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Cours particuliers, Le temps de l’école parallèle et lucrative

mercredi 24 octobre 2007, , article écrit par N. L. El Watan et publié par La rédaction


Face à la misère et à l’indigence de l’école publique, la société a trouvé un palliatif, l’école parallèle. Pour compenser les imperfections et les insuffisances du système scolaire, rattraper le retard accumulé par leurs enfants durant leur cursus scolaire, les parents ont, depuis quelques années, donné aux cours particuliers le statut d’école qui sauve.

C’est devenu le seul moyen d’aider les enfants en difficulté, de leur permettre de réussir un examen de fin de cycle : 6e, BEM ou baccalauréat. De véritables institutions ont vu le jour à Sétif, et elles ont pignon sur rue. Une bâtisse, quelques bancs, des tableaux et des enseignants qui ont la « baraka » et en avant. Les enseignants doivent être réputés « gagneurs » et bons maîtres. Dès 6 h du matin, les groupes se suivent et ce, jusqu’à 22 h. Maths, physique, sciences naturelles, français, tout y passe, les carences et les insuffisances sont partout. Les élèves de 1ére année du primaire prennent des cours particuliers, comme leurs aînés de terminale. L’école parallèle est institutionnalisée et devient une nécessité. « Mes enfants n’apprennent rien à l’école, les classes sont surchargées et les professeurs ne peuvent s’en occuper au cas par cas. Les cours particuliers les aident à compléter ce qu’ils ont appris à l’école », explique un père de famille qui passe son temps à chercher l’enseignant-miracle pour chacun de ses trois enfants scolarisés. « Certains professeurs fournissent plus d’efforts pour un cours particulier que pour un cours dans son établissement », dira un autre. Les formules sont nombreuses : des groupes de 70 élèves, aux cours, très particuliers, à domicile, les prix varient en fonction du menu, et plus le nombre d’élèves est réduit, plus la facture est salée. « L’enseignant est très mal payé ; il a des enfants, lui aussi. Qu’est-ce qui l’empêcherait d’arrondir ses fins de mois ? Ce n’est pas l’obole qu’on lui donne à chaque fin de mois qui peut l’aider à survivre », diront nombre d’enseignants, pratiquant ou non les cours particuliers. Ces écoles parallèles n’ont rien à envier aux écoles officielles. Leurs alentours connaissent les mêmes attroupements aux heures de pointe. « Les élèves de Gaïd se retrouvent de l’autre côté de la rue pour suivre leurs cours particuliers, et rien ne permet de distinguer leurs destinations », constatent les gens de la rue ». Ce phénomène a permis l’émergence d’une nouvelle classe d’enseignants, des enseignants riches et qui triment dur pour l’être. Si on veut améliorer le niveau de l’école publique, on doit améliorer le statut de l’enseignant et lui restituer sa place dans la société. Ce n’est pas avec la modique somme de 200 DA rétribuée à l’heure supplémentaire que la tutelle mettra un jour terme à ces cours particuliers qui s’apparentent, pour certains, à un commerce comme tous les autres sans registre de commerce, sachant qu’il rapporte gros, aussi bien pour les enseignants que pour les propriétaires de bâtisses louées au prix fort", feront remarquer des gens de tous bords et de tous niveaux.


N. L. El Watan

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