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La pratique de la contrefaçon sur le marché alimentaire de Sétif

Ifri subit le diktat des produits contrefaits à Aïn Oulmane

samedi 17 juin 2006, par La rédaction

Tant que la machine répressive de la Direction du commerce de la wilaya de Sétif n’a pas encore été mise en branle, les tabous sur la contrefaçon opérée au niveau des chaînes de production clandestine de Aïn Oulmane, distante de 30 km de Sétif, ne seront pas levés. En effet, le mystère des produits alimentaires fabriqués « au noir » qui dure depuis déjà une année, selon les témoignages, gagne tous les commerçants de la ville de Sétif et le sujet devenu habituel semble loin de surprendre plus d’un. La contrefaçon des produits Ifri (eau minérale) et Major (biscuits de marque tunisienne) sont en passe de représenter l’affaire la plus juteuse du marché « au noir ».
La région de Aïn Oulmane connue pour être le fief du trabendo, notamment celui de la cigarette de contrebande, a fini par investir depuis quelques années le secteur de la fabrication. On se rappelle à ce titre l’affaire de l’imitation de l’eau minérale gazéifiée, Toudja, révélée vers la fin des années 1990. Selon les témoignages des commerçants et autres grossistes, le cas Ifri subsiste depuis près d’une année par l’activité d’imitation illégale de la bouteille et face à l’ampleur du préjudice porté à la marque, c’est Youkous, le concurrent immédiat, qui est en train d’investir la plus grosse cote du marché de l’eau minérale à Sétif. Si le marché de gros de l’alimentaire de la cité Kerouani de Sétif considéré comme le premier pourvoyeur de toute la région est du pays réserve une place privilégiée au concurrent de Ifri ces jours-ci, les commerçants détaillants de la ville, eux, assurent que c’est la réticence de la clientèle avertie qui est à la source du déclin de la marque qui subit la loi de la contrefaçon de Aïn Oulmane.

Jusque-là aucune enquête n’a été déclenchée par les services spécialisés dans le domaine de la répression de la fraude même si les partenaires de Ifri désignent du doigt le fief de la contrefaçon. Il s’agirait, selon certains témoignages, de véritables sites banalisés installés à l’écart des circuits de contrôle dans des lieux reculés de l’agglomération de Aïn Oulmane, inaccessibles aux regards des étrangers. Les biscuits Major, de marque tunisienne, exposés sur les étalages des commerces subissent le même sort depuis quelques temps. « On est capable de tout imiter à Aïn Oulmane », nous signifient catégoriquement les commerçants rencontrés. Ceux-ci sont directement approvisionnés à partir du marché de gros qui regroupe plus de cinq cents commerçants qui eux procèdent à l’enlèvement de la marchandise à partir de la source de production ou de l’importation. Cependant on est amené à porter l’un des jugements les plus douteux sur la nature de la transaction commerciale, eu égard à la perméabilité de la fraude et aussi à la faveur d’un terrain propice à la culture du marché noir. A l’instar de l’action d’envergure engagée l’été dernier par les pouvoirs publics contre la propagation du marché informel et les importateurs « fantômes » de Dubaï à El Eulma, les tabous sur l’activité au noir de Aïn Oulmane sont aussi appelés à être levés en faveur de la légalité commerciale et des impératifs de santé publique.

A. B.


Abdelhalim Benyelles, La Tribune