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Laitiers de Sétif : « Ammi Abdelhamid El-Hallab »

dimanche 5 avril 2009, , article écrit par Khalil Hedna et publié par La rédaction


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l est de notre devoir d’évoquer certaines figures de Sétif, celles qui ont fait partie de l’histoire de la ville et de notre enfance. Parmi ces personnages repères, connus et respectés par tous,un homme très accueillant,toujours souriant, ressemblant de prés au père Noël. Un homme dont sa voix vibre encore dans nos oreilles depuis notre enfance avec des mots qui nous réveillaient tôt le matin « Lehelibe…Lehelibe… » Cet homme là, c’est sans doute Ammi Abdelhamuid Arribi ou tout simplement « Ammi Abdelhamid El-Hallab ». Nous sommes dans l’échoppe de Ammi Abdelhamid El-Hallab à la cité Dallas, il est là entrain d’ajuster la centrifugeuse « chekwa » pour permettre une bonne fermentation du lait, et par la même avoir un bon ‘Lben’ specialité maison, lui seul connaît le secret. « Cette ‘’Chekwa’’ électrique est mon petit bijou à moi, elle fait partie de la famille depuis 1961. La date où j’ai ouvert ma première boutique à Boumarchi. Tout en travaillant, et comme il le dit bien, d’un air blagueur « El Hadra oua El Maghezal », Ammi Abdelhamid nous parle de Sétif, de Boumarchi, des gens qu’il a côtoyé et qui ne sont pas de ce monde, de son enfance et de la misère que les Algériens ont vécu durant la période coloniale.

Témoin des massacres du 8 mai 45, Ammi Abdelhamid évoque la mort de Said Arribi lors de ces tristes événements. « Ils ont tiré sur lui tout prés du pont ‘’ Ben Debache ‘’ actuelle entrée de la zone industrielle. Les images sont restés gravé dans ma mémoire jusqu’à nos jours, j’était tout enfant et c’était horrible ». Vêtu d’une blouse blanche toute propre, en dirait un chirurgien dans son bloc, moustache taillée, visage rayonnant, le coeur et l’esprit dans l’œuvre, Ammi Abdelhamid se tourne soudainement vers nous « Regardez ce jeune sur ce triporteur avec ces bidons de lait. C’était moi à 20 ans ! Sillonnant les rues de Sétif » s’écrie-t-il en pointant du doigt une grande photo en noir et blanc tapissant le mur. A l’arrière, un petit « laboratoire » où le sexagénaire prépare le beurre pur, Lben, Dehane Hor et autres dérivés du lait. « Je m’inspire des procédés traditionnels auxquels j’ajoute une petite touche personnelle ». Pendant que nous discutions, une femme (la cinquantaine), voilée d’une Mlaya noir, pénètre dans la boutique : « Je marie ma fille prochainement. J’ai besoin de produits spécifiques à la cérémonie, dans la pure tradition sétifienne, comme le Dehane, la Zebda, indispensables pour la préparation du Couscous purement « Amer Leherar ».

Nous laissons ammi Abdelhamid avec sa cliente entrain de discuter sur la nature et la quantité disponible pour aborder son fils, Abbes. Il a repris aujourd’hui le flambeau et évoque avec fierté le passé familial dans un métier et un « art » fuis par les jeunes. Abbes est un passionné de ce métier. Il a mis au casier son diplôme universitaire pour se consacrer carrément au magasin familial. Les vrais laitiers « Hallaba » manquent et la relève se fait rare. « La formation professionnelle nous demande d’assurer des cours dans les écoles spécialisées mais il faudra également revoir le statut de l’artisan et ne pas voir en la présence d’une centrifugeuse séculaire une source d’enrichissement »
Pour s’approvisionner, le lait est ramené des fermes de la périphérie et le litre de lait de vache coûte cher. Il faudra ensuite le travailler pour le vendre. Donc c’est tout un effort fourni et des charges à supporter pour assurer la survie de ce métier » Nous dira Abbes, le digne héritier de Ammi Abdelhamid.


Khalil Hedna

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