Accueil > Setif.info (1999-2021) > Débats > Et si on portait le nom de famille de nos mamans ?
Et si on portait le nom de famille de nos mamans ?
jeudi 3 septembre 2009, par
out le monde sait qu’en Algérie c’est le père qui donne son nom de famille à ses enfants alors que celui de la mère n’est pratiquement pas utilisé. D’autant plus que son nom de famille est réprimé dès le mariage avec la mention Mme X sachant que X est le nom de famille du mari.
Dans de nombreux pays maintenant, il est donné le choix du nom à porter, celui de la mère, celui du père ou les deux à la fois. En Algérie, l’attribution du nom du père est plus une tradition sociale qui s’est établie chez nous après la loi de 1882. Pour ne pas aller trop loin, il exista bien un état civil en Algérie sous domination ottomane. La Turquie détient ces archives en trois exemplaires, un manuscrit qui a existé en Algérie, et deux exemplaires détenus en Turquie en langue locale. Les manuscrits détenus en Algérie ont été transférés avec l’invasion de notre pays par le corps expéditionnaire français, notamment l’état civil.
L’instauration de l’état-civil en Algérie remonte à la loi du 23 mars 1882 avant bien nos pays voisins comme la Tunisie [le décret Beylical du 30 juin 1925] et le Maroc [le Dahir du 8 mars 1950]. Cependant, ce processus fut étendu plus durant le recensement opéré à compter de 1890-1891 dans les campagnes algériennes. Des équipes de recenseurs furent légalement et normalement constituées pour se rendre dans chaque les villages, mission arrêtée sur la base du découpage tribal traditionnel. Cependant, au regard du travail colossal qui attendait l’administration qui s’était vue à court de temps, celle-ci eut recours à des individus à peine instruits et qui bâclèrent le travail. Une telle assertion se vérifie de nos jours par les erreurs de transcription, des noms n’ayant aucun lien avec ascendance, des énormités pour certains patronymes affectés à des individus, des frères de même frère et mère qui se virent attribuer des noms totalement différents. Et il y a certainement d’autres anomalies. Les algériens virent, bien sûr à l’époque, l’opération de recensement et d’identification d’un mauvais œil étant qu’ils déchantèrent toujours quand ils nourrissaient espoir de se voir enfin considérer. Ils comprirent que ceci n’avait d’autres buts que de les exploiter beaucoup plus, de les astreindre au contrôle systématique, limitant leur mouvements, les persécuter par les impôts qui ne faisaient que s’alourdir sur leurs épaules et surtout une intrusion dans l’intimité familiale et le coup de grâce à la cellule de base qui est l’unité familiale qui amènera la dislocation du noyau de résistance aux desseins des colons qui ne veulent aucun partage.
Après ce rappel historique et vu les lois algériennes de nos jours, on se demande sur quelle base le père a le droit d’imposer son nom de famille par rapport à celui de la mère ? Le père transmet plus de patrimoine héréditaire que la mère ? Pourquoi cette ascendance du père ?
Sur le plan héréditaire, nous savons tous que la mère transmet son patrimoine génétique aussi bien que le père mais souvent on ignore que la mère en transmet plus ! Comment ? C’est simple ! L’ovule provenant de la mère porte un noyau comprenant 23 chromosomes. Cette ovule est fécondée par une cellule masculine appelée spermatozoïde contenant dans son noyau 23 chromosomes aussi. Lors de cette fécondation, les deux noyaux se fusionnent pour former une cellule fécondée qui va aboutir après plusieurs multiplications cellulaires à un fœtus. Cependant le patrimoine génétique ne se limite pas uniquement au noyau. En effet, il existe bien un autre support ADN qui se trouve dans un compartiment cellulaire appelé la « mitochondrie ». Cet ADN représente près de 0,06 % de l’ADN totale. L’ADN mitochondrial joue bien un rôle dans le fonctionnement cellulaire puisque il est souvent cité dans certains caractères génétiques où la transmission est uniquement maternelle ! Pourquoi uniquement maternelle ? Car tout simplement nos mitochondries que nous possédons tous proviennent toujours de nos mamans. En effet, le spermatozoïde ne participe qu’avec son ADN nucléaire lors de la fécondation ! Alors que l’ovule provenant de la mère nous transmet ses mitochondries en plus de son ADN nucléaire. Si on fait le calcul, on constate que 50,06 % de notre support ADN provient de nos mamans contre 49,94 % du père !
En se basant sur ce critère scientifique, la femme devrait avoir plus de droit de donner son nom de famille à ses enfants par rapport à l’homme ! Pour rappel, l’attribution du nom de la famille au profil de la femme existait déjà depuis l’antiquité. Chez les Romains, la femme originaire d’une des grandes familles fondatrices, en restant sous le contrôle de son père, conserve, voire préserve, le statut familial. A nos jours, l’attribution du nom de la mère reste un sujet récurent qui gagnerait à être éclairci d’avantage. La parole est à vous !
Nabil Foudi, Sétif Info