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Le 18e vendredi de la contestation populaire à Sétif : la réponse cinglante

samedi 22 juin 2019, par Hamoud ZITOUNI


Comme il fallait s’y attendre, en cet après midi du 21 juin, malgré le soleil de plomb et le souffle brûlant du sirocco, entre 5 et 6000 citoyens se sont assemblés sur leur agora habituel pour crier leur colère contre ce qu’ils désignent par les « issabat » (gangs) ou mafia dont elles exigent, depuis déjà quatre mois, le départ sans délai.

Cette exigence est jugée par le mouvement de contestation indispensable à la reconstruction d’un Etat de droit sous contrôle d’institutions démocratiquement élues. En ce jour du 21 juin, les mots d’ordre sont adressés plus particulièrement aux décideurs réels qui par la force des choses, sans jeu de mot, sont chargés de veiller à ce que le pays ne bascule pas dans le chaos. Les syndromes libyen ou malien constituent une menace potentielle à nos frontières. Cependant, il semble, pour le moins que l’on puisse dire, que la communication fonctionne mal entre les décideurs réels et le peuple « hirakiste ». Celui-ci semble, à présent, las et exaspéré d’attendre le départ exigé des symboles de l’encanaillement du système.

L’incompréhension cède progressivement la place au doute et à la méfiance. L’annonce de l’interdiction de l’emblème berbère dans les manifestations populaires est très mal perçue. Ce symbole identitaire transnational adopté sur l’ensemble du Maghreb est-il vraiment une menace à la cohésion et l’unité nationales ? Il est vrai que ce même emblème est brandi par des groupes séparatistes en Algérie et ailleurs. Une vidéo circulant sur le net montre effectivement un groupe lourdement armé dans un pays voisin arborant la bannière quadricolore berbère. Mais aux yeux du peuple contestataire, l’emblème de la revendication identitaire et culturelle n’est pas incompatible avec le symbole tricolore de la nation. Il ne peut ne peut être perçu comme signe systématique de velléité séparatisme. L’interdiction de l’arborer dans les manifestations est comprise comme une diversion voire une provocation dont on peut en faire l’économie. La soif de liberté d’expression longtemps contenue, l’esprit rebelle voire revêche contre le pouvoir, font le reste. Résultat prévisible : ce vendredi à Sétif, il y eut plus de bannière amazighe caracolant aux côtés du drapeau national au dessus des têtes. Le comportement pacifique des manifestants d’une part et l’impassibilité des forces de l’ordre, cette fois-ci abondamment déployées sur les lieux de la manifestation, ont certainement permis d’éviter les troubles. Touchons du bois. Les slogans arborés ostensiblement sur les écriteaux ou banderoles ou criés en chœur par les milliers de voix se renouvellent. Ils expriment de plus en plus l’agacement de ne pas être entendu et l’inquiétude sur le proche avenir, celui-ci devenu peu lisible alors que la crise institutionnelle perdure.

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