thérapie génique. En entreprenant un tel projet, il est important de comprendre les raisons de ce manque de confiance. Il pourrait être intéressant de tenter de découvrir ces raisons par la couverture médiatique publiée sur la thérapie génique puisque, pour le public, les médias demeurent une source importante de connaissances à ce sujet. L’on sait que les médias jouent un rôle important pour influencer l’opinion et l’attitude du public, mais les scientifiques qui prennent un rôle médiatique actif ont également une grande influence pour mousser la confiance du public. Cet présentation tente d’expliquer les raisons justifiant un tel manque de confiance du public à l’égard de la thérapie génique en examinant les réactions et comportements de médias et de scientifiques renommés lors d’événements majeurs tout au cours de l’évolution de la thérapie génique. Il tentera également d’ouvrir le débat pour déterminer s’il est réellement nécessaire de bâtir la confiance du public.

LES GRANDS ESPRITS NE MEURENT JAMAIS !

Meriem Maza n’est plus ! Un modèle d’abnégation dans la lutte pour une intégration intelligente, responsable et harmonieuse, nous a soudainement quitté.

Ceci peut ressembler à un hommage funèbre parce qu’il n’y a que des compliments post mortem. Ceci ressemble à une oraison unèbre parce qu’il n’y a que des éloges après la mort.

Ceci n’est que cela car quand on trépasse on ne lègue que ses réalisations et sa vision du monde quand celle-ci est porteuse d’espoir et d’amour pour les humains.
La charismatique Meriem a marqué de son aura son passage parmi nous.

Seul accroc, le constat de sa jeunesse qui laisse un goût amer : le goût de l’inachevé. Inachevé surtout en ce moment où sa présence serait un grand plus pour le débat sur les accommodements raisonnables et où son apport serait une contribution réfléchie à la commission Bouchard_Taylor.

Comme la très grande majorité de ses coreligionnaires, Meriem s’était fondu dans la société québécoise, et je paraphrase le Psychiatre Driss Chrirgui « Quand un hôte vous déroule un tapis, ayez la bienséance de vous déchausser ».
Tout en restant authentique, elle dénonçait la minorité déraisonnable dont les agissements avaient et continuent d’enflammer la méfiance de la société d’accueil.

Dans le même ordre d’idée, elle mettait également en garde contre une certaine droite qui accentue les clivages entre les citoyens.

Le Nous et le Eux ne devraient pas se traduire par l’exclusion de l’ « Autre » ni la stigmatisation de la majorité des musulmans qui n’aspirent qu’à être des citoyens à part entière. Des citoyens modèles. Entre l’enclume et le marteau, elle ne ménageait pas ses efforts en vue d’une nation où la diversité serait aussi une valeur en elle-même.

Meriem était une battante. Elle avait de l’érudit cette facilité de se mouvoir dans toutes les disciplines sans montrer d’effort. Elle était intelligence avec en prime la beauté de ces femmes qui ont de tout temps chanté sur les montagnes des Aurès. La scientifique était d’abord concernée par le sort des humains, en témoigne ses travaux sur la désertification qu’elle considérait comme un fléau du tiers de la population mondiale. Elle était polyglotte avec du charme comme accessoire pour en faire une communicatrice accomplie. Elle avait le sourire timide mais le regard déterminé de celles qui savent ce qu’elles veulent et qui vont jusqu’au bout.

Mais Meriem avait d’abord ce courage que beaucoup d’entre nous lui envieront, de dire avec des mots clairs ce qu’elle pense. Meriem savait que les atouts comme les dons qu’elle a doivent servir à servir.

Meriem était d’abord un esprit libre ! Meriem avait osé, bien avant que les accommodements déraisonnables ne deviennent l’apanage de tous ceux et celles qui se cherchent un cheval de bataille pour arnaquer la population, dénoncer à la fois cette frange minime de ses coreligionnaires qui abusent en outrepassant, par leurs demandes et leurs attitudes négatives, les limites de la société d’accueil et de l’autre bord la dérive qui pourrait se nourrir de la démagogie populiste de ceux qui cherchent des boucs émissaires.

Meriem avait écrit des textes qui lui ont valu des menaces et des quolibets de toutes les intolérances et de toutes les xénophobies. Elle n’avait jamais peur et ne faisant confiance qu’à ses propres convictions d’humaniste.

Elle se voulait la façade qui reflète la majorité des femmes qu’importe leurs religions et leurs origines. Elle dénonçait les excès mais défendait le juste ; surtout contre les définitions réductrices de l’autre.

Meriem est morte mais beaucoup de Meriem, par milliers, sont déjà à l’œuvre chacune à sa façon pour que les femmes musulmanes prennent part à la gestion de la cité... Prennent part à la vie tout court.

Adieu Meriem.

Sources : www.maghreb-canada.ca et Radio-Canada


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