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ALGER (18)

mercredi 6 juillet 2011, , article écrit par Ammar Koroghli et publié par La rédaction


Je me rappelle qu’en 1979, la pseudo- « campagne d’assainissement » (Hamlat Et-tathir -aux lieu et place de Hamlet Et-tahrir-, campagne de libération)…
Oui, avec le harcèlement des couples pour atteinte présumée aux mœurs, alors que le marasme culturel devenait chronique. Et que le couffin demeurait désespérément vide. Les Souks el fellah ayant été plus souk qu’autre chose, à un moment où l’on cherche à maîtriser le modèle de consommation de type occidental avec ce qu’il offre comme possibilités concernant l’électroménager, l’audiovisuel, les meubles, les vêtements, les denrées alimentaires et autres loisirs…
Et que dire alors du caractère moralisateur des supports pédagogiques dans l’enseignement…
Ah oui ; je me rappelle, on nous enseignait : Malik sort avec papa tandis que Zina va à la cuisine pour aider maman !... Mais, il y a aussi les sermons de certains maîtres d’écoles, de collèges et de lycées, l’université étant hélas devenue le théâtre d’affrontements physiques entre « francisants » et « arabisants », entre « progressistes » et « traditionalistes » beaucoup plus qu’un lieu de savoir scientifique et de débats d’idées.
Comment expliquer le peu de présence des femmes dans les enceintes où se joue leur sort ?
C’est une énigme qu’il y a lieu de poser à notre législateur, c’est-à-dire à nos dirigeants. Il est vrai que, depuis l’indépendance, peu de femmes ont accédé à des postes de commande de la vie publique : ministres, députées, ambassadrices, préfètes et sous-préfètes, rectrices, PDG de sociétés, même si certains métiers réservés jusque-là aux hommes - armée et police - ont subi le baptême de feu des femmes…
Et que dire de cette moitié de la population qui est constituée par des divorcées, séparées et veuves ? Sont elles l’avenir de l’homme ?
Malheureusement, vu le peu de cas dont elles font l’objet, il y a de quoi s’en alarmer, même s’il semble admis que cette situation prévaut, toutes proportions gardées, dans les pays avancés, à la tête desquels les Etats-Unis d’Amérique et l’Europe ; malgré des textes éminemment protecteurs et égalitaires, du chemin reste encore à parcourir. Peut-on éliminer, en effet, en quelques années des discriminations qui ont cours depuis des siècles ?
Oui, mais dans les pays avancés, on est loin de la situation d’infériorité dans laquelle la femme algérienne a été placée par le code de 1984, tant décrié…
C’est absolument vrai. Nous devons éviter le piège tendu par notre législateur. En tant que société civile, nous devons éviter l’approche de nature conflictuelle (guerre des sexes : maris et femmes, pères et filles, frères et soeurs) et concilier la réalité vécue avec ce code qui reste sérieusement à amender.
Sans doute, devrait-on parler de complémentarité égale entre l’homme et la femme…
Le code que d’aucuns qualifient d’infamie est considéré comme une « valeur ajoutée » à la société traditionaliste, tant il est vrai qu’il consacre la polygamie sous réserve, la tutelle matrimoniale à l’égard de la fille même majeure, la prohibition du mariage avec un non musulman pour la femme, le divorce comme faculté exclusive du mari -la répudiation-, l’interdiction de l’adoption tempérée toutefois par le système de la kafala ou recueil légal, l’absence de statut pour la mère célibataire et le droit à la moitié des parts en matière successorale…
(A suivre)


Ammar Koroghli

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