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En marge du jubilé de Kermali, des figures emblématiques du sport roi national dressent un constat sans concessions

« Le déficit en infrastructures et l’empirisme freinent le développement du football algérien »

mercredi 24 mai 2006, , article écrit par Abdelhalim Benyelles, La Tribune et publié par La rédaction


A l’image de Rachid Mekhloufi, qui dénonçait la marginalisation et l’oubli dont sont victimes les icônes du sport national, d’ex-stars, comme Fergani et Dahleb, mettentle doigt sur des tares qui minent un édifice gangrené par des pratiques loin du professionnalisme que tout le monde appelle de ses vœux
Mardi 23 Mai 2006

Si, pour Rachid Mekhloufi, Aziz Derouaz, Ali Fergani et Mustapha Dahleb, le dénominateur commun reste la marginalisation et l’oubli, les notions d’honnêteté et de rigueur apparaissent clairement dans le discours du chef de file de l’équipe FLN. Cependant, l’ancien capitaine des Verts prône la mise en place d’installations sportives modernes, alors que Dahleb opte pour la volonté politique à un « haut niveau » pour le décollage du football national en mal depuis plusieurs années. Les déclarations de Yahia Guidoum à l’occasion du jubilé Kermali, de par leur virulence, en annonçant la « guerre contre la mafia du football », ont haussé quelque peu au premier plan les doléances de la délégation sportive qui a représenté, des générations durant, l’élite du football national notamment.
A commencer par l’épopée des années 1970 incarnée par le génie de Betrouni, celle des années 1980 des Bencheikh et Belloumi ou encore celle des années 1990 de Ali Fergani et Bensaoula, sans oublier le précurseur du football algérien, l’équipe FLN. Le sommet de Sétif n’a pas pour autant épargné les figures emblématiques des autres sports en
invitant, outre le représentant de l’élite du corps arbitral de l’époque Hansal, l’incarnation même du sommet de la gloire du hand-ball algérien Aziz Derouaz. Cependant, c’est la déclaration qui relève du registre de l’euphémisme entretenu de ce dernier qui a fait ressortir l’impression générale du forum de Sétif : « Restez sagement à la maison, et ne faites rien ! » a-t-on rétorqué à Derouaz pour lui signifier sa marginalisation du sport, nous a-t-il déclaré ironiquement.
Enfin, la politique de la mise à l’écart adoptée à l’égard des figures emblématiques du sport algérien durant de longues années semble justifiée par la déclaration acerbe du premier responsable du sport national, Yahia Guidoum, en direction de « l’organisation clanique » du football algérien qui trouve, selon lui, des ramifications à l’étranger au niveau des « structures de la FIFA » dans un but inavoué d’instaurer une stratégie occulte de « pillage » et d’« enrichissement ». « Des châteaux sont construits grâce au trucage des matches », a déclaré gravement Guidoum du haut de sa tribune en prenant pour témoins l’équipe FLN, l’EN 1982 et 1990. Une stratégie visant à prémunir les présents contre les « vautours » du football algérien, mais aussi une symbolique, lourde de sens dictée par l’urgence du « programme présidentiel de relance du sport en Algérie ». C’est justement cette idée de déperdition du potentiel humain qui apparaît dans la déclaration de Ali Fergani et de Mustapha Dahleb, qui n’hésitent pas à désigner leur groupe d’« union et de symbiose entre les principaux acteurs » prouvées par le regroupement de Sétif. « Une famille du football algérien toujours mobilisable dans les grandes causes », relève l’Algérien de France qui n’a de cesse d’évoquer au passage l’épopée du CRB de Lalmas et de ses dirigeants. Une manifestation que d’aucuns n’hésitent pas à qualifier de porteuse d’espoir pour le football algérien, même si quelques retenues, affirmées au-delà de la ferveur du discours ministériel, n’ont pas manqué de lui attribuer un qualificatif propre au discours de la « consommation » et de la « conjoncture ». Dahleb, de retour en France, nous signifie qu’« il est urgent de prendre en charge les vérités du sport, sinon on garde pour toujours son côté empirique ». Le retour au football national reste envisageable pour Fergani en rupture de contrat avec Bizerte, actuellement à Alger. « J’ai répondu présent à chaque occasion où on a fait appel à moi », une manière de signifier l’écart entretenu entre l’instance fédérale et sa personne. Au lendemain de l’extinction des feux de l’événement sportif de Sétif, les Belloumi, Guendouz, Bensaoula, Kouici, Betrouni, Benfarhat Tahar, Bencheikh, Iboud, Fergani, Dahleb, Derouaz, et toute la composante de l’équipe FLN auront gardé un espoir collectif de la réforme du football national même si Mustapha Dahleb, tout en affichant son élégance habituelle, réaffirme qu’il n’a plus d’« avis autorisé » pour intervenir sur l’état des lieux du football national du « ressort de ses dirigeants ». A l’occasion du jubilé Kermali, outre son aspect folklorique et sportif, la population de Sétif aura quand même retenu, en l’espace d’une journée, la leçon de la grandeur éternelle du football national.

Par A. Benyelles


Abdelhalim Benyelles, La Tribune

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