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ALGER (15)
vendredi 10 juin 2011, par
Puissions-nous leur imposer une volonté de dialogue et de partenariat…
Souhaitons-le. Voilà plus d’un demi-siècle que l’Europe met en place son édifice économique et juridique devant aboutir politiquement à un bloc soudé par une Constitution autour de quelque vingt six pays. Et s’il y a pratiquement autant de langues que de pays, ces pays admettent de recourir à l’anglais plus particulièrement pour communiquer entre eux.
Les pays du Maghreb, et au-delà du monde arabe, ont là un formidable défi à relever.
Ah et comment ! Commençons d’abord par mettre hors d’état de nuire le « zaïmisme » qui nous a tant desservis et maintenus jusqu’à l’heure actuelle dans une situation de marasme culturel et de subordination vis-à-vis de nos dirigeants et de…l’Europe…
Il est vrai que, dans le monde contemporain, être monolingue n’est plus concevable.
C’est incontestablement vrai, sauf à dire que les citoyens des pays industrialisés et modernes sont suffisamment alphabétisés et lettrés en grand nombre ; ils parlent, écrivent et produisent d’abord et essentiellement dans leurs langues maternelles, même quand ils ont deux ou plusieurs langues nationales…
Et que dire alors des relations parfois tendues entre francophones et arabophones chez nous ?
Si un débat national à ce sujet devait s’ouvrir, il faut prendre garde de se rappeler que beaucoup de nations civilisées ont deux ou plusieurs langues (Canada, Suisse et Belgique par exemple) et que l’Algérie est d’abord et avant tout algérianophone, c’est-à-dire arabophone et berbérophone. Et que l’algérianité demeure le lieu d’expression où tous peuvent se retrouver pour conjuguer leurs efforts en vue d’une culture nationale admettant le pluralisme linguistique à même de permettre à l’Algérie de s’intégrer dans le concert des nations. Apprenons les langues étrangères ne fut-ce que du fait de la proximité géographique… Après tout, notre prophète disait : « Apprenez la science, même en Chine »…
Cette situation ne concerne pas seulement la littérature, mais le cinéma aussi…
Tu sais, j’ai presque envie de dire, par gouaillerie, que notre culture avoisine par moments le degré zéro… Bien entendu, le cinéma et l’audiovisuel sont des domaines importants qui méritent toute notre attention. D’aucuns pourraient penser qu’il s’agit là d’une question vaine, voire revêt un caractère de provocation. Il est vrai que beaucoup de films algériens, qui ont correspondu à l’actualité politique du pays, ne sont pas exempts de critiques. Certes, les cinéastes algériens ont tenté de reconstituer certaines réalités, mais c’est à travers le prisme déformant du « héros positif » que cela a été fait ; d’aucuns auraient parlé de « jdanovisme »…
(A suivre)
Ammar Koroghli