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Les combattants de la COVID au CHU de Sétif

mercredi 2 décembre 2020, par Hamoud ZITOUNI


Gravement affecté par le redoutable virus du corona, et après les consultations et analyses d’usage chez le privé, je fus très vite admis dans un pavillon du CHU de Sétif dédié au traitement de la Covid 19.

En allant vers mon lit et malgré mon extrême fébrilité, je remarquai que le pavillon était plein à craquer de malades en quasi-totalité des gens de la quarantaine et plus. Les gémissements et même des râles se faisaient entendre et rendaient l’atmosphère pesante. Pourtant, la sérénité et même l’empathie se lisaient aisément sur les visages du personnel soignant affairé. Ô Dieu que c’est rassurant, apaisant et réconfortant d’observer cette « force tranquille » souvent ponctuée de petits sourires, de mots gentils, voire d’humour léger. Pourtant ce personnel travaille sans répit depuis plusieurs mois, dans des conditions très éprouvantes, sans grande protection. Certains infirmiers ne portent que leur tenue usuelle en tissu et la bavette. Ils auraient été déjà immunisés de la pandémie, disent-ils. Voire.

Alité dans un box marqué par les stigmates d’un délabrement avancé, je fus en quelques instants branché à l’oxygène tandis qu’une fistule fut mise en place sur mon bras droit pour y recevoir les diverses injections intraveineuses. Le traitement est complété par une prise de cachets. Un traitement combiné approprié qui vous remet en quelques jours sur pied.

Mon extrême faiblesse et probablement le traitement médical de cheval appliqué m’ont fait basculer dans un profond sommeil peuplé de monstres courant vers moi. Ces créatures cauchemardesques seraient l’effet du débit d’oxygène qui m’était administré en permanence.

Durant les 8 nuits passées dans ce pavillon du CHU, je sentis, somnolant, les mains expertes et délicates du corps soignant contrôler au dosimètre mon taux d’oxygène, vérifier le débit de celui-ci ou de la solution salée, mesurer mon taux de glycémie entré en folie, m’administrer les injections, etc… j’ai appris à reconnaître dans la pénombre les silhouettes de ces combattants de la maladie engoncés ou non dans leur double blouse, leur visière et leur bavette. Souvent insuffisamment protégés, ils sont dans leur travail en permanence exposés au terrible virus. Durant mon séjour forcé en ces lieux de combat chaque jour recommence, où les malades les plus fragiles quittent la vie, parfois dans d’atroces souffrances, j’ai eu toute la latitude pour mesurer les qualités professionnelles des médecins et du personnel paramédical mais surtout toute leur humanité qui apparaissait dans le moindre de leur geste avec très souvent le sourire en prime. Des dizaines de personnes sont quotidiennement sauvées de la COVID et quittent l’hôpital de Sétif sur leurs pieds.

Respect et hommage à ces combattants du mal.

Merci de m’avoir sauvé la vie.

H. ZITOUNI

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