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Massacres du 8 mai 1945 dans la région de Sétif et long siège de la cité Zianide de Tlemcen : Les questionnements de l’histoire.

mercredi 2 mai 2018, par Hamoud ZITOUNI


La maison de la culture Houari Boumediène de Sétif a accueilli récemment coup sur coup deux conférenciers, le premier, Kamel BENIAICHE, journaliste de la presse nationale et la seconde étant Fatima-Zohra BOUZINA-OUFRIHA, tout à la fois économiste, sociologue et historienne de formation et de profession.
Le probable doyen des correspondants de presse est venu présenter le 17 de ce mois d’avril son laborieux ouvrage intitulé « La fosse commune » consacré aux événements du 8 mai 1945 qui ont endeuillé Sétif et toute sa région nord jusqu’au littoral bougiote et jijelien au moment même où l’humanité entière fêtait la fin de seconde guerre mondiale.

L’ouvrage publié sobrement aux éditions El Ibriz en 2016 relate les péripéties de l’innommable massacre collectif qui a suivi l’assassinat de sang froid du jeune SAAL Bouzid par un policier lors de la marche pacifique organisée par les scouts et les militants du PPA sur la principale artère de la ville de Sétif. Pour cela le journaliste d’investigation qui se défend d’être un historien au sens académique du terme, procède à l’exploitation minutieuse des archives dont il a pu avoir accès y compris en France ainsi qu’une copieuse documentation diverse devenue du domaine public. Il procédera aussi à l’audition de témoins directs encore en vie avec le soin de recouper et questionner la vraisemblance. Un travail ardu et long que l’auteur dit avoir accompli comme un devoir ou une dette à l’égard de son pays.
Un livre à lire absolument par les nouvelles générations pour en connaître sur cette hécatombe qui constitue l’un des crimes coloniaux les plus abominables que l’humanité a connu. Il vient en complément à d’autres ouvrages de niveau académique traitant du même sujet dont il faut citer celui de Mahfoud KADACHE (SNED) et des Jean Louis PLANCHE (ed.CHIHAB).
Il est pour le moins curieux, que cet ouvrage n’a pas connu le soutien financier de publication ni du ministère de moudjahidine ni de la wilaya et de la commune de Sétif.

La seconde conférence tenue le 19 avril par Fatima Zohra BOUZINA-OUFRIHA fut consacrée à la cité zianide de Tlemcen qui fut au cours des XIV ème et XV ème siècles un pôle d’excellence dans les sciences rationnelles, de la jurisprudence, de la théologie, de la logique, de l’architecture et des arts, ceci grâce à un généreux et intelligent mécénat des divers souverains qui se sont succédés. Les 5 « madrassa » ou écoles qui étaient édifiées dans cette cité millénaire drainaient les meilleurs maîtres dans les diverses disciplines pour former les centaines d’apprenants destinés à la magistrature, aux hautes fonctions publiques, à l’imamat, à l’enseignement et à la création intellectuelle et artistique y compris au profit des autres cités et royaumes maghrébins de l’époque. Comme toute cité, Tlemcen qui connut son apogée civilisationnelle, entama sa régression avec sa mise en siège par les guerriers mérinides. Ce siège éprouvant aurait duré 8 ans selon ce qui est rapporté par A. IBN KHALDOUN. Mais dans le débat qui a suivi la conférence, un intervenant, bien au fait de la chose historique, a mis en doute cette durée qui semble invraisemblable. Sachant qu’il faut à une personne un minimum d’un quintal de céréales par an pour subsister, comment a-t-on pu faire survivre une population isolée du monde extérieur qui se dénombrait en quelques milliers de personnes ? Aucun réseau de silos enterrés (matemore) ou édifiés (guelaa) de l’époque ne pouvait y suffire. Il est vrai que l’histoire « vraie » n’existe pas dans l’absolu et qu’elle constitue pour ses professionnels un continu questionnement.

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