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Tighert n’Adrar : Naissance du management associatif

lundi 29 octobre 2007, , article écrit par Houari Remchi, La Nouvelle République et publié par La rédaction


En d’autres termes, elles ont été toujours considérées comme étant à l’avant-garde de toutes mutations d’ordre social, économique ou politique, dans la mesure où les agglomérations sont censées, selon une perception bien de chez nous mais combien erronée, guetter ce qui va se décider dans ces sphères cosmopolites urbaines pour prétendre à quelques miettes qui peuvent tomber de la table du modernisme.

Ce n’est là qu’un stéréotype que véhiculent certaines personnes dépassées par les nouvelles donnes sociologiques et sociétales, mais vite rattrapées par la bêtise humaine, pour ne pas dire l’inculte. Aussi ce vouloir de voir les choses ainsi a été moult fois, consciemment ou inconsciemment, entretenu par des discours archaïques et obsolètes, des discours qui ne font que travestir et caricaturer la réalité sociale en avançant le côté folklorique, faisant, ainsi, de ces localités non citadines des réserves des temps perdus, vestiges d’une culture révolue.

D’aucuns, aujourd’hui, commencent à apporter un ajustement rationnel à leur réflexion, du fait que l’inhibition dont ils ont fait preuve commence à s’étioler pour laisser entrevoir l’éclat étincelant de la vérité absolue. De ce fait, on ne peut que faire notre mea culpa face au démenti officiel qu’ont mis en exergue ses contrées lointaines, lointaines par l’avancée qu’elles ont prise même sur les temps modernes. L’exemple de Tighert n’Adrar, village relevant de la wilaya de Sétif, est un cas d’école que nous devons enseigner dans les grandes écoles du management. Etant une région enclavée par sa situation géographique au relief accidenté, ce village a su se défaire du joug de l’isolement en ne comptant que sur ses ressources naturelles et surtout intellectuelles. Il va sans dire qu’une analyse obéissant aux standards modernes d’évaluation sociologique a fait ressortir que Tighert n’Adrar a fait de l’exploitation de ses ressources humaines un socle inébranlable quant à tout mouvement de mutations positives porteur de valeurs ajoutées.

Une telle approche scientifique et organisationnelle de la part des habitants de Tighert n’Adrar ne peut qu’aboutir à un essor à même d’assurer une mise à niveau équitable entre le monde rural et citadin. Une prouesse jamais égalée à ce jour. Cette démarche pragmatique a déjà vu ses jalons jetés par l’association du village Tighert n’Adrar qui a fourni un travail titanesque pour révolutionner les mentalités et sortir du carcan du déjà-fait. Il y a lieu de noter que cette association, vu le travail déjà abattu, n’est pas une adepte du "copier coller", dès lors qu’elle fait de la conjugaison des compétences de ses membres et des villageois un amalgame dans lequel est issu le programme d’actions à réaliser. A vrai dire, l’association du village Tighert n’Adrar a un plan de travail et non pas un programme de promesses : elle ne sait faire que ce qu’elle peut faire. Telle est la recette de sa réussite. C’est ce qui a suscité l’engouement des enfants de Tighert n’Adrar, qu’ils y soient résidents ou établis dans d’autres wilayas ou d’autres pays. Etant sur une courbe ascendante, les membres de cette association ont décidé de moderniser la gestion de cette dernière en incluant les nouvelles normes du management moderne. Après avoir été pionnière dans le tourisme de proximité en organisant la première randonnée pédestre internationale, en sus de différentes manifestations de grande envergure, l’association du village Tighert n’Adrar vient de lancer un nouveau concept qu’est le management associatif.

Une révolution dans le monde associatif algérien et même africain. Pour ce faire, cette association compte organiser son assemblée générale élective ce 1er novembre — une date ô combien symbolique —, pour élire de nouvelles structures dirigeantes et surtout élargir le bureau exécutif pour permettre à toutes les familles de Tighert n’Adrar d’y être représentées. Ce qui démontre, on ne peut mieux, la volonté de transparence et d’équitabilité qui prévaut dans cette association. Aussi, ces réformes apportées dans la gestion de l’association permettront à l’intelligentsia qui va activer dans l’association de mener à bon port les nombreux et ambitieux projets que cette dernière a tracés. En outre, selon des sources informées, le nouvel organigramme de cette association comportera un poste consacré à la condition féminine et sera occupé par… une femme. C’est dire la place qu’occupe la femme de Tighert n’Adrar dans l’archétype social. Il va sans dire que la création de ce poste permettra de concrétiser sur le terrain la politique inhérente au travail de la femme rurale.

Ce qui va créer d’autres richesses et permettre un épanouissement professionnel des femmes de Tighert n’Adrar. Toutefois, il y a lieu de noter que si une telle avancée a été enregistrée, il faut reconnaître que l’actuel bureau n’a ménagé aucun effort pour faire de cette région un havre de paix et de développement, un village qui, à nos jours, est à l’abri de tous les fléaux qui gangrènent notre société. C’est à des associations pareilles que les pouvoirs publics doivent apporter tout leur soutien et aide. Il faut dire que le mérite de cette association vient du fait qu’elle n’a compté que sur ses moyens, soient-ils humains ou matériels. De même, elle doit être prise comme étant un exemple à généraliser dans le monde associatif, si l’on veut assurer à nos valeurs un cadre de vulgarisation efficace, à même de redonner à la cellule familiale toute son étendue, au développement une base sûre et au patriotisme, comme l’a si bien déclaré le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, une pérennité. Gageons que dans un avenir proche, Tighert n’Adrar saura être la pépinière de l’élite nationale. Encore une fois, chapeau très bas Messieurs et bon vent à ceux qui vont reprendre le flambeau… en ce 1er novembre !


Houari Remchi, La Nouvelle République

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