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Hommage à Omar Mokhtar Chaalal

dimanche 15 mai 2016, par Zoghbi F, El Moudjahid


Omar Mokhtar Chaâlal n’est plus ! Il s’est éteint hier à l’âge de 70 ans, après avoir lutté courageusement contre cette maladie qu’il ne craignait pas autant que le combat qu’il avait mené pour relever le défi de la vie ; cette vie qu’il aimait tant, qu’il a vécue toujours avec un sourire presque moqueur de la mort et durant laquelle il a tant donné dans son militantisme quotidien auprès de grands hommes, mais aussi tous ces souvenirs qu’il s’est acharné à graver sur des pages qui ne l’oublieront pas de sitôt et resteront témoins du quotidien d’un homme qui avait plaisir à vivre dans l’ombre et écrire sans répit les choses de la vie. Un homme d’une sincérité absolue et d’un courage à en revendre, qui aimait bien la vie, mais ne rejetait rien d’autre, tant et si bien que dans la maladie qui le rongeait chaque jour un peu plus, il recommandait à ses amis de rester debout, arborant son traditionnel sourire jusqu’à ce que mort l’emporte.

Omar, que nous affectionnions particulièrement, continuait dans sa douleur à partager la douleur des autres, il avait plaisir à remonter le temps aussi sombre, il était de ceux qui voulaient conjuguer le présent à l’avenir et me disait, il y a quelques jours, alors qu’il assistait difficilement aux obsèques d’un ami et que je lui disais qu’il avait bonne mine. « La mémoire déambule et se fige », avais-tu écris en effet, très cher ami, et rien n’est trop loin ni trop près, mon ami, tu as lutté et servi ton pays jusqu’à ton dernier souffle, et du « proscrit » jusqu’à « Talghouda », en passant par « Kateb Yacine l’homme libre », et déboucher sur cette formidable aventure de l’entente de 1962 à 1988, pour ne citer que ces titres. Tu nous auras dit bien des choses que nous n’oublierons pas de sitôt. Il me reste encore en mémoire, ce jour où tu recevais Kateb Yacine dans les espaces de la prison civile, alors Institut de la formation professionnelle, mais que tu entretenais jalousement pour la mémoire. Kateb te précéda et pénétra dans l’une de ces cellules pour remonter le temps. Tu ne disais rien, mais tu comprenais tout, tout de l’homme et du « Kablouti » qui te demanda de l’emmener sur les bords de l’Oued Bousselem où il s’allonge, puis, dans un sommeil profond, se laissa emporter par les flots de sa jeunesse.

Quelques minutes plus tard, tu le réveilleras, il se mit sur un coude et réplique : « Dieu, comme l’eau peut emporter loin… » Tu vivais au temps des platanes centenaires d’Aïn El-Fouara, et tu avais plaisir à me raconter ce moment pour toi inoubliable ; nous attendions que le gardien d’Aïn El-Fouara accapare un moment de sieste pour aller très vite nous jeter dans un de ses quatre bassins, et nous rafraîchir en ces journées estivales.

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