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L’Algérie est-elle prête à accueillir Sarkozy ?

lundi 14 mai 2007, par La rédaction


Le nouveau président de la République française, Nicolas Sarkozy, a émis, l’instant d’un laïus post-victoire électorale, le concept tout aussi nouveau de l’union méditerranéenne. La perspective se décline plutôt éminemment politique, puisque les préoccupations économiques sont déjà prises en compte dans le cadre du processus de Barcelone.
 L’Algérie, pays pivot de la rive sud de la Méditerranée, a-t-elle la disponibilité politique quant à souscrire à l’idée de Sarkozy ?
 Serait-elle prête à accueillir Sarkozy, après son investiture à l’Elysée, si, bien entendu, ce dernier déciderait d’y effectuer une visite ?

Le poids de l’histoire pèsera encore assurément sur la relation algéro-française. Peut-être durablement, d’autant que la droite française vient de renouveler son bail pour occuper l’Elysée cinq années supplémentaires. Si déjà avec le président sortant, Jacques Chirac, les amitiés ont relevé beaucoup plus de la déclaration d’intention que de vécu tangible, il y a fort à parier que le rapprochement sera boosté sous le règne de Sarkozy.

Ce dernier, en effet, n’a pas affiché, durant sa campagne électorale, de vocation à guider la France vers la repentance de ses crimes coloniaux. Pour sa part, l’Algérie, qui a eu à subir les pires crimes coloniaux, jusqu’au génocide identitaire, pour reprendre le président Bouteflika, maintient son exigence de ce que la France fasse d’abord acte de repentance avant de penser à parapher le fameux traité d’amitié, auquel ont travaillé les présidents Bouteflika et Chirac avant que la loi du 23 février 2005, louant les vertus de la colonisation, ne vienne saborder la projection. Depuis, Alger et Paris ont repris de se regarder en chiens de faïence, comme quasiment au temps des grandes crispations de part et d’autre. Ceci même si, relativement à la signature du traité d’amitié, ni l’Algérie ni la France ne se sont risquées à déclarer le projet définitivement abandonné.

D’un côté comme de l’autre de la Méditerranée, on s’est jusque-là tenu éloigné de toute impulsion, faisant le choix, s’agissant de ce chapitre précis, de ne pas condamner l’avenir. Cependant, cette prudence observée quant à ne pas exagérer la polémique, si l’on peut dire, à propos de cette question de repentance exigée de la France comme préalable à “une parfaite entente” sera-t-elle de mise à présent que Sarkozy succède à Chirac ? Il faudra certainement attendre que le nouveau président français décline officiellement son agenda international pour jauger de la résistance de cette attitude prudentielle aux érosions politiques. Le chef du gouvernement algérien en exercice, Abdelaziz Belkhadem, ne s’est pas retenu, la veille du 6 mai, devant montrer toute son hostilité au candidat Sarkozy, en l’accusant de vouloir réhabiliter l’OAS. Il est vrai que ce n’est là qu’un propos de campagne électorale, mais il donne tout de même à percevoir du moins une hésitation à célébrer une lune de miel avec Sarkozy. Le problème de l’immigration que Sarkozy affirme gérer d’une main de fer risque aussi de peser dans la relation algéro-française. L’Algérie, qui compte une forte communauté établie dans l’Hexagone, est, d’une certaine façon, concernée par cette question.

Surtout que Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur, avait déclaré recourir au nettoyage au Karcher des banlieues. Sur un autre plan, il est indéniable que les tensions régionales détermineront la réussite ou l’échec de cette union méditerranéenne que propose Sarkozy. Car, il va sans dire, il ne sera d’union que si l’ensemble des pays concernés adhèrent d’abord à l’idée et ensuite aux mécanismes qui devront la régir. Or, il n’est pas dit que des pays, à l’instar de l’Algérie, plongent aveuglement dans l’univers politique proposé par Sarkozy.

S. A. I.
Le Soir d’Algérie

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