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La Commune de Bousselam, la« Bataille de H’lia » et le bout du monde .

lundi 3 décembre 2012, par A. Nedjar

Il n’est point ici question de la rivière qui prend sa source sur les flancs de montagnes du mont du Mègres et dont le lit et les berges longent et arrosent plusieurs régions de la wilaya pour aller constituer un affluant au célèbre cours d’eau de la Soummam et vont ensemble mourir tous deux à l’embouchure de la capitale de Hammadides.

Ici, il s’agit du village éponyme, chef lieu de commune ,portant le même nom que j’ai le privilège de visiter régulièrement depuis ma tendre jeunesse .Cet intérêt doublé d’une complicité ou plus exactement d’une duplicité ,s’était manifesté lors des parties de chasse où j’accompagnais mon feu père comme rabatteur. Je profitais en parallèle pour réaliser une intéressante collection de roches archéologiques de différentes natures ,si rare et si belles les unes que les autres en ratissant toute la région et dont je m’en enorgueillis auprès de mon professeur des sciences .

Il faut dire qu’à l’époque, bien que plus que ce qui restait de la sortie du pays d’une guerre effroyable et dévastatrice , ces régions vivaient encore à l’âge de ces mêmes pierres et des roches que je ramassais !

Aujourd’hui, du caractère sauvage d’un paysage extraordinaire, dominé par Takentoucht, la montagne sacrée où, de la population quelque peu résignée, rien ne donne l’air d’avoir changé. Rien ne présage non plus à la mesure du temps puisque qu’ici, tout est figé. A part quelques réalisations publiques insignifiantes, soutenues par l’effort et l’engagement du citoyen pour améliorer son quotidien, 50 ans plus tard j’ai l’impression de revivre exactement mes prospections et mes propres escapades dans les flancs de ces montagnes ou dans ces grandes trouées dominées par rigueurs extrême des étés et des hivers qui connaissent ici plus qu’ailleurs leurs rigoureuses expressions.

Pour dire, la commune de Bousselam n’est pourtant qu’à 60 km du chef lieu de wilaya .Pour beaucoup , et notamment ceux de la contrée, c’est le bout du monde .

En lisant la presse d’ aujourd’hui , j’ai été ému et peiné, presque revolté par la lecture d’une lettre ouverte adressée à monsieur le Wali que nous reproduisons intégralement.

«  M le Wali, venez à Bousselam

Veuillez, s’il vous plaît, vous rendre à l’une des communes appartenant à votre circonscription (Bousselam), pour voir notre malaise et pour constater avec vos propres yeux la situation catastrophique de cette région mise injustement en quarantaine.
Nous vous invitons à venir dans cette contrée, et soyez assuré du bon accueil qui vous sera réservé même si l’effervescence « colérique » de certains habitants sera inévitable. Nous vous invitons aussi particulièrement à venir dans notre village qui vous accueillera d’emblée par un cimetière au-dessus duquel est écrit le nom d’une bataille et d’une histoire qui rappellent et témoignent de l’ardeur impétueuse du sang qui avait coulé pour écrire cet évènement glorieux et inoubliable de l’histoire de l’Algérie, et vous allez certainement regarder avec curiosité cette banderole sur laquelle est écrit « Bataille de H’lia, 15 mars 1956 ». Vous allez vous interroger sur cette bataille dont vous n’aviez certainement pas entendu parler, mais sachez que cette bataille n’a rien apporté à ce village même pas le minimum de conditions pour une vie... normale ! Enfin, nous vous remercions de vous être donné la peine de nous rendre visite, de prendre en considérations nos préoccupations et de comprendre notre malaise. Dans l’attente de votre visite, veuillez, Monsieur le Wali, excuser mon expression de malaise et agréer l’expression de mes meilleures salutations .

Signé ;Yaâkoub Hamidi, H’lia, Sétif  »

Extrait du journal ;le soir d’Algerie


A Nedjar.Sétif info