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Environnement et citoyens en danger

dimanche 6 juillet 2008, , article écrit par I. S. Le Soir d’Algérie et publié par La rédaction


out le long de l’axe routier reliant Sétif à Batna, et plus précisément dans la localité de Lemzara, dans la commune de Guedjel, le constat est alarmant. Des nuages de poussière qui se dégagent des nombreuses carrières constituent un réel problème de santé publique.

« Nous sommes des agriculteurs, notre activité est menacée à cause de la pollution. Dans quelques années, il n’y aura plus de verdure dans toute la région », lance, dépité, un habitant du village de Lemzara, dans la wilaya de Sétif. Ce dernier fait partie de ceux qui, jaloux de leur environnement, lancent un ultime appel de détresse à l’intention des autorités locales pour mettre fin à la « dégradation manifeste de l’environnement » qui résulte de la pollution générée par les vingt carrières qui activent et qui menacent aussi bien leur vie que leurs terres agricoles. Ils seront rejoints par l’association locale de protection de l’environnement El Kef Lahmar qui, elle, a carrément tiré la sonnette d’alarme car, selon elle, la désertification de la région est devenue une réalité. Pour les écolos de la région, la dégradation continuelle de l’environnement est le résultat de l’utilisation d’explosifs pour la casse des zones rocheuses. « Ces explosions polluent l’air, l’eau et les nappes phréatiques. Ce qui provoque la fuite des eaux superficielles vers d’autres nappes plus profondes, alors qu’il y a un déficit flagrant en matière de ressources hydriques dans cette région.

Aussi de nombreuse carrières ne respectent pas la réglementation, notamment l’arrêtée n°06/138 du 15/04/2006 qui limite le taux de poussière à 50-100 mg/Nm3. ` Or les propriétaires de ces carrières font fi de la loi, et activent sans aucun filtre, dépassant de loin les normes requises », dira un représentant de l’association. Par ailleurs, on parle de fissurations enregistrées au niveau des habitations du village, essentiellement causées par les explosions répétées. Pis, selon les services de santé de la commune de Guedjel, le taux des maladies respiratoires relevées chez les enfants est en constante augmentation, ainsi que les maladies oculaires telles que la conjonctivite et le glaucome. « L’inhalation de poussière de silice à de fortes concentrations peut causer une inflammation chronique et une fibrose du poumon et d’autres organes.

Elle jouerait un rôle physiopathologique dans la polyarthrite rhumatismale à cause de ses effets sur le système immunitaire », affirme une source médicale. « Nous savons que ces carrières et ces entreprises sont très importantes puisqu’elles sont productives, mais nos vies passent avant tout », nous dira un habitant de la région. Et d’ajouter : « Des mesures urgentes sont de mise, au moins pour limiter les dégâts ». Pour un autre habitant, las d’attendre que les autorités réagissent, la solution adéquate à cet épineux problème est la fermeture pure et simple des carrières. Chose impossible pour les gérants des chantiers qui disent que cette activité assure le salaire d’un grand nombre de familles. Aussi, ces derniers proposent-ils comme solution « le filtrage ». Cependant, le filtrage nécessite un matériel sophistiqué très onéreux pour une durée de vie de quatre mois seulement. Il serait, de ce fait, impossible d’équiper les 20 carrières.

Pour la direction de l’environnement de la wilaya de Sétif, il s’agit d’un véritable dilemme. En effet, l’organisation et la législation de ce genre d’activités relèvent directement de la direction des mines de la wilaya et de l’Agence nationale des mines au niveau du ministère. « Tout ce qu’on peut faire, c’est présenter une étude sur l’impact de ces activités sur l’environnement, ainsi que sur les dangers qu’ils représentent (puisque danger il y a) avec d’éventuelles solutions. Cette étude est effectuée par des bureaux agréés par notre ministère. » Mais jusqu’à quand durera le calvaire des habitants de cette bourgade enclavée et déshéritée ? La balle est dans le camp des autorités locales.


I. S. Le Soir d’Algérie

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