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Les initiatives individuelles appelées à promouvoir la culture à Sétif

jeudi 13 décembre 2007, , article écrit par A. Benyelles, La Tribune et publié par La rédaction


Dans le domaine des initiatives individuelles appelées à porter et à promouvoir la culture en dehors du circuit institutionnel, officiel et administratif, celles qui méritent d’être signalées à Sétif sont les deux grands évènements artistiques et culturels mis sur pied au cours de l’année 2007. Il s’agit du programme « Noir sur blanc » organisé par les trois associations Chrisalide d’Alger, Gertrude de Lyon et les Compagnons de Nedjma de Sétif à l’initiative de cette dernière, et aussi du Salon national des arts plastiques organisé par la galerie d’art privée de Sétif. Cette nouvelle option, unique du genre, mais appelée à se perpétuer à l’avenir eu égard à la réussite de l’expérience de l’invitation du monde du spectacle, de l’art et du public autour des manifestations culturelles loin de l’empreinte traditionnelle de l’administration. Ce sont les artistes eux-mêmes qui se sont pris en charge en mettant sur pieds les programmes, tout en prenant en compte la qualité de l’évènement grâce à l’invitation d’artistes de renommée, selon la qualité des relations entretenues dans le monde de l’art. Pour le cas du Salon national de sculpture et de peinture organisé à l’initiative de l’artiste peintre local Mustapha Ghedjati, les exposants venus de différentes régions du pays sont unanimes à dire la réussite « totale » de l’évènement. Le sculpteur Younes Boutrif, auteur de 924 œuvres artistiques, dont certaines exposées à l’Unesco et une pièce d’art, ainsi que les plasticiens Boukerche et Boutrif, à titre d’exemple, avaient rehaussé de leur présence la qualité de l’exposition et de la manifestation culturelle. Pour les participants, ce genre d’événement qui se démarque des aspects folkloriques et ponctuels loin du cadre protocolaire de la tutelle offre, avant tout, l’opportunité d’approcher le public, de l’éduquer par le biais des discussions et de sa participation. Il s’agit sans doute là de la nouvelle forme de gestion de la culture revendiquée par les artistes, celle de la culture de proximité avec le public. Une option qui pourrait être orientée vers d’autres expressions artistiques, celles inscrites dans le domaine du développement économique et des équipements artistiques locaux. Les organisateurs du Salon national des arts plastiques ont profité de la présence à Sétif du groupe d’artistes nationaux pour organiser une séance-débat avec les architectes, les étudiants et les artistes locaux, autour du thème sur la place de l’artiste dans la cité. Entre autres, c’est l’embellissement urbain qui a été soulevé dans le souci de mettre sur le devant de la scène les valeurs esthétiques et artistiques de la ville. Même si la jeunesse du métier d’architecte et d’artiste a été notée dans le cadre de la reconstruction de la société, et eu égard au « grave » problème d’élite dont souffre l’Algérie pour orienter ses destinées urbaines d’aménagement et d’embellissement de la ville. Pour certains autres, l’occasion du rassemblement artistique a été propice pour mettre l’accent sur la complicité de l’architecte dans l’anarchie urbaine constatée dans nos villes. Il s’agit là de la problématique posée devant un parterre formé d’hommes de l’art et de concepteurs urbains dans le souci de détecter les carences qui entravent l’intervention de l’artiste dans le domaine de l’embellissement urbain de sa cité, une notion longtemps décriée. Les jardins publics coloniaux ainsi que les délimitations des espaces urbains, modèles de gestion urbaine à titre d’exemple, se présentent désormais comme la critique de la gestion actuelle de la ville, où les deux intervenants de l’embellissement urbain en présence se voient marginalisés de son aménagement, il appartient donc aux gestionnaires locaux en charge des affaires de la ville à renouveler la revendication de l’intervention de l’élite artistique.

A l’occasion, les observateurs disent que Sétif a eu la chance de passer avec succès le test de la manifestation artistique et culturelle d’envergure montée grâce aux initiatives individuelles, une forme de propagation de l’aspect culturel qui se démarque des barrières institutionnelles, un fait aussi qui dénote la volonté de revendiquer l’instauration du marché de l’art pour mettre en valeur les compétences artistiques et la qualité du produit culturel. L’expérience des semaines culturelles et des échanges interwilayas inscrits par la tutelle étant connus pour ne laisser que les traces de la platitude du champ culturel en marginalisant les compétences locales, les artistes, eux-mêmes, s’accordant à soulever ce cas. Si on tient compte de la réussite de l’expérience du partenariat culturel entre associations locales avec leurs homologues d’outre-mer, cela revient à dire que les actions de jumelage officiel entre les villes des deux rives de la Méditerranée s’avèrent désuètes. Le programme « Noir sur blanc », étalé sur trois années et qui a pris fin en 2007, prépare une 2ème édition en 2008. Un fait unique qui interpelle le renforcement de l’action associative loin des barrières restrictives de l’institution officielle en charge de la culture.


A. Benyelles, La Tribune

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