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Six ans après, les états-Unis continuent d’exploiter les attentats contre le world Trade Center : 11 septembre : le prétexte inépuisable

mardi 11 septembre 2007, , article écrit par M. K. Drareni, La Tribune et publié par Nabil Foudi


L’Irak reste à nos jours la plus grande victime des attentats de New York et de Washington, encore plus que l’Amérique elle-même. La fumée nauséabonde et macabre n’avait pas encore quitté Ground Zero défiguré que les regards des décideurs américains étaient déjà braqués sur Baghdad et sur son maître. Depuis, le pays est confronté malgré lui à une épouvantable campagne terroriste à deux visages. Le premier est celui de milliers de groupes armés résolus à en finir avec l’occupation, quitte à tuer un nombre incalculable d’Irakiens. Le second est celui d’une Amérique prête à tout pour ne pas lâcher une proie attrapée à coups de milliers de dollars

L’impact devait être tout sauf imminent pour ces milliers de New Yorkais scrutant le ciel. Nous sommes le 11 septembre 2001, il est 8h56, lorsqu’un Boeing 767 d’American Airlines qui venait de décoller de Boston est dérouté. L’appareil ne reliera pas Los Angeles comme prévu. Il s’écrasera contre la tour nord du World Trade Center à New York. C’est le début effectif de la guerre mondiale contre le terrorisme. Six ans, 3 000 Américains tués, et autant d’Afghans et d’Irakiens plus tard, c’est toute la physionomie du monde qui s’en est vue bouleversée. Le discours prononcé aussitôt après l’attaque d’Al Qaïda par le président des Etats-Unis allait, quant à lui exacerber l’impopularité de son pays dans le monde. « Ceux qui ne sont pas avec nous sont contre nous », disait George W. Bush encore sonné par le coup de force qui avait ravagé le centre de New York et éventré le Pentagone à Washington. Mais comme attendu, ce monde allait le suivre, et en rangs serrés. Hormis les tonitruants Iraniens et leurs alliés Syriens, c’est toute la communauté internationale qui sombrera dans une obséquiosité encore plus présente que durant la guerre froide.

Guerre mondiale et obligatoire contre le terrorisme
Les Afghans profiteront les premiers du terrorisme qui s’est abattu sur l’Amérique. Après moult menaces, et une concentration militaire en Asie mineure,
l’administration Bush lancera, le 7 octobre, le premier acte de sa guerre mondiale et obligatoire contre le terrorisme. Les taliban alors dirigés par Mollah Omar avaient refusé de négocier avec Washington sur un éventuel accord pour délivrer Oussama Ben Laden. Les Pakistanais n’en feront pas autant. Installé depuis à peine deux ans au pouvoir à Islamabad, Pervez Musharraf y réfléchira à deux fois avant d’appuyer la campagne afghane de ses nouveaux alliés américains. Avec ce modus vivendi conclu moins d’un mois après les attentats, la popularité du président du Pakistan allait s’effriter dans un pays livré à l’intégrisme religieux.
Débarrassé de la barbarie et de la décadence des taliban, le peuple afghan a sombré dans une autre période moyenâgeuse.
Ni le pouvoir de Hamid Karzai, ni l’influence de la Loya Jirgha n’ont encore réussi à ramener la paix dans ce géant d’Asie qui n’a pas d’argile que les pieds.

Afghanistan et Irak : unis dans le drame
Quant à l’Irak, il reste à nos jours la plus grande victime des attentats de New York et de Washington, encore plus que l’Amérique elle-même.
La fumée nauséabonde et macabre n’avait pas encore quitté Ground Zero défiguré que les regards des décideurs américains étaient déjà braqués sur Baghdad et sur son maître. Depuis, tous les prétextes et justifications possibles et imaginables allaient être dénichés pour convaincre l’opinion américaine et internationale de la responsabilité de Saddam Hussein dans la terreur qui s’était abattue ce 11 septembre 2001. Si cette responsabilité présumée n’était pas évidente alors que faire croire que Saddam peut détenir les armes nécessaires pour reproduire des attentats encore plus meurtriers. Ce sera chose faite. Pour cela, c’est toute l’équipe du Président Bush qui sera mobilisée. Du vice-président Dick Cheney, au secrétaire d’Etat Colin Powell, en y passant par l’ambassadeur aux Nations unies John Negroponte et la conseillère à la Sécurité nationale Condoleezza Rice, sans oublier bien évidemment le désormais ex-conseiller politique de George W. Bush, Karl Rove.
Les mensonges de l’Administration américaine parviendront jusqu’au siège du Conseil de sécurité, où les délégués américains tenteront d’expliquer que le régime irakien possédait déjà des armes dites de destruction massive. Mais les réticences russe et française sont trop fortes, et Washington et le monde sont quasi certains que Moscou et Paris opposeront leur veto à toute intervention militaire contre l’Irak.

L’état de grâce est terminé pour Bush
Aujourd’hui, la nation américaine est sortie de sa somnolence. Certes, elle a réélu George W. Bush en novembre 2004, mais pour des raisons bien éloignées de quelconques qualités trouvées chez l’homme. Le candidat du parti démocrate aux dernières élections présidentielles était aux yeux de ses compatriotes trop faible, trop hésitant et pas assez fort pour régler le problème irakien.
Les Américains choisiront Bush Jr plus par dépit que par conviction. Trois ans et demi après ce test électoral, le temps des hésitations est désormais révolu. Le Congrès est tombé aux mains des démocrates, la popularité du président est au plus bas, et Hillary Clinton se prépare déjà à retourner à la Maison-Blanche.
Mais aujourd’hui, c’est bien le constat des attentats épouvantables du 11 septembre qui continue à faire parler de lui aux Etats-Unis. Quels sont les bénéfices à tirer de la guerre mondiale contre le terrorisme déclenchée par les Américains et leurs alliés dans le monde ? La réponse se trouve sans doute dans les dédales des rues baghdadies jonchées de cadavres, et pulvérisées par les interminables déflagrations.
Ou peut-être chez ces milliers de familles irakiennes qui ont été touchées de près ou de loin par le terrorisme de leurs résistants, et par l’abjection des forces occupantes. Il serait aussi judicieux de voir du côté de ces familles américaines meurtries par la perte de leurs enfants soldats jetés dans le fossé irakien. Il suffit aujourd’hui de voir les bilans des victimes de cette troisième et aussi absurde guerre du Golfe pour s’enquérir de son caractère totalement coûteux en vies humaines.
Le bilan est, certes, très loin devant les presque deux millions de morts de la première guerre du Golfe (guerre Iran-Irak), mais aussi devant celui de la deuxième (17 janvier au 28 février 1991). Selon les chiffres avancés par l’Organisation des Nations unies, ce sont plus de 65 000 Irakiens qui auraient péri depuis le début de l’invasion de leur pays le 20 mars 2003. Le nombre de réfugiés, quant à lui s’est saisissant. Environ un million, dispersé entre les Etats voisins tels que la Syrie, la Jordanie et le Koweït. Contrairement à ce que beaucoup peuvent penser, un grand nombre de ces victimes n’est pas à mettre sur le compte des bombardements occidentaux. Entre la date de la chute de Baghdad survenue le 9 avril 2003, et celle de l’annonce officielle de la fin des opérations militaires faite en mai de la même année, ce sont 450 morts qui ont été dénombrés par les organisations humanitaires présentes sur place.
L’horreur a commencé avec les attentats aussi meurtriers les uns que les autres perpétrés contre tous ceux qui portaient des uniformes, qu’ils soient Irakiens ou Américains. Dès lors, c’est la barbarie qui prendra le relais sur la reconstruction du pays.
Même si le pays semble avoir emprunté le chemin forcé de la réconciliation, il n’en demeure pas moins que la présence des troupes étrangères continue à être vivement dénoncée par les Irakiens. Pour les uns, cette présence est indispensable, pour d’autres elle attise la violence inter-religieuse. De toutes les manières, rien ne pourra changer en Irak sans une prise de conscience de l’opinion publique américaine. Elle seule peut influer sur ses décideurs, et les obliger à changer de cap. Et les élections ont de tout temps été le moment le plus opportun pour réaliser cela. En obtempérant à leurs bourreaux, et en entraînant quatre avions sur des cibles civiles -hormis le Pentagone- ce 11 septembre 2001 entre 8h56 et 11h34, les seize ravisseurs, tous d’origine arabe, ont raté, leur mission. En voulant toucher les Etats-Unis au cœur, ils n’ont fait que les renforcer. La victime se voulait être la puissante Amérique, ce fut au bout du compte le puissant islam.


M. K. Drareni, La Tribune

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