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« Yamina », une pièce à voir

samedi 14 août 2010, , article écrit par Abderrahmane Zakad, Sétif.Info et publié par La rédaction


La troupe oranaise « L’atelier El Bahia » relance sa pièce « Yamina » lors de sa « Tournée 2010 ». D’après Madame Malika Youcef, membre de la troupe, l’Atelier est aidé par le Ministère de la Culture qui lui assure le soutien pour vingt représentations dans les principales villes algériennes. C’est dans la wilaya de Tizi Ouzou que commence cette nouvelle tournée prévue du 13 au 16 août 2010 par cinq représentations. La troupe s’envolera ensuite pour la Syrie afin de représenter l’Algérie au festival du théâtre à Damas du 18 au 23 août puis retour en Algérie afin de poursuivre les quinze représentations prévues dans différentes villes ( Oran, Batna, Sétif, Annaba, Témouchent, etc..)

Dans la pièce « Yamina » que le public a vu lors de la tournée 2009, d’agréables souvenirs restent encore en mémoire. Une pièce riche en mimes et répliques, faisant éclater de rire un public qui a eu le bonheur d’assister à des représenta-tions des plus conviviales.

Sous la direction de Said Bouabdellah et du réalisateur Adar Mohammed, les deux actrices Malika Youcef et Wahiba Adnane ont tenu la scène pendant plus d’une heure, la première dans le rôle de Chadlia, une femme traditionnelle au foyer, la seconde dans celui de Yamina, fille moderne.

S’agissant d’une mère en bute avec sa fille, le thème, on le devine, est celui d’une confrontation entre le respect des traditions ( horma) et la modernité ( li-berté et volontarisme). De nos jours, les mentalités ont évalué avec le temps et les pièces dignes de ce nom ne doivent plus s’accrocher aux habituelles thématiques sociales de quartier (mariage, déception amoureuse, trahison, etc..). C’est ce qu’a su éviter Mohammed Adar en proposant une oeuvre qui reflète les sujets d’actualité telles que la tolérance, l’ouverture sur le monde, la reconnaissance des autres loin du chauvinisme et des lamentations. Il ne s’est pas tenu au formalisme qu’il ne présente pas en de vagues considérations mais du rapport actif qui s’établit entre le public et la scène sur des sujets réels. La pensée ne se meut pas sur le plan de l’abstraction dramatique mais sur la fonction sociale directement perceptible à travers le contenu, les idées de la pièce, le langage de la rue, dans une atmosphère toujours chauffée, quelque fois pathétique, de sentiments joliment balancés avec des vérités que tout le monde connaît.

« - tidabord, tu ne sais pas éduquer tes enfants, dit la fille moderne à Chadlia sa mère, femme voilée qui a honte de son prénom.
 Mon fils est médecin, réplique Chadlia par réconfort.
 Ya toz, toz, toz ! Docteur hogra, coupe Yamina sa fille. »

Chadlia, la femme voilée ne se laissera pas conter par Yamina, la fille moderne qui n’est même pas capable de donner un garçon alors qu’elle a accouché de deux filles. « Honte à toi, femme incapable », dit la mère.

Le sens profond de l’œuvre est exprimé par son humanité et son actualité. Entre les deux femmes, le conflit de génération est étalé dans un dialogue inin-terrompu, fort de ton, où, passé et présent apparaissent en filigrane à travers leur personnalité scénique sur des sujets de circonstances : l’amour de l’autre, respect de chacun.

Dans cette pièce, « Yamina », tout y est disséqué, retourné dans tous les sens s’agissant du « souk » des femmes qu’insinuent les hommes et aussi des ja-lousies jamais dites mais…devinées.

Les deux comédiennes s’en sortent à merveille dans ce moment de grande vé-rité qu’est le théâtre. Elles se sont données avec beaucoup d’intensité, une vi-gueur d’autant plus grande qu’elles restent longtemps en scène. L’humanité des deux personnages, leur rôle social, leur sens par rapport à la pièce, reste-ront vivant dans l’esprit des spectateurs.

Il faut signaler le savoir faire imaginatif du réalisateur pour un décor figé, subtil et adapté en plus du jeu scénique des actrices ; Malika Youcef, fougueuse et expérimentée et Wahiba Adnane une étudiante de Sidi Bel Abbès très présente.

La coopérative théâtrale « L’atelier el Bahia », ainsi que toutes les petites troupes autonomes, méritent une attention continue des institutions afin que les artistes se consacrent plus à la production artistiques qu’aux sempiternels problèmes matériels et de déplacement qui découragent plus d’un. C’est ce qu’a fait le Ministère de la Culture en accordant des aides dans divers secteurs de l’art ce qui ne peut qu’encourager et les artistes et les producteurs d’art.


Abderrahmane Zakad, Sétif.Info

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