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Piétons cherchent trottoirs

jeudi 14 juillet 2005, par Nedj


La capitale des Hauts-Plateaux reste un pôle économique incontournable, où les activités commerciales sont d’une grande intensité et obéissent à une demande sans cesse grandissante, donnant lieu à une véritable explosion de commerces en tous genres. Des centaines de magasins, locaux commerciaux, activant dans tous les créneaux, ont ainsi vu le jour, générant une véritable frénésie, pour attirer, de plus en plus, une société de consommation mal préparée à ce changement qui s’est fait d’une manière vertigineuse. Cela n’a pas évidemment manqué de se répercuter sur le paysage urbain de la cité, détériorant l’environnement en causant de nombreuses nuisances, réduisant chaque jour la qualité de la vie. Cette floraison de commerces, telle une pieuvre qui a déployé ses tentacules, à travers tous les quartiers périphériques, à commencer par le centre, le premier étouffé. Le citoyen sétifien se plaint de cette agression de marchandises diverses qui ont envahi tous les trottoirs et squattés d’autorité, en disputant la chaussée aux véhicules, avec tous les risques encourus. La notion de trottoirs espace pour piétons a totalement disparue. Ces derniers sont remplacés par les meubles, les produits électroménagers, les matériaux de construction, les articles d’habillement, la quincaillerie, les produits alimentaires, les fruits et légumes, les bibelots, quand ce n’est pas les tables et les chaises des cafés et les inévitables, mais désormais figures habituelles du paysage, les tables de marchands de cigarettes. Mieux, certains commerçants ont tout simplement érigé, de par et d’autre de leur local, une murette obstruant totalement l’accès et l’interdisant aux piétons. De même que d’autres les ont surélevés en ajoutant des escaliers, les transformant en espèce de montagnes russes, défiant toutes les lois.
Même pour le carrelage, chacun y va de son mauvais goût. Résultat, de véritable mosaïque, un mélange détonnant de couleurs et de qualité.
À Sétif, ville connue pour ses hivers rigoureux, l’on a dénombré une centaine de victimes de fractures dues aux glissades sur le verglas, ses trottoirs étant conçus avec de la dalle de sol (mode oblige !), où l’adhérence est nulle, surtout pour les personnes âgées. Il ne faut pas oublier le problème des sempiternels produits alimentaires (pain, laitages, boissons, conserves...) exposés, par tous les temps, au gaz brûlé des véhicules et leur répercussion sur la santé des citoyens. Dès l’arrivée des grandes chaleurs, de nouvelles mœurs s’installent tranquillement et insidieusement. Des personnes adultes, équipées de petites barres et d’une petite meïda, s’installent sur les trottoirs, particulièrement aux abords du lycée Késouani, et jouent des parties de dominos en tenue légère (short, gandoura ramenée au-delà des genoux ), tout en sirotant des boissons. Tout ceci sans vergogne, ni pudeur. À tel point que des personnes accompagnées de leurs épouses et de leurs enfants, n’osant plus s’aventurer dans ces lieux pourtant incontournables, nous ont approchés pour dénoncer le manque de civisme. Aussi, beaucoup se posent la question : “existe- t-il des autorités dans cette ville ? Où allons-nous avec ces comportements, où se hasarder dans la rue en famille relève de la gageure ? Il est grand temps de réagir.” Effectivement, l’on assiste à une véritable dégradation du quotidien des citoyens.

Farid Benabid, Source : Liberté

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