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Entretien avec Mr Djerrad Amar, candidat du parti des travailleurs (PT) à l’APW de Sétif.

mardi 27 novembre 2012, , article écrit par Nabil Foudi et publié par La rédaction


Mr Djerrad est ingénieur en statistiques. Il a occupé plusieurs fonctions en qualité de cadre dans des entreprises d’Etat ainsi que sous-directeur de wilaya dans une direction de planification. Il est aussi l’auteur d’une centaine d’articles politiques dans des journaux et sites algériens et étrangers.

Sétif – info : Votre parti, celui des travailleurs, le PT a présenté des candidats aux APC et à l’APW comment se déroule la campagne ?

Djerrad Amar : C’est la première fois que je me présente à des élections. Je pense que cela se déroule bien. Nous sommes présents dans plusieurs communes. Bien que nous ayons des militants et sympathisants partout, dans les moindres recoins, il n’est pas aisé, quand il s’agit de passer aux candidatures, d’ériger, pour certaines communes, des listes qui répondent à certains critères et conditions. Soit parce que certains citoyens ne veulent pas, par honnêteté, s’y aventurer, soit parce que la condition du quota féminin n’est pas remplie. Cette dernière condition doit être le problème rencontré par toutes les formations politiques en lice pour certaines communes. En tous les cas nous avons fait ce qui est dans nos possibilités pour toucher le maximum de citoyen. La SG a fait un meeting à Sétif. Quant à nous, nous avons axé sur les communes reculées jusqu’aux villages, surtout au nord de la wilaya. Nous avons privilégié le contact direct. Je dois préciser que nous le faisons avec nos propres moyens. Ce que l’on nomme la pratique de la « chekara » est banni au PT, car il s’agit d’une tromperie. Nos candidats et nos sympathisants participent comme, ils peuvent, à cette campagne qui par son véhicule, qui par le financement des affiches etc. Je profite pour remercier Sétif-info qui a ouvert son site aux formations politiques en lice à Sétif pour faire connaitre aux électeurs leur programme et leurs candidats.

Est-ce que vous avez eu des problèmes particuliers durant la campagne ?

Aucun. Nous avons été bien reçus. Nous n’avons eu aucune difficulté à présenter notre parti. Tous le connaissent au travers de son sigle ou de la SG. Dès que vous dites « parti des travailleurs » on vous réponds « ah ! Louiza Hanoune ». Je pense que le parti donne une bonne impression.

Qu’avez- vous dû leur expliquer pour les convaincre de voter pour le PT. Avez-vous par exemple un programme pour la wilaya et les APC ?

Un programme pour les APC ? Vous vous imaginez combien de programme il faut pour Sétif avec ses 60 communes ? Non, ce serait un mensonge si nous disions aux électeurs que nous avons « un programme » pour leur commune et même pour la wilaya. Aucun parti ne peut le faire. Le travail correct est de recenser tous les besoins pour chaque commune ; chose difficile à faire dans le cadre de l’activité d’un parti en campagne électorale. Il ne faut pas croire à cette histoire de « programme » par commune ou aux promesses électorales que l’on donne au gré des rencontres sur la base d’informations aléatoires saisies çà et là. Au PT, nous avons évité cette démarche.

Comment vous avez fait ?

Il suffit d’expliquer ses principes d’abord et dire ensuite que la meilleure façon est de faire, si l’on est élu, des visites aux communes pour recenser les besoins par priorités, car seules les communes sont à même d’exprimer leurs besoins selon les préoccupations de leurs citoyens. Les idées deviennent projets une fois étudiées dans leurs utilités, faisabilités, capacités de réalisation etc. dans le cadre d’un arbitrage. Il serait stupide voire irresponsable d’adopter des projets que l’on ne réalisera pas. Chaque commune a ses spécificités que les élus doivent connaitre.
Beaucoup ne connaissent pas les attributions et les missions de ces assemblées, APC et APW. La plupart leurs attribuent des « pouvoirs » qu’elles n’ont pas. Comme par exemple distribuer des logements, des locaux commerciaux ou les problèmes personnels des citoyens. Ce sont des instances délibérantes de la commune et de la wilaya qui obéissent à leur code respectif. Des instances composées d’élus, par les citoyens, qui les représentent dans la prise de décision sur des choses qui concernent leur vie courante, leur bien-être. Une façon de les impliquer sans se voir imposer des choses qui ne les intéresse pas ; tous simplement. Les élections sont une méthode universelle qui permettent, par le jeu démocratique, aux citoyens de choisir ceux qui doivent les représenter. Pour ce qui est de la wilaya, le wali, nommé par le président de la République, est chargé d’exécuter les décisions prises par l’APW. Il y a, à mon avis, encore beaucoup à faire pour emmener le citoyen à exercer ce droit, mais aussi ce devoir avec confiance.

Quels sont alors les principes du PT

Ce sont ceux évoqués dans le fascicule de 4 pages intitulé « programme électoral des candidats du Parti des travailleurs aux élections locales (APC-APW) du 29 novembre 2012. Il s’agit d’un « engagement électoral » ayant pour slogan central « pour immuniser la nation » que votre site a publié avec quelques-unes de nos affiches. Il dit en gros ceci : que les élus s’engagent à considérer leur participation comme un souci de sauvegarde nationale suite au déficit en légitimité dont souffrent nos institutions. L’APC et l’APW sont les bases qui permettent de restituer la parole au peuple par ses représentants librement élus mais contrôlables et révocables si nécessaire. Les autres engagements sont de soutenir toutes les actions permettant d’aider notre pays sur tous les plans en particulier l’égalité des droits pour tous, une répartition juste des richesses par le système de péréquation pour éviter les disparités régionales, les régions qui accusent un retard doivent être favorisées pour en faire des espaces utiles. La décentralisation qui livrerait certaines communes à leur sort est refusée, car elle pousserait les élus à accabler les citoyens par l’impôt ou braderait le patrimoine foncier. Compte tenu de l’évolution démographique et des besoins la multiplication des APC est souhaitable, car cela permet d’améliorer les conditions des citoyens. Les investissements publics sont à encourager dans la mesure où ils permettent la relance de l’économie et la création de l’emploi ; dans ce sillage il est nécessaire de rouvrir certaines EPE dont les entreprises communales et de wilaya et ce en plus des entreprises de tourisme et de la pêche qui sont de forts secteurs pourvoyeurs d’emplois. L’agriculture doit avoir une attention particulière, car vitale permettant une sécurité alimentaire et la réduction de l’importation. Nous reconnaissons les efforts déployés par l’Etat en matière de développement au travers des investissements importants dans tous les secteurs, mais à cause de l’absence d’instances réellement élus on constate une certaine anarchie qui empêche la définition des projets, les priorités et leur gestion convenable. Au sujet des spéculations qui engendrent la flambée des prix il est nécessaire de revenir aux offices nationaux pour les produits stratégiques ; on évitera bien des mécontentements et conflits. Ce sont là quelques axes de réflexion ; pour plus, je renvoie le lecteur au fascicule qui a été distribué partout.

Certains ne croient pas au vote.

Beaucoup ne font pas confiance. Même les pays avancés à tradition démocratique sont confrontés à ce problème d’abstention. Chez nous on avance comme motif que voter ou non c’est toujours le même résultat, les mêmes hommes en évoquant la fraude. Ce qui n’est pas totalement faux ! A propos de la fraude, évoquée souvent, elle est bien réelle, mais pas fatale. Ce sont toujours les incompétents qui fraudent ; c’est donc leur problème et non celui des gens qui votent honnêtement. Pour leur barrer la route, il faut s’impliquer dans la vie politique, se porter candidat et surtout voter. Les places vides sont toujours occupés par les cupides et les opportunistes. Nous n’avons cessé de l’expliquer lors de nos meeting et rencontres. Ce qui est rassurant c’est que les universitaires et les cadres, parfois ayant une longue expérience, commencent à s’y intéresser. Il suffit de voir la qualité des candidats selon les affiches. Pour notre part, au PT, nous avons, à notre sens, présenté aux électeurs des listes appréciables. Je répète que les citoyens doivent s’impliquer en adhérant aux partis et/ou en présentant de façon civilisée leurs idées et leurs problèmes, car nous avons les moyens légaux pour cela. Nos insuffisances dans la pratique démocratique viennent plus d’un manque d’expérience que d’une absence de volonté, à mon avis. On ne peut pas exiger d’un pays nouvellement engagé irréversiblement dans ce processus les mêmes choses qu’un pays à longue tradition démocratique. 20 ans de pratique n’est rien devant 200 ans, 100 ans ou 50 ans. J’ai constaté, à propos d’irréversibilité, que les jeunes âgés de 35 ans et mêmes plus ne comprennent pas le système de parti unique et s’étonnent que leurs aînés aient vécu cette période. C’est un bon signe !

Le PT fera-t-il alliances avec d’autres formations politiques élues ?

C’est même souhaitable et nécessaire au niveau local. Nous prenons l’engagement d’œuvrer, dans le respect des positions de chacun, de contribuer aux solutions collectives pour résoudre tous les problèmes touchant directement la vie et le bien-être des citoyens en particulier les questions relatives au logement, l’emploi, le transport, les soins, l’enseignement, l’eau, l’électricité, les raccordements au gaz, les routes, l’hygiène, la poste, les jardins d’enfants, les crèches, les espaces culturels et sportifs, les parcs…En fait, les candidats, une fois élus, doivent se considérer comme partenaires. Ils doivent travailler de concert pour le bien de la communauté, de la cité qui est d’ailleurs l’objectif de chaque parti. La compétition électorale n’est qu’une étape pour faire accepter ses idées qui ne peuvent se concrétiser, une fois élu, que par la concertation, l’esprit d’équipe et de complémentarité. Dans le cas d’insuffisance ou d’échec, le citoyen ne fait pas la distinction pour faire porter la responsabilité. Pour lui c’est tous les élus ! Et de raison ! J’ai remarqué, toutefois, que les mentalités ont bien évolué dans le bon sens. L’esprit partisan tenace et extrémiste n’a plus cours, même chez les citoyens. Tant mieux !

Avez-vous des choses ou remarques à ajouter ?

Oui, j’ai une remarque à faire suivie d’une petite analyse politique que je veux transmettre. La remarque est que si le candidatle est élu, c’est que le citoyen lui fait confiance. Il doit donc répondre à ses attentes. Notre devoir est de ne ménager aucun effort pour accomplir notre mission comme il se doit afin d’améliorer ses conditions de vie dans tous les domaines. Notre tâche consiste à faire tout ce qui est dans notre pouvoir pour éliminer le maximum de contradictions dans notre société. Cela commence par la commune qui est la cellule de base. Il faut dire que les ennemis prédateurs qui n’attendent que les moments propices pour déstabiliser notre pays se servent toujours des contradictions comme arguments justifiant l’ingérence. Dans leurs stratégies, l’étude des contradictions des pays visés est un élément fondamental ; dans le but de les exacerber et pousser au désordre pour affaiblir et mieux dominer ; aidés souvent par des félons corrompus. Ils ont essayé, chez nous, sans succès, mais la partie n’est que remise. Tout ce qui se déroule actuellement dans le monde arabe est planifié sur cette base pour les mêmes objectifs. Ce que l’on appelle « Nouveau Moyen-Orient » n’est autre qu’une stratégie visant à morceler les Etats arabes pour en faire des entités sans puissances, sur des bases religieuses, sectaires et ethniques et ce, pour mieux accaparer leurs richesses. Nous devons donc y prendre garde en avisant nos concitoyens, surtout nos jeunes, de ce danger et faire tout pour avoir le moins de contradictions possibles pour faire échec à toute tentative malveillante prédatrice extérieure. En somme « immuniser » notre pays des risques de chaos. D’où le slogan du PT « immuniser la nation ».

(Réalisé le 24-11-2012)


Nabil Foudi

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