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Le 17e vendredi de la contestation populaire à Sétif : Le rebond

samedi 15 juin 2019, par Hamoud ZITOUNI


Comme par un sursaut, les Sétifiens se sont ressaisis ce vendredi 14 juin 2019, 17ème du genre. Alors que le précédent vendredi, ils ne comptaient à peine qu’un millier de manifestants à venir braver l’éprouvante canicule et le desséchant sirocco qui soufflait sur la ville, cette fois-ci leur nombre a plus que quintuplé ou sextuplé alors que le soleil brûlant et assommant était au rendez vous lui aussi.

L’expression d’un grand courage et de détermination, à l’instar de ce qui se produit inlassablement et pacifiquement tous les vendredis depuis ce fameux et incroyable 22 février, libérateur de la parole et pas que cela.
Ils étaient donc entre 5000 et 6000 citoyens venus des quartiers populaires de la ville de Sétif et des communes des éloignées du chef-lieu comme en témoignent les bus garés à l’alentour mais aussi la bannière amazighe brandie ou même accolée à l’emblème national comme un fort symbole adressé aussi bien au totalitarisme méprisant et négateur qu’au sécessionnisme haineux et suicidaire. Ici, dans ces régions montagneuses du nord de Sétif, comme celles des Aurès, de Ghardaya, du Djurdjura, du Zaccar, du Hoggar, de Tamentit et de Béni Snous, la revendication identitaire et culturelle n’est pas antinomique au sentiment d’appartenance à une nation soudée par le présent et l’histoire. L’Algérie belle et rebelle est tout à la fois unie et plurielle.

Toujours pacifique, gouailleur et bon enfant, le hirak sétifien, à l’instar de tout le hirak national, renouvelle ses mots d’ordre et du coup ses revendications qui s’adaptent à l’actualité et aux faits du jour. Ainsi « Dawla madania machi askaria » (Etat civil non militaire), « Tetnahaw gaa ou tethasbou gaa » (Vous serez tous évincés et jugés), « Bedoui fel Harrach » (Bedoui à la prison d’El Harrach), sont alternés avec les infâmants « Khlitou leblad ya serrakine » (Vous avez pillé le pays ô voleurs), « Serrakine, khedaïne wi biou fel cocaïne » (voleurs, traitres et vendeurs de cocaïne). Par les voix en chœur ou par les écriteaux brandis les partis de l’ex coalition présidentielle sont vilipendés sans ménagement. Les pots de yaourts sont eux aussi agités comme symbole d’une dérision et d’une revanche sur un des nouveaux locataires VIP de la prison d’El Harrach.

Contrairement à ce qui se dit ici et là, les services de police de Sétif continuent d’assurer avec professionnalisme la sécurité des manifestants et faciliter avec courtoisie leur marche à travers les artères de la ville. Aucune contrainte policière, aucune bousculade dans la foule, aucun vandalisme, aucune expression de rivalité de courants politiques certainement présents dans la foule, aucune parole déplacée de la part des manifestants à l’égard des policiers placides. Mieux : arrivés devant le commissariat central, les manifestants ont tenus à saluer les hommes en bleu par un « Chaab, chorta, khawa khawa » (Peuple et police, frères). Touchons du bois, croisons les doigts.

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