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Elle a 150 ans d’âge : La gare fait sa mue

dimanche 24 février 2008, , article écrit par N. Lalmi, El Watan et publié par La rédaction


La gare de Sétif est située en plein centre-ville, dans le quartier qui porte son nom, Faubourg de la gare. Cette station accumule près de 150 ans d’histoire. La construction des bâtiments est décidée lors de la réunion du conseil communal de la ville en juin 1877.

Ce conseil délibérera en février 1878 pour fêter, comme il se doit, l’arrivée du train. La construction totale de la gare daterait de la fin de 1897. L’inauguration de la circulation des trains aurait commencé en 1860 avec la mise en service de la toute première voie ferrée entre Philippeville (Skikda actuellement) et Constantine, alors que la déclaration d’utilité publique n’est promulguée qu’en 1875. Plus de cinquante ans plus tard, en 1914, quelque 3 500 km de voie sont en service, gérés par cinq compagnies privées. L’infrastructure est le témoin d’un passé riche et constitue un autre patrimoine historique de l’illustre cité, et surtout du travail remarquable des Chemins de fer algériens, qui quadrillaient déjà le pays à la fin du XIXe siècle. Actuellement, la gare de Sétif, qui n’a pas cessé de prendre de l’importance, exploite presque 4 300 km cumulés de réseau. Implantée sur la ligne Alger-Constantine, elle permet des arrêts généraux dans les deux sens, surtout avec la double voie Sétif-BBA et le projet de dédoublement de la voie Sétif-El Ghourzi. Plus de 30 trains transitent quotidiennement, et dans les deux sens, par cette gare, dont 6 trains de voyageurs et 24 autres de transport de marchandises. C’est aussi une gare de formation, s’entend par là, la formation des trains par l’organisation des wagons selon leurs destinations. Y sont formés aussi les mécaniciens de trains de marchandises. Son réseau est composé de 14 voies, dont 2 principales et 12 de service. Les 40 membres du personnel ont pour souci principal le transport, dans les meilleures conditions, des voyageurs et des marchandises. En 1998, la gare, délaissée et abandonnée durant des années, bénéficie d’une opération de réhabilitation ; le monument est restauré. Deux artistes-peintres sétifiens, Kamel Mahor-Bacha et Abdelhakim Mekhalfi, décorent les murs de la salle d’attente. Des stations déterminantes dans l’histoire de la ville sont peintes sur les parois. Autre spécificité de la gare de Sétif, son chef est une femme.

Ingénieur de formation, Melle Khalida Habibi, qui gère la station et ses 40 employés, a pu accéder au poste en 2003, après que la direction de la SNTF ait décidé d’injecter du sang neuf dans le métier réservé, jusque-là, aux enfants de cheminots. Le recrutement d’un personnel diplômé et qualifié a permis d’ouvrir le métier au sexe féminin. Des cadres femmes, gérant actuellement de grandes gares sur le territoire national, sont chefs de circulation ferroviaire, conductrices de trains, chefs de service circulation ou encore inspectrices comptables. Les débuts étaient difficiles, car la gent masculine de cheminots acceptait difficilement d’obéir aux ordres d’une femme. Ce n’est qu’après beaucoup d’efforts et de doutes que Melle le chef de gare finit par se faire accepter. A ce propos, elle dira : « Aujourd’hui, je suis acceptée par le personnel masculin qui a fini par comprendre que la compétence est ce qui compte le plus, et non le sexe ». La nouvelle politique de gestion de la direction se base sur l’intégration des techniques de management aux chemins de fer. La SNTF, société autonome à caractère économique, a permis à certains de ses services de se transformer en filiales indépendantes, telles Rail Express, SNTG, SIM…Un changement radical s’est opéré au niveau de la société ; le management de la sécurité, la formation du personnel et la communication en sont les pierres angulaires. De nombreux projets sont lancés dans la perspective d’apporter du neuf et d’améliorer les services fournis par l’entreprise, notamment la réfection de certaines voies, le dédoublement d’autres (Sétif-BBA, Sétif-El Ghourzi), la création de nouvelles voies (BBA-M’sila), l’acquisition de nouvelles machines et de 16 autorails, dont un reliera Oran-Tlemcen et un autre Alger-Sétif pour commencer. Les développements que connaît le transport ferroviaire en Algérie se constatent dans les performances réalisées par les trains. Il n’y a pas très longtemps, le trajet Sétif-Alger par train durait plus de 12 heures, actuellement ce même itinéraire prend 4 heures, moins que par la route, et surtout avec moins d’accidents de la circulation.


N. Lalmi, El Watan

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