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TOURNEE DU CIRQUE AMAR EN ALGERIE

La grande supercherie

vendredi 14 avril 2006, , article écrit par Le Soir d’Algérie et publié par La rédaction


Annoncé en grande pompe par les services de la wilaya de Sétif et relayé par quelques titres de la presse nationale, le célèbre et prestigieux Cirque Amar qui devait arriver à Sétif n’est en fait qu’une grande supercherie et usurpation de titre. En effet, il y a quelques jours, la wilaya de Sétif avait donné son feu vert à un cirque dénommé Cirque Amar en vue de dresser ses chapiteaux sur les terrains annexes du stade du 8-Mai-1945, et ce, à partir du 10 mai jusqu’au 3 juin 2006, avec une prolongation éventuelle de deux semaines.
“Pour rappel, le Cirque Amar s’est déjà produit à Sétif durant les années 1970 et a connu un grand succès à l’époque”, pouvait-on lire dans un communiqué des services de la wilaya et adressé aux médias. Cette information a fait réagir fermement les responsables du véritable Cirque Amar. Contacté par Le Soir d’Algérie, M. Stéphane Gistau, directeur de promotion du Cirque Amar et du Syndicat national du cirque, a tenu à dénoncer cette grave supercherie. “Le Cirque Amar ne sera pas en tournée en Algérie. Il s’agit d’un établissement usurpant le nom Amar afin de bénéficier de notre réputation en Algérie. Nous déplorons vivement de tels agissements. Il est intolérable de prendre le public algérien pour un naïf, en usurpant le nom Amar afin d’attirer le public sous un chapiteau n’ayant rien à voir avec le Cirque Amar. Le Cirque Amar est en tournée en France, et aucune tournée n’est prévue en Algérie”, a déclaré M. Gistau. Aussi, dans un fax adressé à notre bureau (voir fac-similé), l’attaché de presse du Cirque Amar, M. Stéphane Gistau, affirme que le Cirque Amar, qui est une marque déposée, n’a prévu aucune tournée en Algérie. “Toute enseigne se produisant sous notre appellation « Cirque Amar » est une usurpation de titre et une supercherie et ceci afin d’user d’une réputation. L’enseigne Amar est la propriété de MM. Alexandre et Firmin Bouglione, et l’exploitation exclusive revient à M. Falck”, déclare-t-il. Les services de la wilaya de Sétif ont-ils été leurrés par cet établissement qui se fait passer pour le célèbre Cirque Amar ? Dans pareil cas, un dossier complet est exigé par la wilaya avant de délivrer une autorisation pour monter ce genre de spectacle. Ou bien, en ces temps de disette en matière de spectacles, la wilaya a oublié d’en exiger. L’essentiel pour elle c’est la venue d’un cirque à Sétif, le reste importe peu. De leur côté, les responsables du Cirque Amar affirment qu’ils resteront déterminés à protéger les intérêts de leur établissement en usant de toutes les voies légales. Notons que le célèbre Cirque Amar est l’œuvre d’un Algérien de Kabylie, un certain Ahmed Ben Amar El Gaïd. L’aventure commença quelque part dans les montagnes de Kabylie. Le jeune Ahmed Ben Amar El Gaïd n’avait pas envie de passer ses jours entre les chèvres et les oliviers. Il rêvait d’aventures, de voyages et de grandes émotions. Il mit au point un spectacle coloré, avec de belles danseuses du ventre (des Ouled Naïl), et devenait bien vite l’imprésario de la troupe orientale qui se produisait au Moulin Rouge. Le public français découvrit avec ravissement ces beautés kabyles et, le succès aidant, l’ambition d’Ahmed Ben Amar grandit. Fortuitement, Marie Bonnefoux, qui vivait entre Mende et Saint-Chély d’Apcher, sœur du directeur d’une ménagerie lozérienne, s’éprit d’Ahmed Ben Amar, l’épousa et le suivit dans ses rêves les plus audacieux. Au bout de quelques années, l’un d’entre ces derniers l’amena à concevoir un autre genre de spectacle, sans danseuses, mais avec une fosse aux lions où il fit descendre ses trois fils, Ahmed, Abdallah et Mustapha, "le plus jeune dompteur au monde". Il s’agissait en fait d’une petite ménagerie, bien modeste en vérité ! Mais qui valut au nom Amar de se faire connaître, notamment lors de ses prestations dans diverses foires, comme la Foire aux pains d’épices à Paris en 1909. En 1913, Ahmed Ben Amar mourut, mais sa femme ne renonça pas à l’aventure et à l’appel des grands chemins, fidèlement soutenue par Ahmed fils et Mustapha, tandis qu’Abdallah avait décidé d’ouvrir sa propre ménagerie. Après une interruption due à la Grande Guerre, le nom brillera de plus en plus au firmament de la renommée... L’établissement grandit. Dès 1926, "Le Grand Cirque Ménagerie Amar Frères" devint célèbre au-delà des frontières. Forts de leur popularité sans cesse grandissante, les frères Amar prirent la route de l’Algérie, la Tunisie, le Maroc où l’accueil s’avéra délirant. Ils continuèrent ensuite vers l’Egypte, la Grèce, la Turquie, la Bulgarie, la Roumanie, la Yougoslavie, la Hongrie, l’Autriche, l’Italie, avant de rejoindre Paris, couverts de gloires et de deniers. Devenus fabuleusement riches, ils souhaitèrent alors créer dans la capitale un établissement fixe, les frères Amar s’installèrent donc à l’Empire, sous l’impulsion de Mustapha Amar, ils montèrent des spectacles éblouissants, invitant les attractions les plus étonnantes, mais aussi des exhibitions sportives, ou présentations d’artistes de music-hall, tel Fernand Raynaud. Mustapha Amar est entré dans l’histoire du cirque comme l’un des plus brillants directeurs. Il se retirera en 1968. A ce jour, la direction et l’exploitation exclusive du Cirque Amar sont assurées par un autre nom bien familier dans l’histoire des banquistes français, les Falck, (Elisa, Jean, le frère et la sœur accompagnés de leur cousin André), brillent aux destinées du Cirque Amar, et ont rendu à ce fabuleux monument du cirque tout son lustre et son standing, et tout au long des spectacles, les Falck rendent un vibrant hommage aux frères Amar.
Imed Sellami


Le Soir d’Algérie

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