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Saison des mariages : Au-delà de la "Barboucha"

jeudi 6 août 2009, , article écrit par Khalil Hedna et publié par La rédaction


a « Fatiha », les fiançailles, le henné, les bagues de fiançailles, les cadeaux offerts à toutes les circonstances et occasions religieuses : l’Aïd, Achoura, El-Mawlid, sans parler de la fête "El-Arss, de la location de la salle où se déroulera la fête, du voyage de noce, de l’appartement meublé…etc. Bref, toutes cette chaîne de dépenses, devient la raison valable pour qu’un médecin rédige une admission et en urgence au service de psychiatrie du jeune marié.

En effet, à Sétif comme ailleurs, dés que les premières démarches entamées et aussitôt que le prétendant demande la main de l’élue de son cœur ou de sa raison, c’est selon…Un stresse commun s’installe chez les deux familles des mariées, posant d’emblée la condition primordiale et unique, la procuration de sommes faramineuses que parfois même l’on pourrait croire que même le trésor des Incas pourrait ne pas suffire. Ce qui d’ailleurs rend le mariage à Sétif inaccessible pour la majorité des jeunes désirant rompre à jamais le contrat du célibat et braser le nid nuptial. La fille se retrouve de sa part, dans un véritable labyrinthe sans issue, le trousseau et ses dérivées, les fameux "Charb Z’daf" à 25 000 DA, ou encore ces quintaux d’or en forme de "Khelkhal", "Mguayess", "Mhazema" qui donnent le tournis au plus averti des bijoutiers. Celle-ci est astreinte d’emprunter le sentier des ancêtres et qu’elle ne devrait en aucun cas délaisser les us et les traditions. Bref, ceci était dérisoire devant la réalité amère mais évidente quand même, celle de la résidence. Cependant, n’empêche malgré toutes sortes de crise, rien n’arrête les mariages. Car ce sont les mariages qui enfantent d’autres. C’est un cycle éternel.

A ce sujet, les statistiques fournies par les services de l’état civil de Sétif sont fort révélatrices. Pour cette année, et jusqu’au premier Août, 2064 nouveaux couples ont été unis par le lien sacré du mariage, soit une moyenne de 10 mariages célébrés chaque jour. "Depuis le mois de mai, nous sommes contraints d’assister pour unir jusqu’à une centaine de nouveaux couples par semaine", nous confie M. Ahmed, responsable dans ce service. Quant à l’âge des heureux élus et selon un rapport de l’Office National des Statistiques (ONS), les Algériens se marient en moyenne à 33 ans et les Algériennes à 30 ans (l’âge moyen au mariage était à 18 ans pour les filles en 1996). Le recul de l’âge du mariage s’explique aussi par l’amélioration du niveau d’instruction pour la femme. Les femmes instruites attendent également le meilleur "parti" avant de se faire passer la bague au doigt. Concernant l’augmentation des mariages ces dernières années (820 en 2000 contre 2064 en 2009 à Sétif pour la même période), cela s’explique par les différentes aides accordées pour disposer de prêts de consommation, de bien être et surtout d’accès aux logements.

Ce qui justifie le nombre important de carrousels de voitures assaillants tous les jours la rue de Constantine. En effet, une procession de voitures particulièrement envoûtantes pleine à ras-le-bol de filles et de dames accoudées aux portières, les bras tintinnabulants de bijoux, souvent en "plaqué" et superbement maquillées, forment le cortège nuptial dans toutes ses formes. Les jeunes filles quant à elles s’apprêtent volontiers au jeu de la séduction.

C’est l’occasion rêvée de se faire remarquer par les marieuses et les mères des futurs prétendants. Aussi la voiture ornée jusqu’aux pneus, signe d’opulence de son propriétaire est la plus convoitée. Et quand son propriétaire est célibataire, c’est le prince charmant tant cherché.

A l’aller comme au retour, le cortège doit faire le tour de Ain-El-Fouara : ne pas passer par cette mythique fontaine, c’est comme dirait l’autre rater son mariage…

C’est une habitude devenue un rituel à Sétif. En retournant à la maison du marié, le couple rejoint les fêtards.

Ils descendent de la voiture, la main dans la main, sous les flashs des photographes et les youyous stridents des femmes.

Le domicile enregistre alors une effervescence toute particulière et on se retrouve alors autour de l’inévitable couscous sétifien "Barboucha", savamment épicé.


Khalil Hedna

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