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PARIS (21)

vendredi 16 septembre 2011, , article écrit par Ammar Koroghli et publié par La rédaction


Surtout si on affaire à un chef qui se caractérise par son incompétence et qui ne fait pas l’effort d’apprendre les vrais dossiers du pays et de solliciter l’avis des grands spécialistes qui peuvent l’éclairer…
Oui, ils débutent tous leur carrière comme « présidents stagiaires » et procèdent souvent à une critique de leurs prédécesseurs. Sans aucune autocritique. Souvent, en proclamant dans leurs creux discours la continuité et « le changement dans la continuité »…
Tiens, je te rappelle que l’un d’eux a commencé par promouvoir quelques mesures pour frapper notre imagination : suppression de l’autorisation de sortie du territoire national par exemple… alors que, par ailleurs, il n’a eu de cesse d’évacuer de la scène ses adversaires politiques. En leur fabriquant au besoin un procès. En modelant le personnel civil et militaire de l’Etat pour avoir une clientèle à sa dévotion. Démanteler la politique antérieure. Le tout servi dans une impeccable langue de bois !
Si tu permets, la critique dépend de l’angle dans lequel on se place. Concernant l’ambitieuse politique d’industrialisation du pays, comment ne pas évoquer le déficit des entreprises publiques, le monopole du commerce extérieur, la négligence de l’agriculture, les surcoûts de l’industrialisation, l’autoritarisme social, l’ascension vertigineuse de la technocratie, le niveau de vie des gens...
Tout à fait. On a pu dire qu’en Algérie, il y a eu une « boulimie industrialiste ». Il est vrai que la part de l’agriculture, de l’hydraulique et des pêches dans les investissements publics réalisés n’a cessé de dégringoler… même si on a pensé, après coup, à une « débureaucratisation » de l’agriculture, notamment par la restructuration des exploitations autogérées et à accorder un plus grand intérêt au secteur agricole privé.
Il n’empêche que la langue de bois continua d’être à l’ordre du jour au sein de l’élite...
Exact. Surtout que la stratégie du pouvoir offrait déjà à l’analyse ses contradictions ; apparurent alors les difficultés vraies de gestion de celles-ci par la société politique. Pouvait-on continuer de la sorte ? Appel inconsidéré aux firmes étrangères qui s’est traduit par une dépendance technologique, un fort endettement allant crescendo avec en prime une disparité ville campagne à l’origine sans doute de l’exode rural massif et de l’apparition de quelques six mille milliardaires…
Que de slogans avons-nous subi ? « Vers une vie meilleure » d’abord, « Le travail et la rigueur » ensuite et « Le compter sur soi » enfin…
Foutaises et billevesées. Car enfin, « l’après-pétrole » tant scandé devait, nous disait-on, préfigurer l’Algérie des nouvelles énergies : solaire, éolienne, géothermique et pourquoi pas nucléaire…
On nous abreuvait alors de « réalisme » et de « pragmatisme » qui devinrent les maître-mots depuis la baisse des recettes pétrolières et les difficultés d’écoulement du gaz.
Oui. L’austérité frappait à la porte de la maison Algérie. Elle portait sur le secteur social, les infrastructures économiques, la consommation ; la dette était alors de quelque vingt milliards de dollars avec une dépendance accrue de l’économie vis-à-vis de l’extérieur.
Tu te rends compte, nous dépendons encore et des recettes pétrolières et de l’extérieur pour la quasi-totalité des biens d’équipement, plus de la moitié des semi-produits nécessaires à l’industrie, la construction des ¾ des logements par des entreprises étrangères…Et pour notre pitance…
Rien que ça. Fichtre, j’en ai la chair de poule…
Comme tu dis. Simplement, l’austérité a touché surtout les citoyens les plus démunis : diminution de l’allocation touristique, taxation des bagages à l’entrée du territoire, coupures d’eau, pénuries en tous genres, rareté des transports en commun... D’évidence, il y avait là de quoi inquiéter le régime.
Le slogan d’alors fut « l’ère de l’or noir à celle du pétrole vert »...
Peine perdue. Octobre 88 allait réserver au pays une nouvelle meurtrissure, sans que l’on sache à ce jour quels en sont les commanditaires...

(à suivre)


Ammar Koroghli

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