SETIF.INFO

Accueil > Setif.info (1999-2021) > Culture > Exils : de Sétif à Paris

PARIS (29)

samedi 1er octobre 2011, , article écrit par Ammar Koroghli et publié par La rédaction


Depuis, les politiques, relayés par les médias, parlent d’intégration. Il est vrai que la sémantique relative à l’assimilation est devenue obsolète, voire indécente ; l’identité nationale étant devenu l’un des intitulés d’un département ministériel « dédié » à l’immigration. En clair, les pays d’origine ont perdu tout droit de regard sur leurs propres ressortissants. Malgré que beaucoup parmi les jeunes de l’immigration aient opté pour la nationalité française, ils demeurent souvent exclus des centres de décisions où se joue leur sort : l’école, l’urbanisme, les banlieues, le droit de vote des étrangers aux élections municipales… ; d’où la marginalisation d’une partie d’entre eux et sans doute les « événements » de Vaulx en Velin et Sartrouville. Et d’autres banlieues. Ce qui est souhaitable, c’est qu’il y ait plus de pédagogie et moins de répression, l’accès aux medias et aux études et activités professionnelles selon compétences et aux études dans les grandes écoles. C’est la moindre des choses dans une France devenue par la force de l’Histoire polyethnique, multiculturelle et pluri religieuse (l’Islam y est la deuxième religion) ; il ne se passe de jours, de semaines et de mois sans que la question de l’immigration ne revienne sur le devant de la scène. En attestent le problème des banlieues, des « bavures » policières, les crimes passablement réprimés lorsque les victimes sont étrangères, les expulsions manu militari, la bourqa, les minarets…
Et les couples mixtes et leurs enfants continuent de révéler leur complexité. C’est un phénomène social que l’appareil judiciaire et les chancelleries ne maîtrisent pas toujours l’application des décisions rendues entre les parents divorcés qui reconnaissent des droits à chacun des ex-époux sur leurs enfants. Et cela ne concerne pas que les Maghrébins ; il est heureux qu’existent des téméraires qui, au-delà des déchirements historiques, trouent le voile du passé pour y installer un avenir qu’on peut toujours espérer meilleur. Rien de tel sans doute pour effacer les douleurs et les rancunes accumulées, et surtout pour sortir des sentiers bourbeux de ceux qui prônent la haine. Et même lorsque notre pays traversait une période difficile et passait par moult épreuves accentuées par un certain climat d’insécurité dû, dans certaines villes, à une violence quasi quotidienne, le cas des couples mixtes et de leurs enfants n’a pas cessé.
Et dans l’Europe qui se construit à la vitesse d’un TGV ? Le thème récurrent inhérent à la condition des immigrés reste le parent pauvre des débats si ce n’est à travers des propos lénifiants, paternalistes ou franchement hostiles, sans aucune emprise sur la réalité… Le maître mot, c’est la sécurité avec en toile de fond « la lutte contre l’immigration, le séjour et le travail irréguliers de ressortissants des pays tiers sur le territoire des Etats membres ». Et avec le libéralisme triomphant qui se mondialise, inutile d’évoquer cette ineptie juridico- politique appelée « devoir d’ingérence » ? Quant aux banlieues, elles refont surface dès l’approche des élections ; c’est une attitude récurrente chez les medias comme chez les politiques. Dans les banlieues règne une certaine fièvre. Et les jeunes ne cessent de bouger pour se faire sérieusement entendre. En vain. Et pour cause, si hier encore, on appelait leurs parents « bougnoules » ; aujourd’hui, on a pu les qualifier de « racaille » de banlieues. Hier encore, on nettoyait au napalm dans certaines colonies ; aujourd’hui, on veut les nettoyer au « karcher ». A telle enseigne que beaucoup se demandèrent si on est bien en présence de la France, Etat de droit et patrie des droits de l’homme et de la démocratie auxquels les jeunes des banlieues ont tant cru ? Leurs parents ont défendu la France, les armes à la main comme tirailleurs ; beaucoup d’ailleurs y ont laissé leur vie…
(à suivre)


Ammar Koroghli

Dans la même rubrique