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La société d’impression « El Assala » de Sétif privatisée au profit des travailleurs

Un modèle unique de restructuration positive

lundi 19 février 2007, , article écrit par Abdelhalim Benyelles, La Tribune et publié par La rédaction


L’entrée en vigueur de la nouvelle forme de gestion de l’entreprise à partir de janvier 2006 a permis de mettre en place un conseil de direction issu des travailleurs qui s’assigne la mission de redresser la situation.

Si le cas de l’hôtel El Hidhab illustre parfaitement l’exemple de privatisation au profit d’un privé à Sétif dont la cession totale a été estimée à 67 milliards de centimes, la restructuration de la société d’impression, une EPE en difficulté, a vu l’ouverture de son capital au profit des travailleurs, une alternative dictée par la volonté du personnel dans le but de « sauver l’entreprise ». Au vu du conflit qui a longtemps opposé le directeur général à l’ensemble des travailleurs, aucune solution pratique -plan de redressement ou assainissement- n’a été programmée. Une amélioration des comptes et agrégats de l’entité publique n’est désormais jugée possible que sous un statut privé, qui est apparu depuis l’annonce par l’Etat du programme de privatisation en 1998 comme une forme de restructuration et un facteur de croissance et d’investissement à même d’impulser la productivité. C’est alors qu’un problème majeur lié à la nature de la formule de privatisation allait faire surface. L’ancien directeur général imposait sa personne comme seul détenteur de la majorité des actions face à la réprobation de l’ensemble des travailleurs, créant une situation d’instabilité. Le rythme de l’activité s’est ralenti. Plombée par de lourdes dettes et créances, l’entreprise n’arrive pas à assurer le versement régulier des salaires et éprouve toutes les difficultés à surmonter les nombreux problèmes -déficit chronique dans la trésorerie induisant des retards dans le versement des payes et des arrêts périodiques en matières premières, le vieillissement de l’outil de travail et des gammes de produits proposés concurrencés par le privé. C’est alors que des problèmes de rentabilité et de viabilité ont commencé à se poser sérieusement. La clientèle se réduit de jour en jour pour l’entreprise montée au début des années 1980 qui fut longtemps partenaire exclusif de l’administration publique.

C’est dans ce contexte de perturbation, sur fond de grèves et de déficit, que la restructuration de l’entreprise intervient par l’ouverture de son capital au profit des travailleurs. Une thérapie qui dut, certes, garder l’entreprise en vie par la reprise du rythme de l’activité, mais elle n’aurait pratiquement rien apporté aux salariés sur le plan social. « On perçoit les mêmes salaires que ceux alignés par l’ancien directeur à la veille de la privatisation », témoignent les travailleurs. L’entrée en vigueur de la nouvelle forme de gestion de l’entreprise à partir de janvier 2006, a permis de mettre en place un conseil de direction issu des travailleurs qui s’assigne la mission de redresser la situation. « Une situation qui se présente fort ardue », s’accorde à déclarer le nouveau directeur, qui compte en premier lieu sur le retour des anciens clients de l’entreprise. La wilaya considérée, à juste titre, comme un partenaire exclusif est sollicitée, selon les nouveaux responsables, à contribuer au redressement de la situation de l’entreprise appelée à réinvestir dans les plus brefs délais le terrain de la concurrence, longtemps laissé au privé. Sur un autre chapitre, le directeur, Ziad Azzedine, compte sur la qualité du produit de son unité comme argument à faire valoir pour faire face à la concurrence « déloyale » instaurée par le privé depuis plusieurs années. Aussi, on compte sur l’accroissement du rythme de la production afin d’établir un programme de recrutement de cadres compétents, tant au niveau de la direction que celui du service commercial, secteur-clé de l’entreprise impliquée dans « les nouvelles règles de management et de partenariat ».

L’association en affaires est porteuse de faillite en Algérie, selon l’adage. Mais les dirigeants, conscients de ce risque, se disent motivés par le souci de sauvegarde et de pérennité de leur outil de production en l’absence d’une forme de gestion publique qui obéirait à des normes rigoureuses par le biais d’un plan de redressement ou alors d’une privatisation, comme forme de restructuration, qui garantirait la croissance et l’investissement. A l’orée de la deuxième année de gestion autonome, une nouvelle grille de salaires est promise à l’ensemble des travailleurs au vu des transformations notables opérées sur le chiffre d’affaires.

Une résolution encourageante, apprend-on, qui tend à stimuler les 35 travailleurs avant la tenue de l’assemblée générale. Mais aussi une décision financière positive qui laisse transparaître une aisance opérée sur les chiffres comptables au cours de l’année 2006 malgré le poids des créances non encore honorées par l’administration de la wilaya de Sétif et le parti politique RND.

Lundi 19 Février 2007
Par Abdelhalim Benyelles


Abdelhalim Benyelles, La Tribune

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