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Décès de Gouhmaz Mohamed Lakhdar dit Hafedh ancien Wali

jeudi 4 avril 2013, , article écrit par El yazid Dib et publié par La rédaction


La nature est ainsi faite. Quelque soit l’apparat que l’on porte, l’uniforme que l’on endosse ou le poste que l’on exerce, l’essence profondément humaine finira un jour, le temps d’une pause ou d’une collation d’adieu ; par redécouvrir sa véritable espèce. La faiblesse. Dans tous ses sens nobles et positifs.

Je viens de savoir, très tardivement qu’un ancien Wali est décédé. Il n’est pas le wali de Sétif, mais un wali de Sétif. Feu Gouhmaz Mohamed Lakhdar dit Hafedh. Un enfant de la ville. Cette mort n’est plus maintenant une information capitale. Car l’homme n’a plus de bureau, ni de décisions fructueuses à signer. Il est, enfin il était à sa mort un citoyen. Ordinaire. Trois jours après son enterrement aucun encart de condoléances n’est publié dans la presse. Ingratitude, ironie du sort ?

Brave, courtois et très aimable, Hafedh gardait toujours ce punch du aux nobles fonctions qu’il avait eues à exercer. Veillant à la sauvegarde de son panache, l’homme énarque des premières heures qu’il était, s’expédiait contre vents et marées à avoir en affichage permanent ce sourire et cette prédisposition à vouloir se moudre dans la société, tel un poisson dans l’eau. Il n’a pas quitté Sétif une fois ayant quitté le pouvoir. Il ne s’est pas exilé sur les hauteurs d’Alger ou auprès d’entreprises étrangères. Il était là, dans la rue de Constantine, dans ses cafés, dans ses kiosques à journaux fréquentant les quelques amis rares qui continuaient à consommer ensemble la douceur et le malheur des jours. Beau, éternellement élégant Hafedh, malgré une dizaine d’années de mise en marge n’avait pu quand bien même son oisiveté fonctionnelle se laisser aller vers la renonciation et la résignation. L’obligation de réserve qu’il qualifiait de « seconde nature » n’avait pu à son tour lui octroyer la liberté de dire, de gueuler ou de héler. Pourtant il avait dans la tête le monsieur. C’est son tempérament naturel de sérénité, qui croit-on comprendre est devenu un moteur de vie et d’existence. Ces dix dernières années l’ancien Wali les consommait dans la lecture du fait national et international. A la dernière rencontre avec le chroniqueur, le 12.12.12 (chiffre ou date magique ?) autour d’un café populaire situé en face de la Mouhafadha du FLN (une autre coïncidence magique) le défunt dissertait avec habileté et sans aigreur la situation politiquement générale du pays. Il en faisait de même pour l’économie internationale et l’émergence du bloc des BRIC.

Le mouvement des Walis aura à entrainer, lors de réceptions de bienvenue et/ou d’adieu, beaucoup de pleurs, d’aigreurs et de regrets. Mais une fois out totalement le système, que restera-t-il de ces ex-Walis ? A leur mort personne ne s’en fait de soucis. Hormis leurs proches, ils sont un simple nom inscrit sur un permis d’inhumer des plus ordinaires. A la mort de leurs proches, seuls les proches y sont. Ainsi il existe des funérailles et des funérailles. En poste ils sont courtisés. En dehors ils se mettent le monde contre leurs maux.

Un décret peut flétrir la jouissance d’une nomination, seule la réjouissance de la conscience peut se nommer éternellement. C’est à 50 ans, un certain 23 aout 2000 qu’il fut mis fin à ses fonctions de Wali de Khenchela. Hafedh est parti dans une tranquillité de conscience, certainement amère, mais laisse une mémoire, à la sienne remplie de sagesse et de politesse. Heureusement pour le corps préfectoral, heureusement pour les bonnes valeurs sociales, il existe encore des hommes reconnaissants, sachant rendre le mérite, faisant ainsi plus de foi dans la foi que dans la chaise. Le Wali de Sétif, Zoukh Abdelkader en sait valablement quelques choses. L’on apprendra qu’il n’a jamais omis d’inviter feu Gouhmaz lors de cérémonies nationales ou locales. Qu’il a tout le temps eu des rapports cordiaux avec tous les cadres autochtones. D’ailleurs la rencontre du 12.12.12 rappelée ci-dessus ayant permis à votre serviteur de rencontrer le défunt, s’est déroulée suite à l’investiture du nouveau Papc de Sétif. Il en est de même pour les deux Walis me dit-on qui ont assisté à l’enterrement le lundi 1 avril courant. Ceux de Mila et de BBA. Hakimi l’ancien ministre serait aussi du lot. Les autres et leur hiérarchie, certainement le papier à entête et cadré 21/27 en a fait guise de sincères condoléances et batati batata….

Un Wali évincé et c’est pareil pour tout fonctionnaire nivelé à toutes les hautes ou moins fonctions supérieures c’est comme un fruit de qui l’on tire la sève, puis c’est tout. C’est l’usure des parois de sa carrière, la descente aux enfers de ses appuis qui lui feront dire, mais en bout de chemin, que cela ne valait pas la peine ! Perdu dans les méandres du rien et du vide, le haut cadre remercié, est chasse par le clan et pourchassé, éternellement, par les actions qu’il aurait prises avec ou sans intime conviction.

De l’avis de ses amis et collaborateurs, le défunt est privilégié de recueillir l’unanimité des témoignages affirmant sa grande modestie et sa haute aptitude intellectuelle. Il fut le principal initiateur du projet alors innovant vers les années 70/80 tendant à mette sur pied l’Entreprise des Travaux d’Impression de la Wilaya de Sétif. Il en fut son Directeur Général. Il avait eu aussi à gérer le département de l’animation locale au niveau de la wilaya. Le temps avec l’aide d’une hiérarchie directe alors à l’écoute et faisant dans la promotion de jeunes compétences y voyant là dedans une nouvelle énergie, Hachemi Djiar Wali à l’époque à Boumerdes le propulsa comme secrétaire général. Bejaia le connut également en tant que tel. Il n’en fut jamais déçu. De là, feu Gouhmaz entama sa carrière de Wali. L’on saura, aléas temporels et conjoncturels qu’il a goûté de succulents moments et vécu de fâcheux événements. Il est parti comme un poisson d’avril, en ce début d’avril. Comme un humour éphémère.

Il n’est plus idoine de dire, après un limogeage ou une déposition, qu’à la fonction publique nous appartenons et à elle nous y reviendrons, mais plus sagement et raisonnablement clamer qu’à Dieu, lui seul nous appartenons et à lui seul nous y reviendrons. Sincères condoléances à la famille. Repose en paix Monsieur le Wali.


El yazid Dib

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