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La gendarmerie traque la prostitution à Sétif

Les “belles” du bois Djermène

samedi 2 juillet 2005, par Nedj


À la sortie est d’El-Eulma, un petit bois appelé forêt Djermène ne fait pas la fierté de la population locale très conservatrice. Après un petit parcours très difficile, nous arrivons sur les lieux.

DJERMÈNE et ONAMA : La prostitution à ciel ouvert

La ville d’El-Eulma est à 25 km de Sétif. C’est là que le commandement du groupement de wilaya a décidé de nous accompagner. Un tour s’impose à la compagnie de Sétif où le commandant de cette dernière avec ses éléments nous serviront de guides. La route reliant Sétif à El-Eulma est une merveille. Un tapis de bitume garni de poteaux électriques soigneusement alignés. Il faut dire à ce sujet que la ville offre un décor digne des grandes fêtes. Les commerces, surtout de consommation (cafés, salon de thé, salon de glaces) restent ouverts très tard dans la nuit. Une autre particularité et non des moindres est la propreté de la ville dont on dit qu’elle mérite la première médaille du pays dans ce domaine. On raconte ici que le secret est que les Sétifiens sont non seulement jaloux de leur ville mais, en plus, ils joignent l’acte à la parole pour entretenir les lieux. À la sortie est d’El-Eulma, un petit bois appelé forêt Djermène ne fait pas la fierté de la population locale très conservatrice. Après un petit parcours très difficile, nous arrivons sur les lieux. Une pinède à proximité de terres agricoles en jachère. Des milliers de bouteilles de bière vides jonchent le sol. Une voiture est stationnée portes ouvertes. Trois personnes assises sur des pierres consomment de la bière. La troisième suspectée est vite fouillée. Un consommateur de drogue qu’on invite à rejoindre le fourgon. Un peu plus loin, on interpelle des jeunes qui tentaient de s’enfuir à la vue des véhicules. Quatre femmes en tenue légère sont arrêtées. Elles pleurent toutes leurs larmes pour crier à l’injustice. “Nous étions au bord de la route nationale et les gendarmes nous ont embarquées”, déclarent-elles aux journalistes. Elles refusent d’être filmées mais acceptent de répondre à nos questions. Nous demandons à la première de nous dire d’où elle vient. “Je suis de Sétif et je ne fais rien de mal. J’ai quatre enfants et je me débrouille pour les nourrir en faisant des petits boulots chez les gens. Nous sommes venues toutes les quatre pour animer une fête. Moi, je suis danseuse”, dira la plus âgée qui avait du mal à protéger sa nudité. Une autre dira qu’elle est originaire d’El-Hadjar. Une chanteuse qui anime les fêtes familiales. La plus jeune, qui donnait l’apparence d’une mineure, dira qu’elle a 22 ans. Devant nos questions, sa compagne avance qu’elle en a 26. La quatrième confie qu’elle ne fait pas “ce genre de chose”, allusion à la prostitution. “J’ai sept frères, s’ils apprenaient cela, ils me tueraient”, dit-elle en sanglotant. Mais les pleurs ne suffisent pas à cacher l’apparence bien prononcée des ces femmes. La tête de l’emploi ne peut trahir.
De retour à Sétif, nous nous dirigeons derechef vers la décharge située en face de la nouvelle université des sciences. L’accès est aussi difficile. Les gens d’ici l’appellent Onama. Le même spectacle s’offre à nous. Un cimetière pour bouteilles de bière, dont beaucoup sont encore pleines, plongées dans des blocs de glace. Là, une assiette contenant les restes d’une kemia (sardines, tomate, bout de pomme de terre). Juste à côté des vêtements de femme de petite corpulence pendaient à une branche. Deux jeunes dans une rutilante Polo sont arrêtés. On retire au conducteur ses papiers pour vérifier s’il n’y a pas de faux. Pas loin de là, un homme d’une quarantaine d’année est interpellé. Il déclare qu’il a été “largué” par son ami qui a pris la fuite. Un professeur de mathématiques au lycée et également à l’université. Il dira qu’une dizaine de voitures étaient là avant notre arrivée. À la rue des Tata et des Corrolla, le peuple de la forêt s’est volatilisé comme par simple coup de baguette de démiurge. “Ils ont des guetteurs munis de portables”, dira le matheux. Quant à son cas, il reste ambigu dans la mesure où il continue par entêtement à soutenir qu’il n’est jamais venu sur ces lieux alors qu’au moment où nous quittons l’endroit, il était en communication avec son compère. Un professeur de mathématiques raisonnant par l’absurde constitue une belle équation à plusieurs inconnues. Ce qui est certain, c’est que les deux lieux visités sont des lieux de rendez-vous galants, mais à bon marché.
Tout le monde est complice, y compris ce fameux boucher de Aïn Arnat surpris dans son tacot (une Ritmo déglinguée) et qui n’est autre qu’un clandestin que “les belles de jour” paient pour les accompagner vers cet hôtel de passe à ciel ouvert. Les habitants du bidonville, situé à deux encablures de là, font dans la récupération du butin laissé par les fuyards. Une véritable chaîne économique. Aux dernières nouvelles, on croit savoir que la forêt Onama sera rasée prochainement en raison de l’extension de l’université.

Bilan de la compagnie de Sétif - juin 2005
Police judiciaire
Délits : 37
Contraventions : 10
Sécurité routière
Délits : 221
Contraventions : 35
Amendes : 188
Divers : 495

A. F., Source : Liberté

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