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Nous étions lycéens (Partie 20)
dimanche 24 novembre 2013, par
DISTRIBUTION DES PRIX
Chaque année à la fin du mois de juin, après la proclamation des résultats du baccalauréat, la cour sud se transforme en un grand rassemblement où les accolades et embrassades sont devenues coutumières d’une année à l’autre.
Une cérémonie solennelle à laquelle participent les autorités de la ville et les parents .Les prix consistaient en des livres et uniquement des livres offerts gracieusement par des entreprises locales ou nationales .Et là nous marquons notre grande considération pour ceux et celles qui nous ont fait aimé la lecture et ce, dés l’entrée en 6ème .Les plus anciens se rappelleront surement la présence du Consul Général de France qui manifestât un grand intérêt et surtout son étonnement de voir pareille cérémonie.
Lorsque le proviseur prononçât son habituelle allocution, nous revoyions nos professeurs, le sourire à lèvres, fiers d’avoir réussi leur année. Le palmarès annuel est éloquent et le mérite leur revient encore une fois.
Nos mères portant soit le Haïk, soit la M’laia étaient là. Elles montraient une certaine fierté de voir les enfants de l’indépendance, portant sous les bras ces livres, symbole de la réussite. Les youyous fusaient de partout.
Qui ne se souvient pas de Yachir Fayçal, ce brillantissime élève qui raflait tous les prix d’excellence ?
Nous avons la nostalgie d’une journée mémorable qui eut lieu à la salle des fêtes de la ville, située prés de Ain Fouara ; mémorable d’abord de par l’objet : la distribution des prix aux lauréats des différentes classes ; ensuite de par la qualité des officiels présents .Quel honneur de voir cette cérémonie être rehaussée par la présence d’un Homme, un visionnaire, celui qui a conquis Sétif et les sétifiens, Sétif qui l’a adopté, celui qui fut le premier Président de l’Assemblée Constituante de l’Algérie : Ferhat Abbas.
Devant une salle archi comble, le micro à la main, les yeux expressifs d’où jaillissait cette flamme d’espoir, il s’adressa à l’assistance sous les youyous des femmes jeunes et moins jeunes, venues voir et peut être avoir la chance de serrer la main de cet Homme .Très pédagogue, il conclût son allocution par cette phrase restée à jamais dans nos mémoires ‘’Vous êtes les Hommes et les Femmes dont l’Algérie indépendante a besoin’’.
Un frisson de fierté nous enveloppa le corps et nous nous sentions galvaudés, à la limite des pleurs, lorsque M. Ferhat Abbas remit le prix d’excellence aux premiers lauréats. C’étaient des livres, des livres qu’on avait plaisir à les lire.
Pour l’histoire, nous avons eu connaissance que plusieurs professeurs du lycée Albertini, alors, étrangers de surcroit, ont cotisé pour acheter et remettre à notre ami B. Atman des prix ; Il faut dire que ce dernier excellait dans toutes les disciplines et nous pouvons affirmer qu’il faisait partie des cinq meilleurs élèves du lycée de tous les temps.
Âtman, tu as été un modèle de modestie et pour cela tu as toute notre admiration !
Nos yeux étaient pleins d’admiration lorsqu’on voyait sortir ces élèves, ceux de la première Algérie indépendante avec leurs nombreux prix sur les bras.
Cinquante ans plus tard, des cheveux grisonnants et des rides en plus, rassemblés autour d’une grande table, nous racontons nos histoires de jeunesse, nous rions de nos aventures passées et parlons de nos souvenirs. Quoi de plus chaleureux que de se retrouver autour d’une table à 20 personnes et même plus !ce sont des moments magiques que seul le lycée peut produire en nous .C’est cela la vraie amitié, celle qui a pris naissance à l’âge de onze ans.
Nous évoquons à chaque fois Lakehal, Nevada, Maiza , Epifanie, Millara , Robreau, Charbonnel ,Nouiouat ,Benallègue … ,des femmes et des hommes qui nous ont appris à grandir. Nous voyons dans les yeux et les sourires de nos amis, la fierté d’avoir été élève du lycée Albertini, aujourd’hui Kérouani et la nostalgie de cette jeunesse sétifienne. Nous voyons aussi dans leur regard une lueur d’espoir. L’espoir que nos enfants et petits enfants puissent raconter un jour en l’espace de quelques paragraphes, les moments de bonheur qu’ils connurent comme élève, l’espoir aussi de revoir, nous anciens , un jour notre lycée, celui que nous avons connu.
Jadis, orgueil de Sétif, ce lycée semblait nous dire, il y a tout juste deux années, lorsque nous nous sommes retrouvés, anciens et anciennes, après quatre, voire cinq décennies d’absence, à la faveur d’une rencontre dans notre établissement : « ON m’a laissé tomber ».
Oui, On l’a laissé tomber :
Notre lycée était en état de délabrement. Nous ne l’avons pas reconnu ; beaucoup de choses ont disparu ou ont été rajoutées : on ne sait pourquoi, On a même mis des faux plafonds dans les préaux, dans les dortoirs, les toilettes dégageaient une odeur nauséabonde… : nous étions à la limite de la révolte. Quelques uns, gagnés par l’émotion ont versé des larmes.
(Le Président de l’Association, lors d’une allocation, devant une salle comble, n’a pu contenir son émotion et a écourté son discours, lorsqu’il devait parler de la situation physique de ce lycée).
Dans notre cellule familiale, nos parents nous ont appris, entre autres, la gratitude. A l’école primaire, cette notion a été complétée par nos instituteurs et institutrices, puis par la suite, le lycée a encré en nous cette vertu .Donc la gratitude, nous la connaissons.
Il était naturel pour nous que de rendre au lycée ce qu’il nous a donné de merveilleux pendant des années. Les camarades lecteurs, approuveront surement.
C’est un devoir !
Mécénats, un groupe d’anciens élèves ont pu persuader les pouvoirs publics afin que les deux lycées puissent être sauvés et donc restaurés.
Et c’est ainsi qu’avec beaucoup de joie et de plaisir, nous constatons jour après jour le travail colossal entrepris par une Entreprise locale dont les responsables sont, comme par hasard d’anciens élèves .Ils y ont mis tout leur savoir faire. Nous leur disons simplement : vous avez été à la hauteur de toutes les espérances .Bravo !
Nul doute que, dans un proche avenir, notre lycée redeviendra, comme aux plus beaux jours, c’est-à-dire celui que nous avions connu et qui nous a vus grandir. Ce jour là nous promettons de rassembler tous les élèves –toutes générations confondues- autour d’un grand couscous au réfectoire comme au bon vieux temps. Et c’est sur cette dernière phrase optimiste et pleine d’espoir que nous achevons ce recueil.
Il aurait été utopique de narrer tous les évènements vécus, ce ne sont là que des fragments d’une vie d’adolescent dans un lycée mythique ;
• **Abdesselam Belaid
• Benmahmoud Mahmoud
• Benzine Abdelhamid
• Cherfaoui Mohamed
• Djemmame Abderezak
• Ferrani Ouamer
• Kateb Yacine
• Keddad Bakhouche
• Khaled Khodja Boualem
• Lameriben Naceredine
• Lamri Abderahmane
• Maiza Md Tahar
• Mostefai Md Séghir
• Taklit Tayeb
• Torche Mohamed
• Yanat Boualem
• Zeriati abdelkader
FIN
Toufik Gasmi