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Abdelaaziz Ferrah, écrivain et historien nous quitte.

dimanche 24 juillet 2011, , article écrit par A Nedjar.Sétif info et publié par A. Nedjar


Né en 1939 à Sidi Erghiss dans la Wilaya d’Oum El Bouaghi, ingénieur d’État en agronomie et Titulaire d’un 3 ème cycle en géographie à Montpelier, Abdelaziz Ferrah, auteur, est décédé le 20 juillet 2011 à la suite d’une longue maladie.

Son livre phare est cependant : Le temps d’une halte et sa « rencontre » avec l’Émir qui décrivit comme étant un personnage qui aurait passé sa vie à écrire s’il n’y eut pas cette incursion barbare coloniale contre laquelle il mobilisa des populations pour une résistance longue et difficile.

Qui est l’Émir Abdelkader ? Homme de lettres, stratège guerrier, mystique, spirituel… !il est dépeint par l’auteur qui élabore son ouvrage dans une forme dialoguée (questions– réponses au nombre de 360) qui vont l’enfance de l’Émir Abdelkader jusqu’à ses années de résidence surveillée à Amboise, de remise en liberté en Syrie en passant par sa longue période de lutte, d’homme de lettres particulièrement doué et de vie spirituelle.

Privilégiant l’aspect pédagogique au lieu de la narration pure, l’auteur laisse son personnage parler de lui-même en imaginant que tout le monde en est témoin.

Avec un début de démocratisation et d’ouverture, notamment en Algérie, Abdelaziz Ferrah n’eut cesse de revisiter notre histoire tourmentée à travers plusieurs ouvrages , faisant revivre certaines figures emblématiques de cette histoire du Maghreb. Il nous restitua cette épopée à travers des ouvrages qu’il a dédié à La Kahina, l’Émir Abdelkader, Saint Augustin, Tarek ibnou Ziad,Massinissa & Sophonisbe, sa belle promise morte tragiquement après la défaite et la destruction de Carthage.

Rome n’avait laissé aucun espace d’expression des régions dominées, notamment en Afrique du Nord en s’accaparant leurs richesses, leurs cultures et leurs élites.

Longtemps après, les arabes avaient mis en œuvre ce qu’il convient d’appeler « El Foutouhat » qui traduisent clairement une négation et une abstraction de toutes civilisations antérieurs à leur arrivée.

Abdelaziz Ferrah est de ceux qui ont lutté contre cette acculturation et qui ont comblés ces vides en mettant au devant un certain nombre de personnages qui avaient précisément joués des rôles importants et significatifs dans la Numidie ou dans notre histoire ancienne.

Le monde de la culture algérienne perd en cet homme de lettres et de savoir un leader , le précurseur d’une certaine démarche qui , sa vie durant ,il s’est consacré à l’écriture, revisitant à sa manière l’histoire de la Numidie ,ressuscitant des pans entiers de notre patrimoine historique et culturel occulté.

Avec sa plume curieuse et son esprit impénitent de chercheur infatigable et insatiable de la connaissance de notre histoire depuis nos lointaines origines pour la réappropriation de nos valeurs identitaires , garantes de notre personnalité algérienne aux sources multiples ,Abdelaziz Ferrah permet de nous éclairer sur ce passé pour avancer sereinement dans le présent. C’est du moins ce qu’étaient ses soucis margeurs de ce qu’il avait espéré du plus profond de lui-même pour que notre Algérie se réconcilie avec son passé ,son histoire, donc avec elle même.

Où est passé Tarek ?Titre de l’un de ses ouvrages, c’est toute la problématique de la connaissance et de l’enseignement de l’ histoire d’Algérie qui se cherche.
En digne descendant de Tarek, feu Abdelaziz Ferrah a su lutter avec sa plume contre cette monstruosité qu’est l’amnésie ou l’ignorance de notre histoire, de toute notre histoire .

Que dieu ait âme de Abdelaziz Ferrah en son vaste paradis

Bibliographie de l’auteur

« Kahina, reine berbère (roman) » ; « L’Amazigh, écrire le berbère (essai) » ; « Kahina dans la problématique berbère (revue Repères) » ; « L’Émir Abdelkader (roman-interview) » ; « Etienne et Slimane (roman) » à propos du peintre humaniste Etienne Dinet , ouvrage sélectionné dans le cadre de l’année de l’Algérie en France en 2002 ; « A poings fermés », roman sur la vie de Charles de Foucauld dans le Hoggar, ouvrage sélectionné dans le cadre de l’année de l’Algérie en France en 2002 ; « Massinissa et Sophonisbe » pour le théâtre ; « Moi, Saint Augustin, fils de Aferfan de Thagaste » en français sur la vie de Saint Augustin en tant que Berbère, ouvrage traduit en arabe et sélectionné dans le cadre de l’Algérie, capitale culturelle arabe en 2007 ; « L’Algérie, civilisations anciennes du Sahara », un livre beau sur les images rupestres du Tassili ; « La Casbah d’Alger, ruines et espoir ?), un livre d’art sur la situation de péril de la Casbah d’Alger ; « Zaphira ou la bataille pour Alger en 1516 à l’arrivée de Arouj Barberousse à Alger et « Où es-tu passé Tarek ? », roman Tarek ibn Ziad et l’occupation de l’Espagne en 711 .
« Le Cahier de l’Amazigh » sur l’initiation à l’écriture berbère et au comput, la réédition « L’Amazigh, écrire le berbère » édité en 1998 et « Eunoé, reine berbère de Gétulie et Jules


A Nedjar.Sétif info

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