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« Serial plaideur » un one-man show spectaculaire à Sétif

Maitre Vergès, récidiviste

jeudi 16 septembre 2010, , article écrit par A. Nedjar, Sétif Info et publié par La rédaction


Devons nous nous astreindre définitivement au vieil adage qui consiste à dire « Qui boira de Ain Fouara reviendra ? ».C’est du moins ce qui semble se reproduire avec le retour prochain de Maitre Vergés à Sétif mais cette fois ci, c’est pour qu’il se produise lui-même devant le public dans sa propre pièce théâtrale intitulée « Serial plaideur ».

Adulé, admiré ,honnis, critiqué ; de Djamila Bouhired la révolutionnaire à Klaus Barbie le nazi,du sanguinaire Kieu samphan ex président du Kampuchéa ,adepte de la politique d’extermination des khmers rouges de Pol pot ,jusqu’au jardinier Marocain ,accusé du meurtre de Ghislaine Marchal sa patronne , Jacques Vergés le défenseur, ne cessera de nous étonner en montant aux premières lignes pour défendre les personnes mais aussi pour défendre un principe de droit et de justice humaine ,celui d’obtenir la garantie d’une défense juste, même pour les cas les plus désespérés et les plus controversés .

Après la brillante conférence donnée à l’occasion de la journée de Youm El Ilm dans l’enceinte de l’université de Sétif au mois d’Avril, Jacques Vergés va « récidiver » cette fois ci par la présentation de sa propre pièce théâtrale où, tragédie, histoire, poésie, tout ce mêle.

Magistrale dans sa forme comme dans son fond, cette pièce a pour objet de nous éclairer d’une réflexion sur le rôle de l’avocat et le sens de la justice. Vergés se veut poète tout en restant lucide dans ses propos. C’est une autre passion qu’il animera au même titre que « sa passion de défendre » objet de sa conférence, le tout englué dans une forme poétique. Décliner des vers et désigner un invisible accusé à un jury non moins visible est cette espèce de force ou de connivence qui s’attachent au meurtrier présumé ou bien à l’accusé qui se trouverait affreusement seul en ces moments de grandes solitudes.

Au delà de son aspect ludique si l’on veut , la pièce serait un véritable réquisitoire et un cours pédagogique pour la formation des avocats qui trouveraient ainsi de nombreuses réponses à leurs questionnements.

De l’aveu même de nombreux spectateurs de la pièce vue à l’étranger et qui étaient emballés du début à la fin du spectacle, beaucoup quitteront la salle avec regret.

Homme politique, homme de droit, humaniste, psychologue pénitentiaire, nous découvrirons ici le penseur et le poète.

Il est à signaler que la venue de Jacques Vergés est programmée à Sétif pour le 14 octobre 2010 et non pas le 2 du même mois comme c’est rapporté dans la presse. Cependant, en raison des travaux de rénovation de la salle de la maison de la culture, les initiateurs de l’idée que sont les membres du bureau de l’association des anciens des lycées Kérouani –Gaïd, se démènent pour trouver un palliatif à cette carence ,là où la salle du complexe Ifriqiya aurait pu constituer cette excellente alternative. Il reste à savoir pourquoi cette salle est encore fermée malgré l’ouverture du centre depuis plus de 10 ans .En attendant cette hypothétique ouverture, l’auditorium de l’université Ferhat Abbas serait le mieux indiqué pour accueillir les nombreux amateurs qui viendraient à s’y bousculer en masse probablement .

Enfin, pour les amateurs du théâtre, cette pièce aurait dû se produire depuis longtemps à Alger la capitale pour lui offrir la dimension qui serait la sienne mais également pour faire profiter le maximum d’adeptes du style théâtral dramaturgique où la loi et la raison semblent se jouer à un perpétuel cache-cache.

Notre société en constante évolution et bouleversements, peine ici à trouver les réponses adéquates aux multiples problèmes qui s’opposent à elle. Même le meurtre est aujourd’hui banalisé à telle enseigne qu’il n’apparait qu’à travers la lecture que de quelques encarts journalistiques au coin d’une page comme de simples faits divers.
Le bouillonnant Vergés viendrait ici à vouloir tordre le cou de cette nonchalance en se positionnant non plus en terme d’inquisiteur mais bien cette fois en accusateur de la société qui ne cherche plus à comprendre ces phénomènes de meurtres qui deviennent la pire négation de l’être humain .Comprendre, comprendre, comprendre, pour répondre, c’est ce que veut nous faire comprendre en fait Jacques Vergés.


A. Nedjar, Sétif Info

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