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Sétif entre richesse et pauvreté

Des localités oubliées

mardi 22 novembre 2005, par Nedj


Le mouvement, qui réclame ni plus ni moins qu’un droit à la citoyenneté pleine et entière avec bien entendu son lot de droits et devoirs, est la cause de l’occupation de la route qui est devenue en ultime recours, le champ d’expression de ces citoyens martyrisés par des maux qui ne sont pourtant pas insolubles.

Les récurrents problèmes de la défectuosité de la route qui coupe encore et toujours ces contrées du reste du monde, été comme hiver, sont consignés en haut de la page. Etant l’une des principales raisons de la déperdition scolaire des enfants de ces sites, difficiles d’accès, le transport scolaire occupant une pole position dans les revendications n’a toujours pas trouvé d’épilogue. Les minibus, octroyés par le ministère de la Solidarité nationale, sont dans de nombreux cas à l’arrêt, faute d’un chauffeur inscrit aux abonnés absents, et ce, pour une histoire de poste budgétaire manquant. De nombreuses écoles d’Ouled M’hala, de Guellal, de Melloul, d’Ouled Si Ahmed et ailleurs fonctionnent avec un matériel rudimentaire qui n’aide pas les potaches de ces zones oubliées, non pas à s’épanouir mais à poursuivre une scolarité ordinaire. L’intenable soif de ces contrées, l’autre face cachée d’une wilaya pauvre et riche à la fois, a poussé les citoyens de ces bleds perdus à exprimer leur ras-le-bol n’étant pas programmé par les décideurs qui ont, depuis belle lurette, oublié de prévoir comme le dicte l’adage : « Gouverner, c’est prévoir ». Le chômage qui pénalise ces contrées dépourvues du strict minimum a obstrué les horizons de la main-d’œuvre active qui ne demande pourtant pas la lune. « Comme nos hameaux et bourgs sont des lieux agricoles de prédilection, on ne demande pas des grandes unités industrielles mais tout simplement des aides et subventions pour l’élevage et la mise en valeur des terres », souligne un groupe de jeunes de Maoklane. L’inactivité porte un sacré coup au pouvoir d’achat des citoyens qui sont, dans leur majorité, incapables de subvenir aux besoins de la scolarité de leur progéniture du secondaire, obligée de faire quotidiennement des kilomètres pour rejoindre le lycée qui devient, au vu des difficiles conditions précitées, une nécessité absolue pour ces espaces qui grondent. D’autres jeunes de Tala Ifacen qui n’exigent ni le RER, ni le métro, mais tout simplement leur droit de la rente pétrolière soulignent : « Devant cette oisiveté qui est la source de tous les vices et les maux sociaux, l’Etat qui a négligé ces douars, qu’on découvre qu’à l’aube de toute échéance électorale, ne demandent qu’un petit terrain de football, une maison de jeunes digne du nom et plus de travail. » Pour les observateurs, la colère des citoyens résulte de la faillite des élus locaux qui s’empêtrent depuis longtemps dans des conflits internes sans fin. Ces crises qui secouent, faut-il le rappeler, plus de 40 communes sur les 60 que compte la wilaya, sont, disent-ils, pour beaucoup dans ces protestations. La tutelle, qui s’est contentée de la médiation n’ayant dans de nombreux cas pas donné les résultats escomptés, est plus que jamais interpellée à mettre le holà. D’autant que le nerf de la guerre coule à flots du côté des Hauts-Plateaux sétifiens ne trouvant malheureusement pas les forces devant matérialiser l’ambitieux programme (dédoublement de la voie Sétif-Béjaïa, 40 000 logements, alimenter les zones enclavées de gaz naturel, le théâtre de verdure, le palais des congrès, les lycées, les cantines...) en réalité palpable. Le citoyen qui ne voit rien venir exige, dans un premier temps, la tête des responsables de la léthargie qui se transforme au fil du temps en mouvement des foules !

Kamel Beniaiche, Ssource : El Watan

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