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Kermali raconte ses 60 ans de football : « Nous sommes à 90% qualifiés au Mondial »

« J’ai qualifié les juniors au Mondial-79 et j’ai dit au ministre : “T’es pas un homme” »

jeudi 8 octobre 2009, , article écrit par Farid Aït Saâda, Le Buteur et publié par La rédaction


ésumer plus d’un demi-siècle de football en une interview aussi longue soit-elle est une entreprise impossible à réaliser, mais Le Buteur l’a tenté et le moins que l’on puisse dire est que le Cheikh reste incontestablement la mémoire vivante du football algérien. Il a été de toutes les péripéties du football national, depuis l’époque coloniale jusqu’à l’unique titre remporté par l’Algérie en 90. Toujours bon … bon œil, Kermali nous a reçus chez lui pour reparler de 60 années passionnantes. Appréciez !

* Tout d’abord merci de nous faire l’honneur d’être invités chez un des illustres noms qui avaient bâti la gloire du football algérien, dont le nom est intimement lié à Abdelhamid Kermali. Nous aimerions connaître tout sur votre parcours en commençant par votre enfance à Sétif…

Je vous remercie pour cet intérêt envers ma personne, et j’en suis heureux de parler du football qui m’a passionné depuis mon jeune âge. Je pourrais vous en parler des heures et des heures sans me lasser, tant ce sport a bercé toute ma vie. Mon enfance fut difficile et malheureuse, à l’instar de tous les Algériens de l’époque. En plus de la misère, j’ai eu le malheur de perdre mon père qui était engagé dans l’armée coloniale lors de la 2e Guerre mondiale. C’était mon oncle qui nous avait pris en charge. Heureusement que la pension de mon père avait allégé un peu ses lourdes tâches, car il arrivait difficilement à joindre les deux bouts.

* Comment s’est établie votre relation avec le football, et comment a-t-elle évolué ?

Le football m’a passionné dès mon enfance. Je me souviens très bien que j’utilisais le ballon et les souliers comme oreiller ! (Son sourire s’étire lentement), lorsque je me couchais la nuit. Je jouais dans les quartiers de Sétif au sein desquels mon talent s’était révélé. Cela étant, je ne nie pas le mérite du regretté « Layas » qui était derrière la découverte de plusieurs talents de la ville et ses environs qu’il était allé dénicher sur les terrains vagues de Sétif, en compagnie de Senoussaoui. Pour la petite histoire, celui-ci était aussi derrière l’éclosion de Makhloufi. Ce dernier a eu la chance de tomber sur un Français qui l’avait pris sous son aile. Il l’avait emmené à St-Etienne alors qu’il était encore junior. Personnellement, j’ai choisi de rejoindre l’école Albertini qui disposait d’un internat. Petit bémol ! On m’interdisait de sortir le soir, ce qui me contraignait à jouer de malice, en désertant après les cours pour m’adonner à ma passion pour
le foot ! C’était comme ça. On me répétait souvent que mon avenir était les études, je ne pouvais résister à l’appel du ballon ! ça m’avait coûté l’examen d’accès à des études supérieures qui équivaut au BAC aujourd’hui. Ma mère m’avait dit alors : « Comment compte-tu vivre maintenant ? » Je lui ai montré mes pieds et dit : Avec ça !

* Dans quel poste jouiez-vous ?

Avant-centre ! Quoi que, je pouvais jouer facilement à tous les postes.
Beaucoup de personnes associent votre nom à celui de l’Entente, mais nombreux sont ceux qui ignorent que vous aviez porté les couleurs de l’USM Alger…

* Racontez-nous ?

C’est vrai, et c’était l’une des bêtises que j’avais commises en signant une double licence : l’une pour l’USM Sétif et l’autre pour l’USM Alger, ce qui avait poussé les clubs adverses à formuler des réserves, d’où ma suspension pour une durée de deux ans.

* Comment aviez-vous atterri à l’USMA ?

J’avais été formé par l’USMS, mais le club algérois m’avait épaté pour son football de charme. J’y avais signé pour me retrouver suspendu. L’histoire se résume à ça.

* Comment avez-vous accueilli cette sanction alors ?

Je m’étais déplacé avec des amis en France, et plus précisément à Mulhouse sans avoir eu l’intention d’y jouer. Mais une fois là-bas, on m’ avait proposé de signer pour ce club. Franchement, je n’étais pas très chaud sur le coup. Ça me paraissait difficile, vu l’envergure du club. Alors, un certain Gilbert m’avait présenté à l’entraîneur du club, M. Lucien Berbere qui, dès la fin de la 1re séance d’entraînement, m’avait demandé de signer, ce qui fut fait immédiatement, alors que je n’avais pas encore 19 ans. Quelque temps après, je suis retourné à l’USMA pour y jouer avec les amateurs, dont l’un était chauffeur de taxi, l’autre docker ! Je dormais à l’époque dans une salle de boxe à Bab El-Oued. Cela n’avait pas empêché l’USMA de produire à cette période l’un des plus beaux football.

* Vous êtes resté à l’USMA ?

Non ! Je suis retourné encore une fois à Mulhouse, pour entamer ma véritable carrière professionnelle. De là j’étais allé dans un club duquel je garde des souvenirs impérissables, notamment avec les stars mondiales du cinéma. L’une d’elles est était Brigitte Bardot. Lorsque je l’ai vu marcher sur le tapis rouge du Festival de Cannes, je m’étais senti comme dans un rêve ! Un rêve fou, en fait ! De là, je suis parti à Lyon. Avec ce club, mon jeu a pris une autre dimension, bien que mon expérience lyonnaise m’ait laissé un goût d’inachevé. Car je n’ai remporté aucun titre. On avait même perdu la Coupe de France au profit de Sedan dans une finale que je regrette encore aujourd’hui.

* Vous étiez à Lyon, et Mekhloufi à St-Etienne. Comment étaient ces derbies, entre les deux clubs et les face-à-face entre vous et Rachid ?

J’en avais joué de ces derbys, croyez-moi ! A chaque fois, la passion était là. Vrai, que j’avais été présent plusieurs fois dans ces derbies entre l’OL et l’ASSE, Le côté amusant de ces derbies aussi bien à St-Etienne ou Lyon, est qu’une grande partie du public était constituée de nos compatriotes. Des Sétifiens pour la plupart ! Je vous laisse imaginer l’ambiance qu’il y avait. C’était chaud et passionnant à la fois. En face, Makhloufi était « La » star. On se croirait au bled ! Oui, je vous assure. On entendais des chants en arabe algérien entonnés depuis les tribunes… ça avait un cachet nationaliste en effet ! J’avais mon poids au sein de l’équipe, mais Makhloufi, c’était la classe.

* A l’époque, la guerre de Libération battait son plein en Algérie, comment avez-vous vécu cette période ?

Ça me fait rappeler le regretté Layas qui transportait les Moudjahidine au Djebel, déguisés en joueurs de l’USM Sétif ! Personnellement, je m’étais impliqué du mieux que j’ai pu dans cette guerre, à l’instar des Algériens jaloux de leur pays, en payant des cotisations et dons au profit du FLN. J’avais même forcé deux joueurs marocains de Lyon à en faire de même ! Il s’agissait de Abderrazak et Abdesselam Chtouki. Je leur disais : « Si vous ne payez pas, les gens d’El-Djebha viendraient chez vous ce soir. » (rires) J’ai même fait fuir, une fois, un membre du FLN qui était recherché par la police française à Lyon.

* Racontez-nous ?

Un jour, un membre du FLN activant à Lyon m’avait demandé de l’aider à faire passer un frère alors recherché par la police française. Sur le coup, je n’avais pas le moyen de passer les différents barrages que de le cacher dans la malle de mon véhicule. Une fois, un policier m’avait demandé gentiment ce que je faisais à une heure aussi tardive, surtout que j’étais à l’époque une star de Lyon. Je lui avais répondu : « Je suis invité pour manger du couscous ! » C’était tout ce qui m’était passé à l’esprit sur le coup. Ça a marché !

* Comment aviez-vous été avisé de l’appel du FLN ?

L’idée germait dans la tête des regrettés Aribi et Boumezrag, et c’est eux qui m’avaient informé en me disant : « C’est l’appel du devoir. » J’avais aussitôt répondu : « Je suis prêt ! » Où me voulez-vous. Au Djebel ? Ils m’avaient dit que « El-Djebha » voulait créer un tapage médiatique important plus fort qu’une bombe. Cela avait débouché sur la fuite instantanée d’une dizaine de joueurs les plus connus du championnat de France dont Mekhloufi, Mustapha Zitouni et moi-même. Cette évasion avait eu un grand écho en Europe, à tel point qu’on était carrément submergés de questions par des journalistes dans un hôtel en Suisse.
Ils voulaient connaître les motifs de notre fuite. Nous avions répondu lors d’une conférence de presse que « notre pays est en guerre. Il faut l’aider ! »

* Racontez-nous votre évasion de Lyon, et quelles étaient les réactions ?

J’avais tout laissé à Lyon, l’argent, la célébrité, la gloire et même ma femme « française » que j’avais connue à Cannes et qui n’était pas au courant de notre « affaire » de peur d’être dénoncés. Nous étions deux groupes. Pour ne pas attirer les soupçons, le premier groupe avait transité par la Suisse, l’autre par l’Italie, d’où nous avions rejoint la Tunisie.

* Y avaient-ils des joueurs hésitants ?

Je ne pense pas, parce que tous les joueurs avaient une fibre nationaliste sans limite. Un joueur comme Maouche avait été arrêté alors qu’il tentait de nous rejoindre, alors que sa femme était affiliée au FLN. Ceux qui avaient tardé faisaient l’objet d’une surveillance constante de la police. Il ne faut pas douter des intentions de ces joueurs qui pleuraient à chaudes larmes lorsque retentissait l’hymne national.

* Comment s’étaient écoulées les quatre années passées avec l’équipe du FLN ?

C’étaient des années historiques durant lesquelles nous avions disputé des dizaines de rencontres, dont certaines avaient été gagnées avec de larges scores contre de grandes équipes.

* L’Egypte avait refusé de vous rencontrer…

En effet ! Nous avions été accueillis chaleureusement, mais ils avaient refusé de jouer contre nous, de peur d’être suspendus par la FIFA qui avait menacé de suspendre tout pays qui affronterait l’Algérie.

* Après l’indépendance, vous étiez retourné à Sétif, au moment où certains de vos camarades avaient préféré continuer l’aventure professionnelle en France. Aviez-vous appréhendé la réaction des Français, tout comme vos anciens compagnons ?

Je n’étais pas retourné en France, parce que je ne me sentais pas en mesure de continuer à évoluer au plus haut niveau. J’étais retourné à Sétif comme joueur à l’USMS puis à l’ESS avec laquelle j’avais décroché la 1re Coupe d’Algérie après l’indépendance aux dépens de l’ES Mostaganem. J’étais derrière le coup franc qui avait été transformé en but de la victoire. J’avais alors décidé de raccrocher les crampons en dépit de l’insistance du public qui me pressait de continuer. J’avais préféré mettre fin honorablement à ma carrière au moment où mes autres camarades tels que Zitouni, Mekhloufi, Amara avaient décidé de retourner en France avec l’accord de l’ancien président M. Ben Bella, surtout qu’ils avaient accompli dignement leur devoir national. Puis, le fait d’apprendre en France sera un jour profitable pour leur pays. D’ailleurs, tout le monde reconnaîtra le grand rôle réalisé par les anciens joueurs du FLN dans les différentes performances du football algérien

* Vous aviez entraîné l’ESS à plusieurs reprises, mais votre nom n’avait pas été cité comme celui du regretté Mokhtar Arribi. Qu’en pensez-vous ?

Personne ne peut occulter ce que j’avais donné à l’ESS pendant 14 années passées sur le banc. Je pense qui je n’ai pas obtenu avec lui des titres, exceptée la Coupe d’Algérie, mais je pense que j’étais derrière tous les sacres de l’ESS, y compris le titre de champion d’Afrique en 1988, car la génération de joueurs qui composait l’équipe avait été formée par moi-même sur le plan technique et tactique. Aussi, j’étais derrière le transfert des joueurs de l’USMS vers l’ESS, à l’exception de Serrar qui est un pur produit de l’Entente. D’ailleurs, on se relayait Arribi et moi même à la barre technique du club sétifien. Moi je donnais la culture tactique et technique, lui la rigueur, la discipline et la condition physique. En un mot, on était, disons, assez complémentaires sans le vouloir.

* Certains disaient que vous nourrissiez une jalousie réciproque, et vos relations étaient très perturbées… est-ce vrai ?

De quelle jalousie parlez-vous ? Au contraire nos relations étaient excellentes. D’ailleurs, lorsqu’on se rencontrait, on n’abordait jamais le sujet du football. Nous nous sommes jamais disputés. Au contraire, chacun souhaitait bonne chance à l’autre. Il y avait eu un petit malentendu à cause du regretté Griche qui était venu une fois se plaindre de la sévérité de Mokhtar durant les séances d’entraînement. Il les faisant réveiller à cinq heures du matin (rires). Il m’avait dit : « Dites à Arribi, s’en est trop ! Nous ne pouvons supporter ce rythme. » Mokhtar n’a rien voulu savoir. Les joueurs ont décidé alors de faire grève. J’ai dû faire preuve de beaucoup de persuasion pour les en dissuader.
* Reste que le palmarès de Aribi est bien plus important que le vôtre…
Moi je semais, lui, il en récoltait les fruits ! Je n’avais aucun problème. Car tout le monde connaissait Adjissa, Zorgane, Adjas et l’équipe qu’ils formaient. Je les avais ramenés moi-même de l’USMS.

* Quel était votre sentiment lorsque l’ESS avait été sacrée championne d’Afrique ?

Je répète que c’est le produit de mon travail, qu’ils le veuillent ou non. J’étais content pour Mokhtar, car il était plus âgé que moi, et je pense avoir contribué indirectement à ses succès.

* L’ESS avait été reléguée durant son époque…

Le club avait été relégué une fois avec Mokhtar, une fois avec moi en 1994. Nous sommes à égalité ! (Rires) Mais celle de 1994 l’avait été avec la complicité de quelques joueurs.

* Beaucoup ne savent pas qu’avant votre victoire en Coupe d’Afrique des nations (seniors), vous aviez été sacré avec les juniors…

C’est vrai ! Comme ils ignorent aussi notre victoire en Coupe afro-asiatique devant l’Iran dans des conditions épouvantables en présence de 100.000 spectateurs. L’équipe nationale juniors que j’avais entraînée était excellente à tous points de vue. Elle était constituée de joueurs de talent qui avaient joué le premier et dernier Mondial de la catégorie dans l’histoire de l’Algérie. Le titre africain avait été obtenu devant la Guinée, dont le président de l’époque, persuadé que l’équipe de son pays ne pouvait nous battre, avait quitté le stade en laissant le soin à son épouse de nous remettre le trophée. Je me rappelle également que notre président Chadli Bendjedid nous avait réservé un accueil chaleureux en Tunisie, au moment ou il y effectuait une visite officielle.

* Vous aviez réussi à qualifier l’Algérie au Mondial des juniors à Tokyo (1980), mais c’était Rabah Saâdane qui avait dirigé l’équipe lors de la phase finale. Pourquoi ?

Je me suis retiré suite à un différend avec le ministre de la Jeunesse et des sports de l’époque qui était venu en compagnie du directeur du protocole me voir à la veille d’un match important pour me dire ceci : « Le président Boumediène est malade, il faut lui faire plaisir en battant la Tunisie. » Ils avaient même menacé de me mettre en prison si je ne parvenais pas à donner « une raclée » aux Tunisiens. Je lui avais répondu : « Je suis d’accord, à condition d’aider six joueurs de l’équipe nationale dont Bouiche et Yahi qui devaient passer le Baccalauréat, car l’avenir scolaire de ces joueurs dépend de ce diplôme. » Comme ils m’avaient promis d’intervenir en leur faveur, on s’était déplacés l’esprit serein à Tunis, et avions réussi une grande performance (3-0) devant une équipe qui venait d’éliminer la grande équipe d’Egypte. On s’était qualifiés pour le Mondial. A notre retour en Algérie, je suis allé voir le ministre pour lui rappeler sa promesse en présence du directeur technique de l’équipe A, Rachid Mekhloufi. il m’avait répondu par la négative tout en sous-estimant les chances des juniors au Mondial de Tokyo. Alors, je me suis énervé en disant textuellement : « Tu n’es pas un homme ! » Et j’ai présenté ma démission sur-le-champ, raison pour laquelle j’avais été remplacé par Saâdane.
Dans l’avion, qui conduisait l’équipe au Japon, le ministre avait reconnu que c’était le fruit de mon travail. Ce qui m’avait été rapporté plus tard par Saâdane qui avait opté pour la continuité. L’équipe s’était qualifiée aux quarts de finale avant d’être éliminée par Maradona. Je me rappelle ce que me disait Chaïb qui avait été chargé de museler Maradona : « Quand il passait, je ne voyais que son maillot mais pas le joueur. »

* Dix ans après, vous avez été appelé à la rescousse pour diriger cette fois-çi l’équipe nationale A dans des conditions difficiles après son échec face à l’Egypte lors du dernier tour éliminatoire, alors que vous étiez l’entraîneur du MCA. Aviez-vous hésité à répondre à l’appel ?

Je n’ai pas réfléchi un instant quand il s’agit de l’Algérie. Je ne pouvais pas dire non, car j’ai toujours répondu présent, comme je l’avais fait une fois avec Zouba, lorsqu’on avait réussi à qualifier l’EN à la phase finale de la CAN, malgré que j’ai regretté le fait que nous n’ayons pas été invités à cette CAN. Mais chaque fois que les choses allaient mal en équipe nationale, les gens de la FAF ont fait appel à moi. Alors je leur répondais : « ça y est, vous l’avez renvoyé. J’arrive avec mon fusil ! »
* Dès votre installation, vous aviez procédé à un changement radical en faisant appel à de nouveaux joueurs…
Effectivement, j’avais fait appel à de nouveaux joueurs que je connaissais bien dont Amani qui alors évoluait en Turquie, ou en Belgique… je ne me rappelle plus, après visionnage de certains de ses matchs. Nous avions bien préparé le rendez-vous de l’Egypte en jouant un grand match face à l’Italie qui était présente avec toutes ses vedettes et qui préparait également le Mondial.

* Comment avez-vous préparé le match de l’Egypte sur le plan tactique ?

Je n’avais pas adopté une tactique défensive. Je voulais plutôt les surprendre en se regroupant en défense puis les attaquer en nombre. Malheureusement, le but qu’ils avaient inscrit au début du match. Un but litigieux, car il y avait agression sur notre gardien de but. Ça avait faussé tous nos calculs. J’avais dès le départ appréhendé cet arbitre que j’étais allé voir chez lui à Tunis.

* Pourquoi ?

L’arbitre Bennaceur, puisque c’est de lui qu’il s’agit, était louche. J’avais des appréhensions dès lors que j’avais appris sa désignation pour notre match qui était décisif et qualificatif au Mondial. Je n’avais pas hésité à me rendre en Tunisie une semaine avant le match avec l’accord de M. Omar Kezzal, président de la FAF à l’époque. Je lui avais demandé d’être honnête et courageux. Il ne m’avait pas laissé parler en criant : « Allez-vous-en ou j’appelle la police ! »
Lorsqu’on s’était retrouvés au stade du Caire, je lui vais dit : « Soyez un homme M. Bennacer !’’ A ce moment, un flic égyptien est intervenu, me brandissant son arme au visage. Je lui ai dit : « Tire. Comme ça, le stade du Caire sera baptisé à mon nom. »

* Comment était l’ambiance au Caire ?

Une ambiance surchauffée et électrique. Le public égyptien était déchaîné à l’extrême. Il ne nous laissait pas un instant nous reposer à l’hôtel. il nous ont poursuivis avec leurs cris et chansons. Le jour du match, le chauffeur du bus avait sciemment fait un grand détour dans les rues du Caire qui avait duré presqu’une heure, durant laquelle nous avions subi les insultes et les intimidations, alors qu’il ne fallait pas plus d’un quart d’heure pour aller de l’hôtel au stade.

* Comment était le moral des joueurs ?

Ils étaient prêts sur le plan psychologique. Je leur ai dit de tout donner, quitte à mourir sur le terrain, s’il le fallait. Il faut reconnaître qu’ils étaient très courageux. N’était le but litigieux, et l’occasion en or manquée par Madjer, nous aurions pu ramener un bon résultat en dépit de cette ambiance hostile, dont je vous parlais. Omar Kezzal m’avait dit après le match : « Si on s’était qualifiés, on n’aurait pas quitté le stade vivants. » L’Egypte avait besoin d’une qualification pour le Mondial italien pour éviter une explosion sociale…

* Peut-on savoir quelle était l’ambiance dans les vestiaires, après la défaite face à l’Égypte, et la quasi-certitude de rater l’occasion de participer au mondial italien ?

Il y avait la déception d’avoir raté notre objectif qui se mêlait à la satisfaction d’avoir donné le meilleur de nous-mêmes sur le terrain. Nous n’avions pas trop de regrets sur le coup, car il faut bien reconnaître que nous avions évolué dans des conditions difficiles, même si le niveau de la formation égyptienne entraînée par Al Gohary était nettement meilleur que celui d’aujourd’hui.

* La fameuse altercation avec le docteur égyptien s’est passée dès votre retour à l’hôtel. Peut-on connaître la vérité ?

Alors que nous étions très déçus du résultat, le peuple égyptien a fêté longuement cette victoire, tout en nous taquinant au passage et, même à l’hôtel Sheraton, les Egyptiens n’ont pas cessé de nous provoquer avec des phrases genre : « Voilà les pauvres miséreux »… j’étais en compagnie de Belloumi et Kadri qui n’a pas accepté ce genre de traitement en prenant une bouteille... et la suite tout le monde la connaît…

* Vous nous confirmez alors que Belloumi n’à rien à voir dans cette énigmatique affaire ?

Belloumi était l’un des meilleurs et plus célèbres joueurs de notre sélection à cette époque, et ils n’ont pas trouvé mieux pour nuire à notre équipe que de lui coller cette affaire, alors qu’il est totalement innocent.

* Avant le déplacement en Égypte, vous avez affronté l’Italie, avec une grande performance de vos joueurs ce jour-là, n’est-ce pas ?

Je me souviens très bien de cette rencontre, où plusieurs personnes, dont des responsables de la féderation ont refusé de jouer un tel match devant une grande formation comme l’Italie, qui était en train de préparer la coupe du monde sur son sol, avec la présence de plusieurs stars, tel que Donadoni, Viali ou Roberto Baggio, avant un déplacement capital au Caire, et le risque de prendre une bonne raclée, et partir le moral à zéro. Mais j’ai tenu à la programmation de ce match, et nous avons rendu la vie difficile aux Italiens, nous inclinant sur un but entaché d’une faute de hors jeu, au point même de recevoir les éloges des Italiens et de la presse locale qui a reconnu que l’Algérie méritait bien la victoire.

* C’était l’occasion de revoir une personne très chère…

J’ai reçu la visite de ma fille qui réside toujours à Rome, et je ne vous cache pas que ça ma fait énormément plaisir de la revoir… néanmoins je préfère ne pas trop parler de ces détails personnels.

* Vous avez le privilège d’avoir un riche vécu avec les Egyptiens, et notamment lors d’une rencontre historique à Annaba, où vous avez privé les Pharaons d’une qualification au mondial 2002…

C’était ma quatrième confrontation avec les Egyptiens, après une première avec le MCA face au Ahly en 1984, une seconde pour la qualification pour la coupe du monde en Italie, sans oublier la coupe d’Afrique en Algérie, où nous avons affronté une équipe égyptienne bis, où j’ai profité de l’occasion pour faire tourner mon effectif, avant de les affronter une dernière fois à Annaba, où j’ai pris les commandes de la sélection en compagnie de Zouba, après la démission de Djadaoui suite à la défaite subie au Caire « 5-2 ». L’Égypte avait besoin de la victoire au match retour tout en nous battant sur le score de « 3-0 » pour se qualifier au détriment du Sénégal, et je me souviens très bien que les journalistes égyptiens n’ont pas cessé de sonder nos intentions de lever le pied ce jour-là. Je me rappelle de l’un d’eux qui m’a clairement annoncé qu’il fallait aider l’Égypte à se qualifier car se sont des musulmans, alors j’ai répondu tout simplement que même le Sénégal est un pays musulman, avant de leur faire croire que nous serions complices… et cela est une autre histoire…

* Pourquoi ne pas céder la rencontre à l’Égypte, vu que nous n’avions rien à perdre ni à gagner ce jour-là ?

Les joueurs étaient très motivés à l’idée de battre les Egyptiens et prendre une sorte de revanche, surtout pour ceux qui ont participé au match aller, sans oublier bien sûr le public, qui n’aura pas du tout accepté un arrangement pareil, et je ne vous cache pas que les Egyptiens ont tout fait pour acheter notre complicité. Nous avons joué le coup à fond, récoltant un match nul qui a privé l’Egypte du mondial, tout en recevant les hommages des responsables, dont Abdelmalek Sellal, qui m’a félicité avant de me conseiller de ne plus remettre les pieds en Égypte, car ils n’allaient jamais oublier cet échec.

* 20 ans après avoir raté l’opportunité de participer à une coupe du monde, comment viviez-vous le parcours des équipiers de Ziani, qui sont tout près d’une qualification historique au profit de l’Égypte ?

Je suis très content du parcours réalisé jusqu’à présent, et je tiens particulièrement à féliciter le sélectionneur Saâdane, car j’étais le premier à l’encourager à prendre les commandes de l’équipe. Il était encore hésitant. Malheureusement, je n’ai plus son numéro de téléphone pour l’encourager davantage à atteindre le but du mondial, surtout que nous sommes à 90% de gagner notre ticket pour l’Afrique du Sud. C’est aux joueurs maintenant de faire le reste, surtout que la fédération fait un travail remarquable pour mettre l’équipe dans les meilleures dispositions possibles. Je souhaite la qualification avant le dernier match, afin de partir donner le coup d’envoi au Caire (sourire ).

* Vous avez été à la tête de l’équipe qui a remporté l’unique coupe d’Afrique du football algérien. Beaucoup veulent minimiser votre exploit, avançant l’argument que nous étions tout simplement le pays hôte…

C’est un faux argument, car ce n’est pas souvent que l’équipe organisatrice remporte le titre. C’est le fruit d’un travail exemplaire de tout le groupe, et d’une bonne gestion de ma part, surtout sur le plan de la discipline. J’ai même écarté un joueur évoluant à l’étranger, Bouafia, car il n’a pas accepté de rester sur le banc des remplaçants lors du second match face à la Côte d’Ivoire pour prouver au reste du groupe que c’est l’intérêt de l’équipe qui prime.

* Avant cette compétition, vous aviez écarté plusieurs joueurs tels que Hadj Adlane, Rahmouni, Zerkane, mais le plus marquant c’était Belloumi, pourtant star et grande vedette de l’équipe. Peut-on connaître les raisons de cette éviction ?

Je ne veux pas rentrer dans ce genre de labyrinthe, car je préfère garder cette affaire comme un secret.

* Pourquoi tout ce mutisme après tant d’années ?

Je ne vois pas l’intérêt de rouvrir ce chapitre, au risque d’avoir un litige avec l’intéressé.

* Pour beaucoup de gens, c’est Menad et Madjer qui sont à l’origine de cette mise à l’écart….

La vérité c’est que j’ai programmé un stage bloqué à l’hôtel 5-Juillet, et Belloumi m’a demandé de venir quelques jours plus tard, chose que j’ai refusée bien sûr, car je ne rigole pas avec la discipline, surtout quand il s’agit de l’équipe nationale. Vous savez, j’ai laissé l’argent et la notoriété à Lyon pour servir mon pays, et j’étais prêt à écarter même Madjer en cas de mauvaise conduite.

* Belloumi aurait été donc retenu dans le groupe, s’il avait répondu présent au stage dès le début ?

Bien sûr, car personne ne pourra nier l’immense talent de Belloumi, même s’il n’a pas fait un parcours digne de ses capacités, surtout que j’ai toujours rêvé d’aligner le trio Madjer-Belloumi-Merzekane durant la compétition pour remporter le titre.

* Belloumi, dans une récente interview pour un journal qatari, a avoué que quelques journalistes ont fait pression sur vous pour l’écarter, dont Habib Benaïli, qui a tout démenti, ajoutant au passage qu’un homme tel que vous, avec une aussi forte personnalité, ne devrait pas suivre les bobards des autres...

Je pense que Belloumi s’est trompé de cible cette fois-ci, car tout le monde sait que je suis un « Kamikaze », et j’ai même fait la sourde oreille à 80 000 supporteurs du MCA, et laissé Benchikh sur le banc. Ce n’est donc pas un journaliste qui va me faire changer d’avis, et je ne veux pas trop m’attarder sur ce sujet, pour ne pas perdre l’estime d’un homme qui m’aime vraiment et qui n’oublie pas de me saluer quand l’occasion se présente.

* A part Belloumi, pourquoi Zorgane n’a pas fait partie du groupe ?

Zorgane n’a pas eu un comportement exemplaire lors d’une séance d’entraînement en s’accrochant avec Meftah. J’ai sermonné les deux joueurs car ce n’était pas un match derby entre l’ESS et la JSK. Au final, Meftah a bien compris le message, alors que Zorgane a choisi de quitter les lieux malgré les conseils de Serrar de rester et tourner la page, avant de regretter son geste, mais c’était trop tard.

* Vous avez surpris votre entourage par la sélection du défenseur de la JSK, Massoud Aït Abderrahman, tout juste moyen à l’époque ?

Je l’ai vu à deux reprises avec la JSK, et je ne pense pas avoir fait une erreur en lui faisant confiance. C’est un joueur calme et surtout confiant en ses capacités, et c’est pour cela que je n’ai pas hésité à l’aligner dans le onze rentrant lors de la finale.

* Vous avez fait confiance à Saïb, pourtant suspendu…..

C’était l’un des joueurs les plus doués de sa génération, en compagnie de Rahem et Laïzizi. En plus, il n’était pas le seul suspendu retenu dans le groupe, car Serrar aussi était suspendu… Beaucoup de gens ont critiqué mon choix, mais j’ai eu raison au final, surtout après la blessure d’Adghigh.

* Regrettez-vous le fait de n’avoir pas convoqué un joueur en particulier ?

Non, je ne pense pas, sauf que j’aurais dû retenir peut-être Tasfaout en compagnie des autres jeunes joueurs convoqués.

* Avez-vous douté de la capacité de l’Algérie de rafler le sacre final ?

Absolument.  Nous avions récolté toutes les récompenses : meilleure défense, meilleure attaque, meilleur joueur du tournoi et meilleur buteur, et malgré quelques difficultés face au Sénégal, je pense que nous méritions largement ce sacre dont nous sommes très fiers. D’ailleurs nous étions les seuls à pouvoir gagner le trophée avec les juniors et les seniors sans oublier bien sur la coupe afro-asiatique.

* Après les coupes d’Afrique et afro-asiatique, vous aviez fait confiance à de jeunes talents tels que Raham, Lazizi, Tasfaout ou Lounici, et même à des joueurs émigrés comme Haraoui et Sandjak, avant de faire confiance uniquement aux « vieux » lors de la coupe d’Afrique au Sénégal, d’où la rumeur que vous aviez été contraint de subir la loi des cadres…

C’est vraiment du n’importe quoi ! C’était une période très délicate, et j’étais dans l’obligation de faire confiance aux anciens, surtout que je voulais construire une équipe rajeunie pour le tournoi suivant, mais dès notre stage de préparation au Maroc, j’ai constaté pas mal de choses négatives, à commencer par le litige concernant les primes, avant la grande polémique concernant les tenues avec d’autres couleurs que celles du drapeau algérien, chose qui a vraiment irrité les joueurs. Mais le facteur qui a le plus influé sur le rendement général de l’équipe, c’était la crise politique au pays. Au lieu de se concentrer uniquement sur les entraînements, plusieurs joueurs ont même voulu rentrer, car la situation du pays, c’était plus important pour eux que la coupe d’Afrique des nations

* Avez-vous senti un déchirement au sein du groupe par rapport à leur vision politique ?

C’est sûr qu’il y avait des clans dans l’équipe par rapport à ça, et je me rappelle que parmi les raisons de notre lourde défaite face à la Côte d’Ivoire, est qu’un groupe de joueurs est allé faire la prière du Dohr avant de revenir quelques minutes avant le coup d’envoi de la rencontre, sans pour autant prendre part convenablement à l’échauffement d’une telle rencontre, mais j’avoue que je ne pouvais rien faire dans ce domaine.

* Il y avait même la suspension de Adjas, ce jour-là, en tout début de la rencontre…

Je ne veux pas polémiquer sur ce sujet, car plusieurs raisons on été à l’origine de ce lourd revers, et je dis haut et fort que c’est à cause de la crise politique au pays et la démission du président Chadli que nous sommes passés à côté du sujet.


* Mais vous auriez pu vous ressaisir lors du match suivant face au Congo…

Le faite de subir une lourde défaite face à une très bonne formation de la Côte d’Ivoire, vainqueur notamment du tournoi, a beaucoup affecté le moral des joueurs qui n’ont rien pu faire pour revenir après contre le Congo.

* Vous aviez préféré assumer seul la responsabilité de cette déroute, alors que c’était en vérité un échec collectif ?

J’ai déposé ma démission durant l’assemblée générale de la FAF, dès mon retour au pays, voulant assumer seul la responsabilité de cet échec, pour ne pas aggraver davantage la situation, mais j’avoue aussi que j’aurais dû faire confiance aux jeunes comme Tasfaout, Lounici ou Rahem dès le début pour injecter du sang neuf à l’équipe.


* Le ministre de la Jeunesse et des Sports de l’époque, Leïla Aslaoui, n’a pas mâché ses mots à votre égard. Êtes-vous au courant de cela ?

Effectivement, et je sais aussi que le Premier ministre, Sid Ahmed Ghozali, n’a pas trop apprécié son discours, la stoppant directement, avant de rappeler à tout le monde que je n’étais pas un traître, et que j’ai beaucoup fait pour le pays. J’ai offert la joie à maintes reprises au peuple algérien et il faut accepter aussi la défaite, mais surtout ne pas salir l’image d’un grand homme.

* Pour la majorité des mordus du ballon rond, vous êtes à l’origine de la perte du génie Zidane au profit de la France, pour sa nonchalance lors de ses débuts….

C’est une histoire purement inventée qui traîne depuis de longues années.  A la venue de Zidane au pays, il a nié totalement la moindre convocation avec les Verts, car il a déjà évolué dans les catégories jeunes de l’équipe de France, et qu’il n’avait pas l’intention de venir au pays, mais j’avoue que j’ai fini un jour par le convoquer.

* En quelle occasion ?

Lors de la réception organisée par le président Bouteflika en l’honneur du joueur, et j’y étais invité. J’ai donc profité de l’occasion pour saluer Zidane, tout en lui annonçant qu’il est convoqué… le laissant bouche bée. 

* Parlons un peu de votre relation avec le Mouloudia d’Alger, le club du cœur comme vous aimez à l’appeler...

J’ai eu l’honneur d’entraîner le Mouloudia à trois reprises, une première fois en 1984, une seconde en 1988, avant de le quitter pour rejoindre l’équipe nationale, et, la dernière fois, fut celle où nous avions remporté le titre de champion, 20 ans après le dernier titre du Mouloudia, et j’étais même près d’accepter l’offre de Djawad de revenir au club en 2006, mais les conflits internes dans l’entourage du club, m’ont vite persuadé de refuser cette proposition, tout en gardant d’excellents souvenirs du Doyen.

* Quel souvenir gardez-vous de votre premier passage au MCA en 1984, à la tête d’un groupe de stars qui a remporté la coupe avant votre arrivée, avant de réaliser un parcours tout juste moyen par la suite ?

J’étais entraîneur de l’Entente et salarié à Sonatrach. Djawad, qui était un dirigeant du MCA à l’époque, n’a pas apprécié le désordre qui y régnait, et m’a sollicité pour prendre les commandes. J’ai accepté l’offre. Je suis parti aussi en Allemagne pour le stage d’avant-saison programmé avant mon arrivée avec un match amical à la fin avec le fameux club français du PSG. Dès le début du stage, beaucoup de joueurs n’ont pas accepté ma méthode de travail, avec trois séances d’entraînements par jour, sollicitant le président pour m’écarter de mon poste, chose qui m’a poussé à annuler le reste du stage et de revenir au pays sans pour autant accepter de jouer la rencontre amicale face au club de la capitale française, chose qui a déçu les joueurs, mais j’ai prouvé par cela que j’étais le seul maître à bord dans le navire mouloudéen.

* A votre retour en 1988 vous avez libéré des grands joueurs tels que Benchikh, Makhloufi, Bouiche ou Charfaoui… pourquoi avoir pris une telle décision ?

C’était une nécessité pour instaurer la discipline au sein du club, même si Benchikh avait déjà songé à se retirer, en gardant une excellente relation avec lui, alors que Bouiche n’a pas poursuivi sa carrière en prenant sa retraite.

* Mais vous avez remplacé des joueurs confirmés par d’autres d’un niveau inférieur….

J’ai ramené quelques joueurs, certes inconnus, ou même j’ai fait confiance à des jeunes tels que Laïzizi ou Belhadi et, malheureusement la mémoire me trahit pour vous citer davantage de noms, mais j’ai réussi à hisser le club vers les sommets après une saison très décevante au point d’éviter miraculeusement la relégation, et on aurait pu remporter le titre de champion, si l’USMAn n’avait pas donné le match aux Kabyles lors de la dernière journée de championnat.

* Vous avez déclaré tout juste après que vous étiez les champions virtuellement, vu que vous méritiez davantage le titre de champion ?

Effectivement, car nous avons réussi à enchaîner huit victoires, en obtenant le titre honorifique de champion d’hiver, et je regrette toujours le fait de perdre mon deuxième titre avec le Mouloudia pour des raisons extrasportives, surtout que tout le monde à su que le match USMAn – JSK était arrangé d’avance, d’où le geste de Chenine de jeter son maillot en quittant la pelouse.

* Vous vous rappelez toujours de votre agression, lors d’un JSK-MCA à Tizi-Ouzou, par le gardien Amara ?

Bien sûr, mais je ne comprends toujours pas le geste de Amara qui a quitté son poste de gardien en traversant une longue distance pour m’attaquer, et j’avoue que je n’ai pas eu le temps de le voir sinon j’aurais pu au moins l’éviter. Mais bon c’est du passé, surtout que Khalef et lui-même m’ont prié d’oublier cette mésaventure tout juste après la rencontre

* Le Mouloudia a décroché son dernier titre de champion en votre présence. Vous attendiez-vous à ce sacre cette année-là ?

Oui, car, dès ma venue au club, j’ai entendu quelqu’un dire qu’un Sétifien est à la tête du MCA !!! et j’ai tout simplement répondu que je vais non seulement la rejoindre mais aussi gagner le titre de champion, et je n’oublierai jamais l’ambiance au 5-Juillet, surtout lors du match final face à la JSK, pourtant très performante cette année-là.

* Avez-vous des souvenirs ou anecdotes avec des joueurs comme Dob ou Saïfi ?

Non pas vraiment, sauf que j’ai réussi à enlever à Saïfi sa mauvaise habitude de vouloir trop en faire avec un ballon.

* Tout juste après le titre, les choses ne sont pas passées comme prévu, surtout après la libération de quelques joueurs titulaires tels que Drich, Doudane, Nichad ou Gasmi ?

Je suis avant tout un être humain, capable de commettre des fautes, mais je peux juste vous dire que j’ai l’honneur d’offrir au public mouloudéen toujours du spectacle et du beau jeu et ça suffira largement à mon bonheur.

* Appréciez vous le Mouloudia version 2009-2010 ?

J’ai eu l’occasion de voir le match MCA- NAHD, et j’ai bien aimé la prestation des Mouloudiens ce jour-là, mais malgré cette bonne entame de championnat, c’est loin d’être une mission facile pour remporter le titre, car on en est encore au tout début de saison.

* Comment voyez vous la politique de Serrar à l’Entente ?

Il estime qu’il n’a rien gagné avec les joueurs originaires de Sétif, alors il a changé de stratégie, en ramenant des joueurs de qualité sans pour autant se focaliser sur leur lieu de naissance, et même des joueurs émigrés comme ce fut le cas en équipe nationale. Je trouve cela normal, car pour moi, c’est le meilleur qui joue dans tous les cas.

* Appréciez-vous un joueur en particulier de cette génération actuelle ?

Le gardien Lounès Gaouaoui me plaît particulièrement, par sa classe et sa faculté à préserver toujours sa forme en restant toujours au sommet de son art.

* Pensez-vous que nos Verts peuvent se qualifier en Coupe du monde dans le cas d’un match décisif au Caire lors de la dernière manche ?

Je ne souhaite absolument pas que nous arrivions à une telle situation, car ça risque de chauffer très fort en Égypte.

* Comment passez-vous votre vie de retraité ?

Je regarde pas mal de rencontres de foot, et j’étais très touché récemment par un reportage diffusé sur Canal Algérie, retraçant l’historique du football algérien, et j’estime que je suis un homme heureux au côté de mes enfants et mes petits-enfants. Je reçois une prime de retraite de Sonatrach, ce qui suffit à mon bonheur.

* A vous l’honneur de conclure……

Merci d’avoir pensé à moi et de profiter de l’occasion pour me poser autant de questions, car dorénavant je vais exiger, à l’instar du sélectionneur égyptien, de l’argent pour accepter de vous répondre…

Entretien réalisé par Farid Aït Saâda (Le Buteur)


Farid Aït Saâda, Le Buteur

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