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Tribunal spécial pour le Liban : Le tribunal qui voulait les dossiers gynécologiques

mardi 23 novembre 2010, , article écrit par Amar Djerrad et publié par La rédaction


Comment qualifier un tribunal chargé d’enquêter sur l’assassinat de Rafik Hariri, en l’occurrence le TSL, qui cherche à s’acquérir des dossiers médicaux des patientes ainsi que leur N° de Téléphone, dans une clinique gynécologique dans la banlieue sud de Beyrouth ? Les enquêteurs ont visé particulièrement 17 femmes qui ont été admises dans cette clinique en 2003 que fréquentent notamment les femmes et les filles des responsables du Hezbollah.
La gynécologue Imane Chrara a indiqué que « deux hommes … parlant en anglais sont venus me demander des numéros de téléphone de 17 personnes qui se sont rendus dans ma clinique depuis 2003 ». (L’assassinat a eu lieu en 2005). Selon l’AFP des femmes avaient « réussi à s’emparer de la mallette de l’un des enquêteurs » qui ont, en plus, essuyé des insultes.
Que penser lorsque après l’échec de la 1ère enquête, lorsqu’il fallait accuser la Syrie et des généraux libanais, ce même tribunal refuse de s’intéresser aux faux témoins, qui ont fourvoyé la 1ère enquête, qui auraient au moins permis de connaitre les raisons de leurs mensonges et éventuellement ceux qui les ont instruit ? Que dire de ce tribunal qui refuse aussi les indices compromettant Israël révélé par le SG du Hezbollah – un film montrant les surveillances israéliennes de l’itinéraire qu’emprunte Rafik Hariri jusqu’au lieu de son assassinat, les avions de combats israéliens qui ont survolé aussi ce lieu, l’avion ‘Awaks’ qui a survolé au large des côtes libanaises le jour même du meurtre, les aveux d’agents collabos d’Israël surtout celui d’Ahmed Nasrallah qui a été chargé d’envoyer de faux renseignements à Rafik Hariri, la présence sur le lieu du crime de Ghassan al-Jedd la veille du crime - pour ne s’inté !
resser qu’à une seule piste, pour aboutir à une cible bien choisie, avec le soutien des USA, la France mais aussi d’ Israël ? Il y a vraiment de quoi s’inquiéter sur les objectifs cachés de ce TSL !

Les enquêteurs ont déjà obtenus les dossiers des étudiants au Liban dans les universités de 2003 à 2006, les empreintes des 893 libanais, les bases de données des ADN et géographiques (GIS), les listes des personnes abonnées à la société de l’électricité et voilà maintenant qu’ils s’intéressent à un point très délicat qui touche la dignité d’un peuple au point où le SG du Hezbollah a réagi de façon énergique : « Nous avons atteint un point sensible et très dangereux qui touche à notre honneur et amour propre, et cela requiert de nous une position différente » et que « Face à ce comportement scandaleux des enquêteurs (...) nous demandons à tout responsable et tout citoyen libanais à … ne pas coopérer avec eux. Tout ce qui est fourni à ces personnes parvient aux Israéliens. La spoliation, sous le titre d’enquête internationale, ça suffit ! ». Et d’appeler les libanais à « revenir à leur conscience ainsi qu’à leur sens d !
e l’honneur, et à ne pas accepter cet état de fait … »

En effet, quel lien peut-il bien y avoir entre la ‘gynécologie’ de ces femmes et l’enquête sur l’assassinat de Hariri ? Quels « indices ou preuves » peuvent-ils trouver dans ces dossiers gynécologiques qui puissent contribuer à la vérité sur l’assassinat ? On peut déduire ce que l’on veut ! N’est-ce pas absurde et sournois ?
Le TSL a vite condamné cet appel en le qualifiant « tentative délibérée d’entrave à la justice ». Le SG de l’Onu a appelé toutes les parties libanaises « à ne pas s’immiscer dans le travail du tribunal » défendant que « toute ingérence et menace au TSL sera inacceptable »
Samir Geagea, ce président des Forces libanaises connu pour son passé et ses liens avec Israël, ce fantassin des causes oppressives judéo chrétien, ce défenseur acharné du TSL, a qualifié de « très dangereux et de menace » les propos du SG du Hezbollah dans un entretien à la chaîne Saoudienne al-Arabiya.

Au même moment, selon le quotidien libanais al-Akhbar, les Etats-Unis exercent de très fortes pressions sur le procureur D. Bellemare pour publier l’acte d’accusation avant son délai. Jeffrey Feltman, Secrétaire d’État adjoint aux affaires proche-orientales, aurait affirmé « l’acte d’accusation doit être rendu avant même la date d’échéance, parce que le roi d’Arabie saoudite et Saad Hariri, peuvent s’affaiblir et conclure un accord avec les Syriens et les Iraniens. Et l’Arabie saoudite ne doit pas lier le dossier irakien avec le dossier libanais ».
L’envoyé spécial, Terje Roed Larsen que la résistance libanaise qualifie « d’employé d’Israël » conseil « qu’il était urgent de désarmer les groupes comme le Hezbollah. … Et nous savons qu’au Liban il y a des milices qui sont lourdement armées et cela crée une situation hyper dangereuse » ajoutant « Evidemment ces armes ne viennent pas de la lune ».
Rappelons que dans la même semaine Amos Yadlin, ex-chef du renseignement militaire israélien, a annoncé devant des journalistes, lors de la passation de pouvoir, que ses forces ont réussis plusieurs missions avec l’aide de collabos, organisés en réseaux, à contrôler en particulier le secteur des communications du Liban. Sur Rafic Hariri, Yadlin a affirmé que « l’assassinat de Rafic Hariri, nous a permis de lancer divers projets au Liban. La mort de Imad Moughniyeh a ouvert une nouvelle étape dans le conflit avec le Hezbollah. » Selon lui, il reste à bien suivre la scène libanaise « …en particulier après la publication de l’acte d’accusation qui accusera le Hezbollah d’être responsable de l’assassinat de Rafic Hariri…et faire démarrer tous les projets de l’Etat juif après la grande réussite en Irak, le Soudan, le Yémen, et très prochainement au Liban ».

Le journaliste Vincent Nouzille affirme dans son livre intitulé « Dans le secrets des présidents » que 4 jours seulement après l’assassinat de Rafic Hariri, avant même la décision de lancer une enquête, l’ambassadeur des États-Unis au Liban Jeffrey Feltman et l’ambassadeur de la France Bernard Aime ont déclaré que « la République arabe syrienne est le criminel » suivi par Hosni Moubarak confirmant plusieurs fois à Chirac « que l’attentat porte la signature de la Syrie ». C’est de là que la machine d’accusation et de propagande a commencé.
L’auteur précise aussi que l’idée de créer un TSL a été admise au cours de la réunion entre M. Chirac et Condoleezza Rice le 14 Octobre 2005. C’est juste après que Fouad Siniora a demandé à l’ONU de créer le tribunal.

Il est connu que quand un pays renonce à sa souveraineté en confiant son sort, en particulier ses compétences judiciaires, à des puissances étrangère, il ne reste qu’à toucher à l’honneur pour s’emparer du reste ! On est dans la même stratégie qui a avili l’Irak quand même les garde-robes de l’épouse de Saddam ont été violées pour chercher les… armes de destruction massives.


Amar Djerrad

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