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El Maouane : La cité oubliée des Hauts-Plateaux

mardi 29 août 2006, , article écrit par Liberté et publié par La rédaction


El Maouane, petit bourg colonial situé à une vingtaine de kilomètres au nord-ouest du chef-lieu de wilaya, est une véritable ineptie en matière de découpage administratif qui défie tout sens de la logique.

Autour de l’ancienne église et d’une vieille ferme coloniale, d’une école et de la recette postale, se sont greffées pêle-mêle des habitations en parpaings, en briques érigées à la hâte et où les règles urbanistiques et architecturales sont jetées aux orties. Dans ce désordre érigé en tissu urbain, vit une population de plus de 4 000 habitants.
La cité manque de tout.
Point de réseau routier ni d’assainissement en AEP ; aucune structure économique, culturelle ou sportive. Pas de lycée, ni polyclinique, tout juste un vétuste local faisant office d‘annexe de la mairie pour délivrer les pièces d’état civil.
El Maouane, défiant tout bon sens, dépend de la commune d’El Ouricia, située à une vingtaine de kilomètres au sud-est de la localité. Pour s’y rendre, il faut rallier Sétif puis prendre une deuxième ligne.
La liaison directe est inexistante et l’on imagine les tracas, les désagréments et les dépenses qu’endurent le citoyen et surtout les lycéens. La quasi-totalité de la population active exerce au chef-lieu, leur village ne servant que de dortoir. Ajoutez à cela le manque de bus, l’inexistence de taxis et l’état avancé de dégradation du semblant de route.
En hiver, avec les abondantes chutes de pluies et de neige, les ruelles non bitumées se transforment en un véritable bourbier où l’on s’enlise à chaque pas.
Aux abords de la RN 75 existe une clairière, “La Sousse”, qui longe, sur près de 2 kilomètres la route qui faisait la joie des familles en mal d’oxygénation et de calme. Les week-ends, l’on ne trouvait pas un endroit libre.
Aujourd’hui, elle est transformée en décharge à ciel ouvert, où détritus de toutes sortes, ferrailles, gravats, bouteilles de bière, canettes la parsèment. Pourtant, ce charmant bourg était autrefois réputé pour ses produits agricoles, l’élevage bovin et où tous les laitiers de la région s’alimentaient. Les jeunes s’y ennuient à mourir et leur seule distraction est de déambuler sans but tous les jours à Sétif. L. H., ouvrier à Sétif, nous dira : “Notre village abrite des morts-vivants et des proscrits que nous sommes... Nous pensons à nos enfants qui n’ont aucune perspective d’avenir. Nous avons peur pour eux car l’oisiveté les menace de virer vers d’autres chemins.”

Farid Benabid


Liberté

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