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Beni Aziz (Sétif) : Le site Ikdjane

jeudi 29 juin 2006, , article écrit par Info Soir et publié par La rédaction


Ikdjane est une localité médiévale, située dans la commune des Beni Aziz, dans la wilaya de Sétif, à 7 km au nord d’Arbaoun. C’est aujourd’hui une petite bourgade, mais qui a joué un grand rôle dans l’histoire de l’Algérie au Moyen Age. Au IXe siècle de l’ère chrétienne, des pèlerins de la tribu berbère des Kotama, installée dans la région, ont rencontré à La Mecque le prédicateur chiite (ou da’î) Abû Abdallah, dont la secte était persécutée en Orient, et l’ont invité à se rendre au Maghreb pour y fonder une dynastie. Les Berbères ont dû être séduits par les croyances religieuses de la secte, notamment le rôle dévolu à l’imam ou guide de la communauté, mais aussi par le fait qu’elle s’oppose au calife de Bagdad, suzerain des émirs qui commandaient au Maghreb. C’était pour eux une façon de plus d’affirmer leur volonté d’indépendance à l’égard de l’Orient.

Le da’î a accepté l’offre, signant ainsi l’acte de naissance de la dynastie fatimide qui va régner au Maghreb, puis en Egypte. Le da’î est installé à Ikdjane, forteresse inexpugnable des Kotama, où il va constituer et entraîner une armée qu’il va lancer contre les Aghlabides, les maîtres du Maghreb. Il fera venir plus tard, de Syrie, le maître de la secte, ‘Ubayd Allah, qu’il installera à Raqqada, la capitale aghlabide.

Les chefs fatimides quitteront Ikdjane pour rejoindre Reqqada, mais la forteresse kabyle gardera une importance symbolique pour la dynastie. Elle restera aussi un centre de propagande religieuse actif, ainsi qu’en témoignent les nombreuses mosquées et zaouias qui l’entourent et qui vont, tout au long du Moyen Age, rayonner sur la région. A la fin du Xe siècle, le géographe arabe al-Muqqadasi cite Ikdjane comme une grande ville de l’Ifriqya, terme qui désignait la Tunisie actuelle et l’Est algérien. Signalons qu’Ikdjane était également appelée au Moyen Age Dar al-Hidjra (la demeure de l’exil) par référence aux chiites qui y avaient trouvé refuge.

Signalons que le site d’Ikdjane, où subsistent des ruines de la cité médiévale, a été classé patrimoine national en 1978.
Le nom Ikdjane, qui a la forme d’un pluriel (terminaison en -an) est peut-être le nom d’une fraction des Kotama ; on l’a aussi raproché du mot kabyle aqjun (chien) : il pourrait s’agir dans ce cas, d’un ancien nom totémique conservé après l’islamisation de la tribu.
Signalons qu’un village de la vallée de la Soummam (commune d’Akfadou), porte aussi ce nom, Ikjan, mais on ignore s’il a un rapport avec l’Ikdjane du Moyen Age.

Par M. A. Haddadou InfoSoir


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