SETIF.INFO

Accueil > Setif.info (1999-2021) > Culture > Nous étions lycéens

Nous étions lycéens (Partie 19)

lundi 18 novembre 2013, , article écrit par Toufik Gasmi et publié par La rédaction


Les sorties

Les élèves épargnés par cet aléa et autorisés à quitter le lycée devaient impérativement se mettre sur leur « 31 » et gare à ceux qui ne se sont pas assez appliqués à cirer leurs souliers et à mettre la cravate sur une chemise propre quitte à l’emprunter auprès des copains : les maîtres d’internat et surtout Monsieur Chemoun veillaient à cette rigueur. D’ailleurs les internes, rencontrés en ville en tenue négligée, seront ramenés au lycée et sévèrement punis.
Nous déambulions, joyeux à travers les rues de notre ville, aisément reconnaissables de par notre tenue soignée, les badauds nous montraient du doigt en lançant : « ouled lici ».

Les filles n’étaient pas en reste, car elles aussi, avaient la possibilité de sortir, mais à la différence des garçons, elles n’avaient pas besoin d’être surveillées, à la sortie : elles étaient belles naturellement, elles l’étaient un peu plus lorsqu’elles devaient quitter le lycée.
Leur sortie était précédé d’un cérémonial hors établissement : les commerçants ne baissaient pas rideau ce jour là : c’était une aubaine tant pour le commerce que pour les yeux, une animation particulière régnait aux abords du lycée, chaque jeudi et samedi.
Leur programme de sortie était minutieusement arrêté une semaine avant : certaines étaient les invitées de leurs camarades externes, certaines pour un café, d’autres pour un diner souvent suivi d’une nuitée. L’hospitalité et la générosité sont des vertus coutumières à Sétif.

Certaines avaient programmé une virée au cinéma STAR, tout prêt du lycée .En groupe et joyeuses, elles s’y rendaient pour voir le plus beau film sentimental de l’époque, celui qui a marqué toute notre génération ; souvenons nous El Khataya, avec Abdelhalim Hafez et Nadia Lotfi. Heureuses elles entraient, heureuses elles en sortaient, mais avec beaucoup d’émotion et des larmes en plus .Les rêves sont passés par là. Elles doivent surement aujourd’hui même fredonner quelques unes de ces chansons o combien envoutantes. D’autres films comme ‘’Et Dieu créa la femme’’ avec Brigitte Bardot, sont dans la mémoire de quelques unes et- elles sont nombreuses-, mais elles sauront les classer, en y ajoutant quelques souvenirs personnels. Ces charmantes condisciples sont tellement intuitives …
Enfin, certaines choisirent de flâner dans les rues de la ville. Elles étaient belles et majestueuses, elles égayaient la cité en se promenant en toute quiétude. La sécurité était assurée par le comportement exemplaire des enfants de la ville comme on aimait les citer (ouled bled) ; aucun écart de langage, aucune objection n’était adressée en leur direction ; bien plus, les jeunes et moins jeunes s’écartaient des trottoirs à leur passage, en leur adressant des mots tellement agréables à entendre, quelquefois elles avaient droit à une friandise ou une glace au passage, tel était le comportement des citoyens sétifiens. Quelle modèle de génération ! Où est- elle, cette belle génération ? Que fait-elle ?
Camarades lycéennes, nous pouvons affirmer que vous avez été pour nous un stimulant dans nos études : nous voulions tous être à la hauteur des rêves permis, en essayant d’être les meilleurs de notre classe et pourquoi pas du lycée.
Votre fierté d’hier faisait votre charme et nous ne l’avions pas compris à cette époque, mais avec le temps, nous le comprenons mieux aujourd’hui.
Ces sorties nous permettaient de rencontrer notre dulcinée, souvent élève du Lycée Malika Gaïd. Les plus chanceux, donc ceux qui avaient assez de pièces dans leur poche, ainsi que les beaux garçons les invitaient au cinéma du coin ou à ce lieu magique qui avait pour nom « La Potinière ».
Sur les chaises et tables en osier de cette conviviale cafétéria, située au centre ville,
au milieu d’une décoration qui ne laissait personne indifférent, nous sirotions de
délicieux chocolats chauds servis par de jeunes femmes bien coiffées et constamment
souriantes. Elles nous taquinaient du regard quand il s’agissait de nous servir le remarquable baba au rhum qui faisait le bonheur de nos papilles et la réputation de « La Potinière » ; il faut dire qu’une certaine sympathie doublée d’une complicité s’était instaurée entre elles et nous.
Devant leur magistral sourire, le pourboire était de mise. Elles nous le rendaient bien en nous gardant
la même table pour la semaine d’après. Elles connaissaient même nos prénoms respectifs.
Comme elles étaient discrètes !
Des décennies plus tard, ce lieu enchanté, qui fit la joie d’une grande partie des adolescents de Sétif, et la fierté des citoyens de la ville, fut remplacé par un magasin de vaisselles…
Nous passâmes ainsi, tristement, du baba au rhum parfumé, aux articles made in China.

Ceux qui avaient moins d’argent, se dirigeaient avec leurs copines vers le jardin d’Orléans où ils pouvaient entre autres, admirer les ruines romaines, les nombreuses inscriptions latines, quelques bas -reliefs et plus particulièrement l’imposant buste de JUPITER et la statue D’ACIS. Ils s’asseyaient sur des bancs et se délectaient du paysage qui s’offrait à leurs yeux. Les plantes étaient minutieusement taillées, le gazon méticuleusement tondu, le chant des oiseaux s’ajoutait à la beauté de ce lieu où l’on respirait la sérénité.

A proximité d’eux, des femmes se rencontraient autour d’une cafetière pour faire de la broderie ou des mots croisés. Leurs rires venaient égailler ce lieu féérique.
Les férus de lecture s’adonnaient à leur hobby, assis sur ces bancs en bois .Ils dévoraient en silence en un seul après midi, les livres empruntés de la bibliothèque.
D’autres, ceux qui n’avaient rien dans les poches, se consolaient en faisant de la marche à pied jusqu’à Bousselam et retour, en ramenant avec eux quelques épis de blé tendre ‘’cueillis ‘’ dans les champs s’étalant à perte de vue de chaque coté de la route.
Au retour, on ne manquait pas de faire une halte à la fontaine Ain Fouara pour se désaltérer mais jamais, au grand jamais, il nous est venu à l’esprit de monter sur la statue : on osait même pas la toucher . Nous la respections tout simplement. C’était le symbole de la Ville.

Qu’en est –il aujourd’hui ?
Et les fans de western, on ne les a pas oubliés, loin s’en faut. La salle du cinéma ‘’Variétés’’ appartenant à M. Marin, programmait chaque semaine un film western (les sept mercenaires, les douze salopards, le dernier des fédérés…) et les fans se pointaient déjà une heure avant. Paradoxalement la rue s’animait aussitôt .Des jeunes, habitués des lieux culturels ou sportifs , portant une veste immaculée, avait en bandoulière un caisson d’un blanc éclatant dans lequel s’y trouvaient quelques choses qui sentaient bon ,et on devinait aux appels que prononçaient ces jeunes « pâtés au fromage, pâtés aux anchois » que c’était appétissant.
Ils gagnaient leur vie comme cela. A la demande, ils prenaient le soin de nous servir en utilisant une pince, jamais avec les mains. L’hygiène était présente. Et pourtant…

D’autres jeunes, des illustrés entre les mains, les proposaient aux lycéens qui s’empressaient de les acheter .Il faut admettre que ces bandes dessinées nous ont aidés et à l’orthographe et au style de l’expression française.
A L’entrée de la salle, le ticket était présenté à de charmantes femmes qui nous précédaient pour nous indiquer notre place ; oui, les places étaient numérotées et même s’il nous arrivait d’arriver en retard, notre place était garantie, la lampe de poche de la placeuse nous l’indiquait. Rares étaient les fois où l’on se plaignait et nombreux étaient les pourboires.
A l’entracte, les esquimaux, bonbons et chocolats étaient servis par de jeunes et jolies filles, tablier bien ajusté, le plateau en bandoulière. Elles passaient entre les allées et nous gratifiaient de leurs sourires. En général les plateaux revenaient vides.

A la sortie, la fumée de la viande grillée en face nous emportait et pour cause, les brochettes de foie et de viande grillées par M.Chiah, étaient servies sur des tables occupées généralement par des habitués. Nous sommes convaincus que c’étaient les meilleures brochettes de la ville. Nous aurions aimé en faire autant, hélas, c’était le fond qui manquait le moins.
Après ces agréables après-midi, avant de rentrer au lycée, nous faisions une halte, d’abord en allant siroter une limonade au café situé tout prés, le mythique Café Abbas, cet espace loué en 1940 par M .Ferhat Abbas à une certaine Aicha, fille de Troni . e dernier y organisa un cercle -d’où son nom en arabe –Nadi- pour y tenir des réunions et tenir des conférences avec ses nombreux sympathisants ; ce café était le point de ralliement d’une certaine élite de la ville. Elèves et professeurs, aimaient à se retrouver dans ce lieu o combien symbolique, ce café où Ferhat Abbas signa le manifeste historique.
Pour l’histoire, parmi cette élite, il y avait Amardjia Abbés, un brillant élève du lycée, qui devint professeur de latin et de grec à l’âge de … 22 ans, Hassani Abdelkrim, Mohamed Seddik Benyahia, Kateb Yacine, Benmahmoud Mahmoud et bien d’autres. Certains professeurs aimaient à corriger les copies de leurs élèves, tout en sirotant un thé.
Pour mémoire, Amardjia Abbés était le secrétaire particulier d’Amirouche ; il tomba au champ d’honneur en même temps que beaucoup d’autres condisciples .Gloire à vous, Ainés !

Nul doute que ceux et celles qui ont connu cet endroit n’ont que les yeux pour pleurer lorsqu’ils constatent que deux minuscules boutiques ont remplacé le mythique café, et que dire de l’esplanade qui servait de terrasse et qui égayait la place ?elle est utilisée aujourd’hui comme parking.
Triste sort ou malédiction ? A notre bon choix !
Et juste avant de pénétrer dans ce temple du savoir, nous nous arrêtions une dernière fois chez le marchand de marrons et de graines de potirons salées, qui répondait au doux prénom de Tayeb .Il aimait à crier à tue tête « chauds les marrons chauds ».Il connaissait parfaitement nos jours et horaires. Nous voyant arrivés, il se pressait à préparer les cornets et chacun y allait de sa générosité ; même Tayeb, dans sa modeste situation était généreux ; il nous faisait crédit .Sacré gars ! Les filles, quant à elles, avaient droit à quelques marrons en plus et le sourire en coin en sus.
Les consignés, ceux qui n’eurent pas la chance de s’évader en notre compagnie, nous attendaient pas moins pour avoir les nouvelles sportives que pour récupérer les lettres contenant les réponses de leurs bien-aimées.
Par ailleurs, on ne peut parler de frustration, car ils avaient inventé deux jeux : l’un qui consistait à jongler avec un trousseau de clés avant de les lancer dans les pourtours des robiniers (arbres plantés en 1873) qui enjolivaient notre établissement. Cette étrange distraction, se généralisa rapidement et nombreux étaient ceux qui la pratiquaient ; l’autre était aussi du jonglage, avec le pied en utilisant une touffe d’herbe aux larges feuilles vertes qu’on allait cueillir dans les prés, la guimauve, et qu’on appelait communément ‘’Sou’’.

Beaucoup excellaient dans ce jeu à enjeu.
Le diner de 19 heures dont nul ne pouvait se soustraire, se déroulait dans un brouhaha indescriptible. Les éclats de rire se mêlaient au bruit récurant des cuillères venant racler nos assiettes. Il était pourtant aisé à une personne de mettre un terme à ce vacarme par sa seule présence.
Nous gardons en nous, son visage expressif affublé d’une paire de moustache à la turque. Toujours en costume et cravate, faisant sa tournée d’un pas alerte et interpellant les retardataires d’une voix rauque et sévère, cet homme a toujours su nous inculquer à travers son comportement et la justesse de ses mots, les notions de camaraderie, d’entraide et d’abnégation. Ce personnage au regard vif et pénétrant, qui a passé plus de 60 années dans cet établissement, était un second père pour nous tous et nul ne pourra effacer de sa mémoire les qualités humaines et le respect qu’il incarnait. C’était le regretté Cheikh Maiza.

Outre les rencontres de fin de semaine, la présence des filles du lycée M.Gaid mettait beaucoup d’engouement à des soirées organisées chaque fin de mois au cinéma « le Colysée » où nous avions la chance d’assister à la projection d’une multitude de films ramenés de la cinémathèque d’Alger. Les débats, dirigés par un professeur cinéphile, qui s’en suivaient donnaient lieu à des échanges fort enrichissants qui illustraient la maîtrise des sciences sociales par chacun des élèves. Ils prenaient fin à une heure tardive où nous nous quittions en s’échangeant quelques friandises ou quelques gentils mots. Nous gardons dans nos mémoires des films d’exception tels que ‘’les raisins de la colère’’ ou ‘’les canons de Navaronne’’ et nul ne peut oublier, le fabuleux western « le dernier des fédérés » qui marqua toute une génération.
Le théâtre municipal reste le témoin de nombreuses représentations auxquelles nous avions assistés et nous gardons l’image de cette dame de fer qu’est la directrice du lycée M.Gaid Mlle Idoine ,fervente de la mixité qui ordonna à toutes ses élèves de laisser un fauteuil libre entre deux filles ;bien sur, cette place sera réservée aux garçons du lycée d’à coté ;et pour nous ,malicieux de nature , il fallait faire preuve d’imagination et de calcul pour être à la place souhaitée, c’est-à-dire prés de notre amour caché.

Un autre évènement que nous ne pouvons occulter, marqua aussi de par sa grandeur l’ensemble de mes condisciples. C’était un après midi de décembre 1961, le 11 du mois exactement. Nous étions dans la cour sud, les flocons de neige s’échouaient sur nos épaules et le drapeau français flottait sur notre tête. Spontanément, retentit du fond de la cour un air que nous connaissions, cet air qui nous a été appris par notre professeur d’EPS, M.Jauffrey, un ancien résistant français, un partisan des causes justes, entre autres celle de l’Algérie. Il aimait notre pays .D’une façon subtile et très pédagogique, il nous expliqua la portée de ce chant et, en bons élèves, nous l’apprîmes très vite.
Cet air, se propagea rapidement à toutes les cordes vocales. Un frisson de bravoure nous traversa le corps, nous nous mimes à chanter tel un seul homme : ‘’Ami, entends-tu le vol noir des corbeaux …’’.

Un jeune camarade âgé à peine de quatorze ans, élève de la classe de 5ème, sortit soudain de son cartable, un emblème vert et blanc floqué de l’étoile et du croissant rouge. C’était le drapeau que créa par un génial coup de crayon, un jour de printemps 1945, un ancien élève du lycée , M.Chawki Mostefaï, notre ainé, celui qui a été l’artisan des négociations désigné par le GPRA en 1962 ; Nous pouvons affirmer que beaucoup de personnes ignorent jusqu’à ce jour qui a été le créateur de notre plus bel emblème.

Ce gamin,- militant déjà à son âge-, était, nous pensons, prédestiné à suivre une carrière politique puisqu’il devint ministre de la République. C’est l’ami de nous tous, celui qui est resté égal à lui-même, plein d’humilité et n’oubliant jamais ses origines très modestes : Attar Abdelmadjid, c’est de lui qu’il s’agit.
Cet emblème, ce magnifique drapeau, c’était le notre, c’était celui de la future République Algérienne… Merci Honorable Ainé Chawki, d’avoir créé le plus bel étendard qui soit. L’histoire retiendra !

Et sur ce chapitre, comment ne pas rendre hommage également à nos ainés* qui nous ont devancé dans le militantisme, et montré la voie de l’amour de l’Algérie, ceux qui ont bravé l’administration du lycée qu’ils fréquentaient, en suivant un mouvement de grève, un certain mardi 8 mai 1945 .Ils étaient au nombre de 17** ; le plus âgé avait 16 ans et était en classe de 1ère.
Ils ont tous été exclus du Collège (car, à l’époque, c’était un collège) ; bien plus, le recteur de l’Académie d’Alger a prononcé la peine de déchéance des bourses qu’ils percevaient. Le comble pour des élèves déjà issus de famille très modeste.
Ces intellectuels, car ils ont pu poursuivre des études supérieures, aujourd’hui octogénaires, nous ont légué quelque chose de magnifique : l’amour de la patrie ;
Après l’indépendance, certains ont occupé de très hautes fonctions étatiques civiles ou militaires, d’autres ont choisi la culture comme expression tels Kateb Yacine et Abdelhamid Benzine, d’autres, ont préféré l’anonymat.
Ces Hommes sont restés aussi modestes et humbles qu’ils ne l’étaient dans leur jeunesse. Quel bel exemple vous nous donnez ! Là, aussi, l’histoire retiendra !
« J’ai eu le grand honneur de rendre visite à un autre Ainé, celui qui a fait d’abord partie de la délégation algérienne aux négociations d’Evian en 1962, qui, ensuite joua un grand rôle dans la médiation algéro iranienne lors de la prise d’otage des américains en Iran en 1980 et qui occupa le premier poste de Gouverneur de la Banque d’Algérie indépendante : Mostefaï Seghir, un autre Mostefaï. J’ai été subjugué tant par son niveau intellectuel et son analyse de la situation générale dans le monde que par sa grande modestie. Il n’a à aucun moment fait référence de son passé glorieux et …pourtant.
Intellectuel et humble sont les deux qualités que j’ai personnellement retenues de ce grand Homme. Encore un bel exemple ! »
Il nous est arrivé mes camarades et moi-même de rendre également visite lors de circonstances joyeuses à un autre illustre ainé, lui aussi, ancien élève, natif de Sétif, joueur du SAS et de l’équipe du lycée, qui fut par la suite ministre de la Jeunesse et des Sports puis de l’Education Nationale. C’était pour nous d’abord, un devoir que de lui rendre visite et ensuite un réel bonheur de revoir cet Homme malgré son âge, alerte, élégant comme aux plus beaux jours, mesuré et disponible. Nous l’écoutions religieusement lorsqu’il nous parle de la révolution algérienne telle qu’il l’a vécue.
Nous aurions aimé rester des heures à l’écouter tant les faits qu’ils rapportent sont émouvants. Simple et dispos, il n’hésite jamais lorsqu’on le convie, à venir assister avec son épouse aux manifestations organisées par l’Association des Anciens Elèves : c’est Abdelkrim Benmahmoud. La modestie fait de lui un personnage hors pair.

Des décennies plus tard, dans le train qui nous menait vers la ville qui nous a vus naître, nous montrions du doigt, comme des gamins, la plaine verdoyante de Mezloug où nous avions passé des moments inoubliables et réalisé notre plus belle opération. C’était par un printemps de 1963, sous la férule de M.Mokrani Md, alors jeune surveillant général, mais combien sympathique ; nous prenions à cœur le plaisir procuré par cette journée : planter le maximum d’arbustes pour revenir ensuite les arroser. Que de bousculades, de rires, de fierté avaient accompagné ce reboisement lequel était ponctué par un repas gargantuesque : du pain, du fromage et deux tranches de cacher .D’aucuns se souviendront de cette journée …Quel régal ! Un record : celui d’un élève originaire de M’sila qui planta 35 arbustes en une matinée. Dommage pour lui, Green Peace n’existait pas !
Aujourd’hui la foret de Mezloug est source de détente indispensable au bien être et à l’équilibre de personnes .Elle attire de plus en plus de familles venant passer d’agréables moments de détente.
Insatiables, fougueux, pleins d’énergie, à la demande de l’Administration, nous nous sommes portés volontaires pour une même opération. Tôt le matin, on quittait le lieu de rassemblement qui était notre lycée et nous effectuions le chemin à pied et, tous en chœur, nous entamions le fameux ‘’sept km à pied, ça use, ça use … ‘’ destination les versants de la cité Bel air qui se prolongeaient jusqu’à Fermatou.
Garçons et filles, nous réalisions, dans la joie et la bonne humeur cette noble et exaltante mission.

Aujourd’hui, nous sommes fiers d’avoir appartenu à cette génération d’élèves bâtisseurs et nous le répétons à nos enfants et petits enfants.
Et comme des gamins, on ne rate pas l’occasion, lors de notre passage dans ces endroits, d’avoir une pointe de nostalgie et une pieuse pensée pour ceux et celles qui nous ont quittés ; Sétif, tu nous as pris dans tes bras et nous t’avons donné notre cœur !

A SUIVRE


Toufik Gasmi

Dans la même rubrique