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La culture de proximité demeure marginalisée à Sétif

jeudi 25 octobre 2007, , article écrit par A. Benyelles, La Tribune et publié par La rédaction


Les manifestations culturelles annuelles officielles qui tentent de convoquer la population autour du fait culturel constituent des actes conjoncturels et ponctuels et, parfois, un non-événement en dehors de tout engouement populaire. Le « phénomène de non-lecture », soulevé par les spécialistes à Sétif, et l’absence de pratique culturelle de masse sont désormais considérés comme des réflexes indissociables des valeurs sociales. En effet, les libraires, les parents d’élèves, les éducateurs ainsi que les lecteurs considèrent que l’acte culturel, en déperdition en Algérie, suscite différents intervenants, notamment les associations, les libraires, les institutions culturelles, la télévision et l’école. Une tâche définie aussi par les problèmes de l’aménagement urbain. En fait, la représentation sociale, sollicitant un débat, émane d’intellectuels, soucieux depuis des années de la propagation de l’action culturelle dans une cité qui abrite près de 400 000 âmes. « Est-ce que les gens croient en un changement social ? » est une interrogation qui n’incarne plus les valeurs du besoin, du plaisir et du prestige, car, selon les spécialistes, le produit culturel demeure prisonnier d’un grave problème de hiérarchisation et interpelle une action concrète de réajustement à l’avantage des pratiques culturelles de proximité.
« Peut-on vivre sans lire, sans théâtre, sans l’art cinématographique ? » est une autre interrogation qui pourrait générer, selon un intervenant, un débat sur la structure urbaine inhérente aux nouvelles villes. Le citoyen des nouvelles cités ne pourrait représenter sa cité tant que le travail associatif demeure absent. Aussi, l’individu soumis à une situation de non-réciprocité, face à la télé ou à l’école, est exposé à une vision systémique de la vie et de l’image même de soi. Dans ce contexte, c’est la culture de proximité qui est préconisée dans les cités, par le biais de bibliothèques de quartier et de centres culturels afin d’enclencher une dynamique de rapport entre l’individu et la culture. Une alternative, jugée, selon certains, à même de suppléer à « l’institutionnalisation » de la culture, une mission longtemps incarnée par les maisons de la culture et les maisons de jeunes soumises aux orientations institutionnelles et non libérées des contraintes centralisées.

Le rapport entretenu entre l’individu et la culture, par sa vulgarisation, génère une nouvelle philosophie, celle de « dire et de faire » qui permettrait l’épanouissement de celui-ci et de sa condition humaine. « Il faut avoir le désir de renaître », dira quelqu’un, en s’appuyant sur l’engouement spectaculaire des femmes du troisième âge à Sétif autour du programme national de lutte contre l’analphabétisme soutenu par les associations et les mosquées durant ces dernières années. Les manifestations culturelles, ponctuelles, apparaissent dès lors non conformes à la réalité culturelle populaire, si l’on prend en compte l’exclamation d’un intervenant : « Il faut que le citoyen se rende compte qu’il y a un problème de culture et qu’il ne sait pas. » Il pense aussi que la vie ne se limite pas à des structures inertes propres à l’industrie de la consommation. Il dira, en substance, que la vie est un mouvement rituel, et la culture s’inscrit perpétuellement dans cet ordre de mouvement de flux et de reflux.


A. Benyelles, La Tribune

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