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Patrimoine forestier : Les Babors reviennent à la vie

dimanche 10 février 2008, , article écrit par Leïla Benani, El Watan et publié par La rédaction


Classée parc national en 1921, la forêt n’a bénéficié d’aucune protection. En dépit de ses richesses en faune et flore, ce don de la nature demeure méconnu.

La forêt des Babors, l’une des plus importantes réserves naturelles du pays, qui a été mise en veilleuse des années durant a, au grand bonheur des écologistes, retrouvé sa « nature » et ses visiteurs. Faisant partie du massif de l’Atlas tellien, la forêt des Babors, située à 52 km au nord de Sétif et seulement à 15 km de la mer Méditerranée, est une réserve naturelle d’importance. Elle doit son appellation à la chaîne des monts des Babors, à laquelle elle appartient, abritant le point culminant à 2 004 m d’altitude, un des points les plus hauts du pays. Eu égard à sa richesse et au rôle de la protection et la préservation d’espèces animales et végétales, l’administration française l’a, en 1921, classée parc national. L’arrêté a été promulgué le 12 février 1921, mais les 2 367 ha (superficie de la forêt) n’ont, à aucun moment, bénéficié de la protection voulue. Cette forêt, repartie en quatre cantons (Babors, Djebel Babors, Beni Bezzez et Chaâbat Amalou) et accessible des wilayas de Sétif et Jijel, abrite une végétation exceptionnelle, riche en espèces rares et endémiques. Les études et travaux de recherche notent la présence de pas moins de 416 espèces végétales, dont 23 protégées par la loi, et 8 autres endémiques. Cet espace est le seul en Afrique du nord, en dehors de la forêt du Rif, à abriter le sapin de Numidie (abies numidica). Ce domaine regorge, nous dit-on, d’une diversité de champignons rares, tels que le champignon dit Tricholoma calligatulm, qui est recensé en abondance. La faune y est aussi importante, la réserve est le fief de plusieurs espèces rares. La sittelle kabyle (Sittelle Ledant), découverte par Ledant en 1976, est un oiseau rare ne comptant que quelques couples. Le singe magot (Macaca Sylvanus), le lérot (Elyomys quercinus), la mangouste (Herpestes ichneumon) et la belette (Mustela numidica) sont les autres principaux mammifères des 15 parmis les 47 que compte l’inventaire national. Par ailleurs, l’hydrologie est son autre atout. Le mont Babor est composé de trois bassins versants (Ighil Emda, Erraguène et Beni Haroun) approvisionnant et alimentant, en aval, en eau les barrages d’Ighil Emda de Kherrata (Bejaïa) et Erraguène (Jijel). Le domaine regorge de sources : les neuf situées en aval des versants désaltèrent, avec une eau fraîche, pure et naturelle, les citoyens du coin et enchantent les visiteurs de cet espace touristique redevenu, comme jadis, un havre de paix et un espace de villégiature. Le retour progressif au calme a encouragé la réinstallation de la population qui s’attelle à tout reconstruire. Les différents coins visités respirent la vie. Avant d’atteindre le point le plus bas qui s’élève à 850 m d’altitude, il nous a fallu emprunter un chemin étroit, sinueux et pas du tout carrossable. L’accueil et la fraîcheur qui se dégageaient de ces lieux ont agrémenté une randonnée bénéfique à plus d’un titre. Ce joyau qui est, selon notre guide, l’un des endroits les plus arrosés d’Algérie, déroute autant qu’il fascine. Ce don de la nature, qui demeure inconnu en dépit de sa richesse en faune et flore rarissimes, peut être une destination touristique incontournable et une source d’emplois et de richesse, non seulement pour la wilaya de Sétif, mais pour tout le pays. Après une tournée à Lajouada, Senina, Garselhalla et à travers d’autres contrées où l’on construit, entretient les pâturages, les arbres fruitiers et un bétail composé essentiellement de vaches et de chèvres, la fatigue nous a découragé à atteindre le source d’Aghouassen, située à 1 500 m d’altitude. Avant de prendre congé de ce sol, devenu une terre d’accueil, nous rencontrons un sexagénaire qui connaît très bien la région. Il nous dira : « Cette forêt, qui est un don du ciel, est un éden ». Nassima, une étudiante en biologie qui s’intéresse depuis des années à l’espace ajoutera : « Les Babors, ce sont les Alpes, les Pyrénées et l’Amazonie à la fois. Savez-vous qu’à une certaine altitude la neige dépasse les 3 m et persiste jusqu’à la fin du mois de mai ? La réalisation d’une station de ski redynamisera une si belle et riche région ».


Leïla Benani, El Watan

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